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Sénégal : Ce qui explique l'overdose de communication sur la menace terroriste - Par Jean-Pierre Mendy


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Juin 2016 à 12:39 | | 0 commentaire(s)|

La fin de l'année 2013, a été marquée, au Sénégal, par une vague d'alertes sur de possibles attaques terroristes venant des services français et américains.
Les pays occidentaux ont ainsi provoqué une forme de psychose dans la société du fait notamment de cette overdose d'informations notée. Tous les médias se sont mis à parler de terrorisme pendant de longues semaines comme si l'attaque allait se passer dans les prochaines minutes.
Une situation qui a été longtemps entretenue jusque'en mai 2016, date de la signature de l'accord de défense entre les Etats-Unis et le Sénégal.
La chronologie des événements est importante à souligner parce qu`elle montre que la psychose pourrait être savamment entretenue uniquement dans le but d'aboutir à cet accord.
Et deux avènements importants nous confortent dans cette thèse.
Le premier, c'est que les Etats-Unis ont cru devoir signer avec le Sénégal un autre partenariat pour le transfert de deux prisonniers de Guantanamo. Un contrat de transfert qui a été largement critiqué par une bonne partie de l'opinion au point de susciter l'énervement du Ministre des Affaire étrangères Mankeur Ndiaye.
Le second événement important qui est loin d'être une coïncidence, c'est qu'un autre rapport des Américains a été curieusement rendu public ce début de juin de cette année 2016 pour faire état des failles des services de sécurité sénégalaise à détecter les menaces terroristes.
Il y est notamment écrit que « La gendarmerie du Sénégal, la police nationale, des douanes, et les organisations nationales de renseignement manquent de capacité à détecter, dissuader et prévenir les actes de terrorisme dans leur propre territoire ».
Une information aussi sensible et qui devrait rester confidentielle et secrète a été publiée le premier par des sites d'information avant d'être relayée par toute la presse sénégalaise.
Ce qui d'ailleurs a suscité la colère du Patron de la Police sénégalaise Oumar Maal pour dire qu'« aucun pays au monde n'a de sécurité fiable à 100%. Donc il peut y avoir des failles, mais nous nous efforçons pour juguler le phénomène du terrorisme que nous n'avons pas connu ».
Si on suit de près toute cette campagne médiatique, il ressort clairement qu'il s'agit d'essayer de justifier la nécessité de la présence américaine sur notre sol.
Cette politique d'information ou de désinformation ressemble fort à ce qui s'est passée avec l'Irak lorsqu'il s'est agi de justifier l'intervention américaine par une poudre blanche présentée comme « arme chimique ».
Plusieurs facteurs contribuent à attirer ces pays vers le Sénégal. Le premier est la stabilité par rapport aux pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire.
Mieux, des gisements de gaz et de pétrole ont été découverts par des sociétés américaines « Kern Energie » et « Kosmos Energie ».
La protection de ces gisements, la récolte d'une part importante de la manne financière en découlant sont des motifs importants de manœuvre pour l'installation des bases qui n'est rien d'autre qu'une tutelle en matière de protection.
Or, le caractère illimité des actions de l'Accord sur la défense et une série de ses positions sur le statut spécial du contingent étranger sont en porte à faux avec les nouvelles dispositions de la Constitution sénégalaise émanant du référendum du 20 mars dernier relativement notamment à la question de la souveraineté.
Pourtant, la base analogue créée par la France dans le cadre de l'accord avec la Cote d'Ivoire n'a sauvé le pays ni du coup d'Etat militaire ni de l'attaque terroriste de Grand Bassam.
C'est dire que la recherche de solution à ces situations doit impérativement émaner de l'Union africaine ou des organismes sous régionaux comme la Cedeao.
La tutelle internationale sécuritaire est une atteinte grave à la souveraineté nationale des Etats comme le nôtre qui ont longtemps souffert de formes d'aliénations graves comme l'esclavage ou la colonisation.

Jean-Pierre Mendy
jeanpierremendy07@gmail.com