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Secteur informel, l’habillement face aux caprices du climat : la vente de friperie dans le désarroi

« Chez Baye Modou, une jaquette à 300 FCFA, deux à 500 FCFA. Venez ! Venez ! Je m’en moque du bénéfice ». Cette sempiternelle phrase résonne sans répit dans le mégaphone de Baye Modou.


Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Janvier 2022 à 09:06 | | 0 commentaire(s)|

Secteur informel, l’habillement face aux caprices du climat : la vente de friperie dans le désarroi
Il est midi au marché Colobane, le centre névralgique des négoces et de pacotilles. On y trouve de tout et à gogo. Vendeurs, acheteurs, badauds... chacun s’affaire comme il peut. Sous un soleil de plomb, les marchands ambulants proposent leurs marchandises aux passagers, coincés dans les bus. Les transactions se font dans un tohu-bohu total.

Le mégaphone de Baye Modou continue de rebattre les oreilles. Malgré son offre alléchante, l’affluence n’est pas au rendez-vous. Sauf quelques passants qui jettent parfois des regards désintéressés sur ses jaquettes et pullovers, jonchant à peine sur le passage piéton. De temps en temps, un passant se détourne de son chemin et trie longuement sans en acheter.

« Mais celle-là est trop lourde. Je ne peux plus porter ça en ce moment. Aide-moi à en trouver une autre », dit un client et continue son chemin. D’habitude, à Dakar, la fraîcheur se manifeste dès le début du mois de décembre. Avec le phénomène du réchauffement climatique, elle tarde à s’installer. Chose qui ne fait pas l’affaire des fripiers. « Au mois de décembre, je vendais une jaquette à 1000 FCFA. Les gens se bousculaient pour se la procurer, car la fraîcheur était déjà là », se souvient Baye Modou. Son chiffre d’affaires tournait autour de 45 mille à 50 mille FCFA. Ce qui n’est plus le cas.

« Cela fait maintenant une semaine que je n’arrive pas à écouler une balle », déplore-t-il. A quelques mètres du jeune homme, un autre fripier est assis dans son divan et égrène lentement son chapelet. Il porte un grand boubou dont les manches couvrent à peine ses mains. A la différence de Baye Modou, lui propose des pull-overs pour enfants. « Je suis dans la friperie depuis longtemps. Mais ce que j’ai constaté ces dernières années, m’inquiète beaucoup. On ne sait plus à quoi joue le climat », se demande-t-il.

À l’en croire, le mois de décembre est le début de la période charnière. « Je pouvais vendre deux balles de pull-overs avant midi », se souvient-il. Pour lui, ce retard n’augure rien de bon. Son chiffre d’affaires baisse crescendo. « Je bazarde le prix malgré moi, pour ne pas rentrer bredouille à la maison », dit-il.

Malgré cette alternance brève du climat, ces vendeurs ne désespèrent pas. « La situation peut changer d’un moment à l’autre », espère Modou. En attendant un avenir meilleur, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), continue d’annoncer son bulletin prévisionnel, qui n’arrange pas les fripiers. Ainsi, l’agence a annoncé hier et aujourd’hui qu’un temps ensoleillé prédominera et la chaleur persistera sur l’ensemble du territoire.
Le Témoin