Leral.net - S'informer en temps réel

[Reportage]: Camp pénal de Liberté 6, un véritable centre des métiers

Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Avril 2021 à 22:47 | | 0 commentaire(s)|

Le cœur du travail pénitentiaire du Camp Pénal de Liberté bat véritablement à l’endroit appelé « la Cour des métiers ». Et comme son nom l’indique, c’est un vaste espace au milieu duquel se trouve un puit. À l’entrée, à droite, on distingue le poste de police sous l’ombre d’un grand arbre. À gauche, on […]

Le cœur du travail pénitentiaire du Camp Pénal de Liberté bat véritablement à l’endroit appelé « la Cour des métiers ». Et comme son nom l’indique, c’est un vaste espace au milieu duquel se trouve un puit. À l’entrée, à droite, on distingue le poste de police sous l’ombre d’un grand arbre. À gauche, on a le réfectoire pour le personnel pénitentiaire qui jouxte le local dédié aux réparateurs de scooter, de téléphone et de ventilos. Un atelier de tapisserie ainsi qu’une galerie sont sur le même alignement. Au fond, un bâtiment flambant neuf d’un étage, peint en vert et blanc, trône et abrite les ateliers de sérigraphie et d’infographie ainsi que la grande salle de confection.

Dans la « Cour des métiers », l’atmosphère est très détendue, loin de la représentation populaire que l’on se fait généralement des prisons : un maton acariâtre tenant un bâton surveillant et un détenu apeuré. « L’ambiance est merveilleuse. Il y a la discipline et les pensionnaires ont l’amour du travail. Seule la tenue les distingue des agents pénitentiaires. On boit du thé ensemble », lance l’Adjudant Famara Badji, le chef de la cour.

À chaque corps de métier, une couleur de tenue dédiée. Par exemple, les tailleurs comme Ousmane Ndiaye s’habillent en bleu. Ce couturier de profession de 43 ans, condamné à une peine de 2 ans en novembre 2020, parvient à oublier tant soit peu son séjour carcéral grâce au travail pénitentiaire. « C’est un bon passe-temps pour moi. Cela m’aide beaucoup sur le plan psychologique. Le pécule que je gagne est secondaire d’autant plus que ma famille, à l’extérieur, ne m’exige rien », explique-t-il.

Sortir de sa cellule tous les jours pour se consacrer au métier qu’il a toujours exercé, ce rituel quotidien est une sorte de thérapie pour Ibrahima Sagna, en tenue orange. Ce talentueux sculpteur de 46 ans, comme en attestent les fauteuils en charpente de cornes qu’il est en train de finaliser, « s’évade » par le travail. En partageant son savoir-faire avec cinq autres détenus, c’est une manière pour lui de ne pas perdre la main et de se faire en même temps un peu de sous. « Travailler en prison est une grosse opportunité qui ne se refuse pas. Sur le plan mental, c’est très réconfortant pour un prisonnier », dit-il. Souleymane Seck, lui, il ne lui reste qu’un an avant de recouvrer la liberté. Le jeune homme de 28 ans, bien bâti, aura alors fait cinq ans en prison. Chauffeur de son état, son séjour carcéral lui aura permis d’avoir un deuxième métier : boulanger. Il fait partie des 18 pensionnaires du Camp pénal de Liberté 6 qui, chaque jour, fabriquent 6000 baguettes dont une partie est destinée aux autres établissements pénitentiaires de la capitale et l’autre partie exposée dans les rayons de la boutique de la Boulangerie de la réinsertion pour la clientèle civile. « J’ai été condamné en 2017. Un an après, on m’a formé au métier de la boulangerie. Je ne le regrette pas. Ce travail m’éloigne de certaines tentations en prison. En plus, une fois ma peine purgée, j’aurais le choix entre deux métiers », confie-t-il.

Elhadji Ibrahima THIAM



Source : http://lesoleil.sn/reportage-camp-penal-de-liberte...