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Sécurité du chef de l’Etat : Wade met en danger le Président

La sécurité présidentielle doit remercier le ciel chaque jour que Dieu fait. Car avec Abdoulaye Wade, l’évidence est loin d’être rigueur. Imprévisible, populiste à souhait, le tempérament de Me Wade et son comportement mettent en danger, à chaque sortie publique, le président de la République.


Rédigé par leral.net le Jeudi 20 Novembre 2008 à 09:35 | | 0 commentaire(s)|

Sécurité du chef de l’Etat : Wade met en danger le Président
Pikine n’a pas failli à sa réputation. Pikine a même honoré sa réputation hier lors de la visite présidentielle. Réputé zone dangereuse, avec des agressions qui y sont légions, Pikine a failli inscrire mardi dernier à son tableau de chasse un trophée de taille : le Président de la République, Me Abdoulaye Wade.

L’information relayée par une partie de la presse d’hier et concernant une agression manquée contre le président la République a fait froid dans le dos. Que ce soit par l’utilisation d’une barre de fer ou d’une corne bien aiguisée, il y a dans cette affaire «une seule constante», c’est la tentative d’agression. Les forces de sécurité n’y ont vu que du feu et il a fallu une intervention in extremis de la garde rapprochée du Président Wade pour le pire soit évité.

Cette affaire remet sur le tapis la lancinante question de la sécurité présidentielle. Et ce qui s’est passé mardi dernier à Pikine était de loin prévisible pour toute personne ayant l’habitude de suivre les sorties du président de la République. Faisant fi de tout protocole et de tout service sécuritaire, Abdoulaye Wade s’en est toujours donné à cœur joie. Au grand dam de son entourage et de l’institution qu’il incarne.

En fait, la première menace contre le président de la République, c’est Abdoulaye Wade lui-même. Et ce, depuis les premières heures de l’alternance. L’écrivain Abdou Latif Coulibaly signale quelques anecdotes du genre dans son ouvrage Un opposant au pouvoir, l’alternance piégée. C’est ainsi qu’il a soutenu qu’au début de son premier mandat, Me Abdoulaye Wade de retour d’un voyage à l’intérieur du pays a demandé à son chauffeur de s’arrêter pour répondre à des femmes qui l’avaient hélé. C’était sur l’axe Dakar-Thiès. Les services de sécurité étaient sur le qui-vive d’autant plus qu’il n’y a eu au préalable aucune reconnaissance topographique des lieux. Mais pour Abdoulaye Wade, ces avis comptent peu, «il est si sûr de lui», confie un de ses proches.

Cette confiance en soi l’amène le plus souvent à piquer une colère noire contre sa garde rapprochée si des personnes tentant de l’approche sont écartées. Un photographe de presse de raconter : «Lors du lancement des nouvelles cartes d’identité numérisées et des cartes d’électeur, le chef de l’Etat devait se déplacer à Ouakam pour son inscription sur les listes. Il y a eu une forte bousculade dans la salle devant abriter l’opération et finalement je tombe en heurtant le Président. D’ailleurs il a un peu chancelé mais il a pris le soin de prendre appui sur une table. Aussitôt sa garde rapprochée s’est jetée sur moi, mais c’est de manière énergique qu’il leur a intimé l’ordre de me laisser en leur soulignant que je ne faisais que mon travail.»

Lors de la dernière campagne présidentielle, le cortège du Président Wade s’est retrouvé à Samine en Casamance. Une zone où la rébellion est très présente. A la tombée de la nuit, le Président n’a pas voulu entendre les recommandations de sa sécurité. Il a tout simplement ouvert le toit de son véhicule et s’est mis debout, haranguant la foule en brandissant le V de la victoire. «Vous vous rendez compte, la visibilité été nulle pour tous ceux qui venaient d’entrer dans la localité et dans cette posture, le Président devenait une cible facile. C’était un jeu d’enfant pour le plus petit amateur de l’atteindre. On a eu chaud ce jour-là», souffle un de ses proches.

De la même manière aussi quand il s’est agit de célébrer la fête de moisson à la Place de l’Indépendance, il a rabroué publiquement les éléments chargés de sa sécurité. Ces derniers se sont vus reprochés d’avoir retenu des personnes qui voulaient s’approcher et saluer le président. Le protocole ne l’ayant pas prévus, ils s’y ont opposé. Ils ont entendu des vertes et des pas mûres de la part de leur «client» de président.

Interpellé sur cette situation, El Hadj Amadou Sall, ministre, porte-parole du président de la République reconnaît que «les éléments de la sécurité présidentielle marchent constamment sur des œufs, car lors des différentes sorties du Président, il n’hésite pas à aller vers les populations». L’argument principal de Wade, selon El Hadj Amadou Sall, c’est que «c’est le peuple qui le protège». C’est la raison pour laquelle, il s’emporte à chaque fois que l’on veuille l’empêcher «d’aller vers son peuple, comme il aime à le dire», précise Me Sall.

Toujours dans le domaine sécuritaire, le porte-parole déclare que «même le fait d’arrêter la circulation quand il se déplace l’irrite au plus haut point. Mais on ne peut déroger à certaines règles sécuritaires et le dernier mot appartient aux forces de sécurité». D’ailleurs, à propos de cortège, on se rappelle qu’il avait essuyé un jet de pierres sur son passage de la part d’un déficient mental. On n’ose imaginer ce que cela aurait été si la circulation n’avait pas été dégagée.

Ainsi cette série d’événements fait que le plus souvent les éléments de la sécurité présidentielle ont les nerfs à fleur de peau quand Wade se retrouve sur le terrain. Car dans ces moments-là, il n’en fait qu’à sa tête.



Auteur: Mamadou BIAYE



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