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Rompre avec les mauvaises habitudes du passé à l'Assemblée nationale. par Amadou Daff*

Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Décembre 2013 à 13:45 | | 0 commentaire(s)|

  Les faits : Mamadou Diop "Decroix" a  été interdit de parole en séance plénière de l'Assemblée nationale le jeudi 19 décembre 2013, pour cause de port de tenue non réglementaire. Ceci a suscité une certaine controverse dans l'opinion. Je voudrai ici donner  ma position sur la question.


Du passé il faut garder ce qui est bon, ce qui est positif, ce qui fait avancer mais il faut aussi avoir le courage d'élaguer ce qui empêche un corps social de respirer convenablement. Le problème de la tenue vestimentaire des députés est de ceux qu'il convient d'évacuer, sinon définitivement, du moins pour une longue période historique.  


De fait, l'histoire de la tenue vestimentaire dans les institutions africaines d'expression française épouse étroitement l'histoire de la décolonisation des esprits marquée par deux écoles principalement. Une école conservatrice hostile à tout changement par rapport aux pratiques de l'époque coloniale. Interdiction de porter des tenues africaines dans les conseils des ministres,  interdiction de les porter dans les assemblées représentatives comme l'Assemblée nationale. Interdiction de parler les langues nationales au conseil des ministre et à l'assemblée nationale, etc. A cette école réactionnaire s'opposa une école  réformatrice préconisant, ne serait-ce que des changements de forme dans la façon d'être et de faire des élites africaines chargées de la gestion des nouveaux états indépendants, de façon que le peuple s'aperçoive que les choses ont tout de même changé. 


Au Sénégal, C'est feu Diaraf DIOUF dit-on, qui a porté pour la première fois la tenue africaine au Conseil des ministres sous Senghor. Le tollé qui s'en est suivi a eu pour conséquence une remise en cause du statut quo. La tenue africaine fut désormais,non pas recommandée mais tolérée au conseil des ministres. A l'Assemblée nationale, Abdoulaye Wade, dit-on, a été le premier à y porter une tenue africaine en 1978 lors de la première législature pluraliste post indépendance.  Là aussi Le tollé fit place rapidement à un changement des mentalités. Plus tard, les langues nationales, appelées à l'époque langues vernaculaires et qui étaient interdites de cité au parlement y firent leur entrée avec Adja Arame Diene et  Socé Niang. 


J'exhorte les députés de la Majorité à ne pas soutenir un combat perdu d'avance. J'ai entendu et lu des compatriotes qui se plaisent à souligner que, du moment que la règle à l'assemblée c'est costume cravate ou tenue africaine, il faut s'en tenir à la règle et ne pas chercher à la remettre en cause. Outre que ce n'est pas prouvé, c'est triste de penser comme cela au 21ème siècle. Mamadou Diop Decroix a  porté ce vendredi 19 décembre une tenue style Nelson Mandela pour se rendre à la place Soweto où il a  été interdit de parole pour tenue indécente. Dans quel camp seraient-ils, ceux-là qui soutiennent cette mesure s'ils étaient en Afrique du Sud du temps de l'apartheid ? Là-bas aussi l'apartheid était une règle que la loi imposait et que Mandela a récusée. Ce qui lui a valu 27 ans de bagne avant de vaincre le monstre de la séparation des races. Ils ne seraient probablement pas du côtè de Mandela. Il est vrai que parmi les africains noirs d'Afrique du Sud,  il y en avait qui soutenait les racistes blancs. 
Vivement les ruptures ! 


Membre du Secrétariat Permanent de And-Jëf
Secretaire national chargé du mouvement social et professionnel
Secrétaire Général de la fédération départementale de Kanel