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Sénégal : La Presse a-t-elle changé de fonction et d’objectifs ?

« Est-elle un observateur libre ou un acteur du jeu politique ? » Si la radio et la télévision sont les média-roi au Sénégal, la presse écrite se révèle être un acteur et un enjeu du débat démocratique. La propagation du multipartisme sans limite reste accompagnée d’une extraordinaire apparition de journaux. Au Sénégal, l’indépendance de la presse est bien discutable, surtout sur le plan politique où elle est souvent partisane. Et cette liberté de la presse réclamée partout n’est-elle pas simplement un idéal difficile à atteindre ?


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Février 2010 à 12:46 | | 1 commentaire(s)|

Sénégal : La Presse a-t-elle changé de fonction et d’objectifs ?
Quel rôle la presse devra-t-elle jouer ?

Une presse libre est « un pilier essentiel » de toute société démocratique, surtout dans les sociétés qui ont une tradition démocratique moins riche et un appareil judiciaire moins indépendant que ce qui existe par exemple aux États-Unis. La presse peut jouer « une multitude de rôles » dans toute société, qu’il s’agisse d’un rôle de défense d’une cause ou de surveillance, et elle « fournit une plate-forme pour des points de vue divergents ou opposés. Tout cela est essentiel à une démocratie. » Les médias ont aussi un grand rôle à jouer dans le développement. Il est très important qu’à mesure qu’une société discute et détermine la direction à suivre et fait des choix relatifs aux ressources à investir, les médias soient présents pour aider les intervenants à faire connaître leur point de vue et pour organiser des débats sur ces sujets tout à fait vitaux et servent de tribune pour toutes les opinions.

La Presse sénégalaise a-t-elle changé de fonction et d’objectifs ? On est prêt à dire aujourd’hui que la presse est devenue principalement un acteur du jeu politique, au lieu d’être un observateur autonome, c’est-à-dire indépendant des camps politiques en présence. A moins de considérer que l’idéal de la presse d’information a fait place à une presse politique plus libérale que démocratique par son orientation mercantiliste, peu importe par réalisme ou par nécessité eu égard aux transformations de l’offre de presse et du lectorat. -« Le passage de l’Information légitime » au « commentaire tendancieux à la limite du licite » est la marque de fabrique d’une partie notable de la presse (ce qui est permis par la règle de conscience que le journaliste est seul à apprécier au contraire des règles objectives de la profession qui sont codifiées). Le passage de l’ancienne presse à la nouvelle s’effectue au travers d’une translation interprétative : le journaliste rend compte non de ce qui est conforme, mais de ce qui sans être exact, est jugé légitime comme genre rédactionnel, y compris même lorsqu’il se substitue à l’information proprement dite. Cette pseudo dérision qui relève de la caricature au sein d’un journal qui n’est pas satirique équivaut à une information inexacte, i.e. fausse, parce que contraire aux faits. Ce qui est une autre manière de faire fi du droit du public à l’information exacte. Jusqu’ici le credo était que les faits sont sacrés et le commentaire libre, mais de plus en plus l’opinion du journaliste à la recherche d’un scoop ou d’un contrat sur tel ou tel acteur du jeu public, prend le dessus sur les déontologies et les droits du public. S’agit-il d’une simple variance à l’intérieur de l’offre de presse ou d’un passage de la presse d’information à la presse d’interprétation, où la prise de position du rédacteur et/ou de son organe substitue régulièrement une cohérence toute artificielle aux faits objectifs qui sont à la base de la profession : l’objectivité, la rigueur, l’éthique… C’est ainsi que l’ « interprétation libre », qui est la réfutation même du commentaire libre - qui suppose l’information objective d’abord avant tout commentaire – tend à devenir la matière principale de la plupart des journaux, à de rares exceptions. Qu’il s’agisse d’une adaptation chaotique à un nouveau lectorat ou de l’expression de la crise de mutation qui est à l’œuvre dans cette profession, un constat est récurrent : les acteurs politiques classiques ont perdu le monopole du détournement volontaire du sens qu’ils partagent désormais avec les organes de presse. Fait qui à son tour, annonce un glissement majeur dans la nature de la presse et dans la fonction du journalisme, gros de toutes les dérives : Violence des titres, sensationnel en permanence, accusations, insinuations, formules tapageuses, etc. en lieu et place des attentes légitimes des publics et des usagers. Si donc il y avait un danger politique, dès lors que le public n’est plus informé, mais orienté par la manipulation issue du détournement de sens, il va de soi que la presse ainsi transformée en arme, devient une gâchette prête à l’usage selon les contrats et les alliances. A moins de considérer qu’il existe des valeurs nouvelles opposables aux anciennes : l’affairisme de presse, l’incivisme, l’insolence, l’impertinence, la crise de la presse d’information n’a pas été remplacée avantageusement par celle de l’interprétation libre. Dans ces conditions, l’attitude de l’opinion et des pôles de production de savoir n’est pas de flatter la presse, mais de dévoiler son caractère de pouvoir déformant et aliénant par le fait des affairistes ou des mutations internes au groupe formé par les journalistes, peu importe à cause de l’affaiblissement de la formation des professionnels ou de la substitution de l’intérêt de type capitalistique et égoïste ou libéral, au sacerdoce d’une profession à laquelle la démocratie doit tant au Sénégal et dans le monde.

