On a enfin retrouvé Oliver Stone. Il faut remonter loin dans sa filmographie, bien au-delà du dernier et décevant Wall Street: l’argent ne dort jamais, pour tomber sur un film aussi explosif et enthousiasmant. Peut-être U-Turn, certainement Tueurs nés. Avec Savages, le réalisateur américain de 66 ans prouve qu’il peut encore surprendre. Il a cette fois choisi d’adapter le roman éponyme de Don Wislow, qui raconte l’histoire de Chon et Ben: ces deux copains dirigent une petite entreprise qui ne connaît pas la crise puisqu’ils cultivent et vendent de manière tout à fait légale et publique du cannabis. Mais si le gros de leur production est commercialisé à des fins thérapeutiques, une partie est dealée officieusement et remporte un large succès auprès des consommateurs.
Un succès qui ne passe pas inaperçu puisque les signaux de fumée arrivent jusqu’au Mexique et au cartel de Baja, dirigé par la volcanique Elena. Cette Pablo Escobar en jupe et talons veut s’associer avec Chon et Ben mais ces derniers refusent. Pour les faire céder, Elena va alors se servir de O, pour Ophelia, une riche californienne sexy en diable qui forme un ménage à trois avec les deux compères. C’était sans compter sur la capacité de réaction du tandem.
Avec Savages, c’est un véritable thriller que signe Oliver Stone. Violent, tendu, mais aussi sensuel et sulfureux et… comique parfois. Le réalisateur n’hésite pas à faire retomber la tension avec notamment trois personnages qui évoluent sans cesse dans un équilibre délicat entre cruauté et humour. A commencer par Elena, campée par la pétillante Salma Hayek. A la fois mère de famille aimante et redoutable chef de cartel, ses colères explosives prêtent parfois à sourire. Benicio del Toro, parfait en homme de main, offre une certaine distanciation et une sorte d’ironie à un personnage cruel chargé des basses œuvres de sa patronne. John Travolta quant à lui, loin des rumeurs qui empoisonnent sa vie, rappelle quel grand acteur il est avec ce rôle de flic à la fois victime et protecteur.
Mais ces trois-là ne sont que des seconds rôles. Savages est emmené par un trio d’acteurs détonnant. A commencer par la jeune mariée Blake Lively qui, après The Town, fait de plutôt bons choix pour décoller l’étiquette Gossip Girl. Toute en sensualité et en séduction, elle est la pierre angulaire du récit. Sa beauté lumineuse permet de comprendre sans problème les motivations de Chon et Ben pour utiliser la manière forte afin de la sauver. Le caractériel et musculeux Chon est interprété par Taylor Kitsch qui confirme après Battleship et John Carter qu’Hollywood peut compter sur lui. Face à lui, Aaron Taylor-Johnson prête ses traits à Ben, le cerveau et le scientifique de l’histoire. Plus posé et nuancé, il équilibre parfaitement le tandem des héros.
Un casting incroyable au service d’une histoire rafraîchissante, bien que noire et parfois violente, et explosive. Oliver Stone, tout en livrant un film divertissant et haletant, s’attaque à des sujets sensibles comme les cartels de drogue, la légalisation du cannabis et offre au passage une belle histoire d’amour à trois.
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