Les médias contribuent au débat démocratique !

Les médias, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de diffusion de l’information, sont un moyen d’expression essentiel pour les acteurs démocratiques et jouent un grand rôle dans la formation de l’opinion publique. Ils peuvent aussi constituer un moyen de contestation, c’est ce qui explique que les premiers textes démocratiques aient consacré sa liberté. Notons aussi qu au cours du XXe siècle, ce ne sont plus les seuls journaux, mais la télévision, le cinéma, la radio participent au débat démocratique. Au XXIe siècle, le développement d’Internet permet aussi la diffusion des idées démocratiques. Les nouvelles technologies incitent les organes démocratiques à modifier leur manière de travailler, en rapprochant la classe politique et les citoyens. Les médias complètent ici les vecteurs traditionnels de la démocratie en inventant de nouvelles formes d’information ou d’expression. De même, ils se sont démocratisés parallèlement aux progrès de la démocratie. Leur accès est bon marché, aisé, équitable sur tout le territoire. Parfois courroies de transmission entre le pouvoir et le peuple, leur pluralisme aide au fonctionnement de la démocratie, dont il est une condition essentielle.

Mais par la même, peuvent représenter un danger pour la démocratie ! Si en démocratie, il est nécessaire de proscrire tout secret, faut-il pour autant tout porter à la connaissance du public. Il convient toutefois d’être attentif à la violation de l’intimité. Tout gouvernement a besoin d’une certaine part de secret au moins dans la préparation des décisions ou s’agissant des affaires internationales. En revanche, la démocratie exige la transparence absolue après-coup. Force est aussi de noter que les médias ne sont pas égaux : La télévision, média de masse, touchant des citoyens le plus souvent passifs, est accusée de simplifier les débats et de « faire » l’opinion, alors que la course à l’audience laisse peu de place au débat démocratique. Sensibles aux échos des médias, les hommes politiques sont accusés de façonner leur discours, non pas selon leurs convictions, mais selon l’état de l’opinion ou selon la vision des médias. Le débat d’idées et la démocratie de terrain céderaient alors le pas à la mainmise de la télévision sur les campagnes électorales. Notons enfin que pour lutter contre l’effet déformant des médias, le rôle de l’éducation est primordial, en permettant de comprendre les messages.

Toute liberté de la presse a une restriction !

L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » De même, à l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dit : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Notons toutefois que, Si la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ne spécifie pas davantage de conditions particulières ni restrictions à cette liberté d’expression, cependant, un certain nombre de juridictions, sous l’égide des Nations unies et des pays y adhérant restreignent toutefois cette liberté en interdisant les propos incitant à la haine raciale, nationale ou religieuse et relevant de l’appel au meurtre qui sont des délits interdits par la loi. Cependant, La liberté d’expression connaît certaines restrictions qui doivent être expressément fixées par la loi et qui sont jugées nécessaires au respect des droits et de la réputation d’autrui : pour des raisons sécuritaires (exemple : répression de l’incitation à commettre des crimes ou délits ; pour protéger le droit des individus : répression de l’insulte publique et de la diffamation. lutte contre les discriminations raciales et le négationnisme ; protection de l’enfance, défense de droits de propriété intellectuelle.

La liberté de la presse est un mot vain ! On pourrait faire remarquer que chacun est libre d’exprimer son opinion par la voie des journaux. La liberté de la presse est proclamée à grand fracas dans tous les pays démocratiques, comme un des plus beaux fleurons de leur couronne. C’est encore une bonne plaisanterie. Les journaux sont la propriété d’une catégorie d’individu qui leur impose une ligne de conduite et ne leur permet pas de s’en écarter. Certains sont inféodés à un parti politique et n’insèrent que des articles conformes à la doctrine de ce parti. La liberté de la presse est un vain mot, qui ne saurait plus tromper personne. Néanmoins, on en parle cependant comme si elle existait vraiment. L’homme aime à se faire des illusions, même quand il sait ce que valent ces illusions. La liberté de la presse n’existe pas. Ce qui existe, c’est la liberté de fonder des journaux. Distinction d’importance. Il ne reste donc plus au citoyen indépendant, s’il veut se faire entendre, qu’à créer un journal à lui. Mais cette liberté est dérisoire a une époque où la fondation d’un journal exige des capitaux considérables, et quand on sait qu’un journal ne peut vivre qu’avec l’aide d’une abondante publicité commerciale. Il suffit que cette publicité lui échappe, pour que le journal soit frappé de mort peu de temps après sa naissance. Et même si cette revue arrive à exister sans publicité, on la harcèle judiciairement. Lorsque cette revue n’a plus les moyen de payer, elle disparaît. En conclusion nous disons que sérénité et clairvoyance doivent être les maîtres mots qui doivent animer les différents acteurs de la communication. Il s’agit d’ordonner le débat et le rôle des intellectuels sera d’en clarifier les termes. En définitive, ce que nous voulons encore une fois, c’est questionner la fonction, le rôle et la mission de la presse : sensibiliser, informer, avertir etc. Il y a donc lieu de rectifier le tir pour éviter d’escamoter le débat de société qui jouxte la controverse politique destinée sans doute à lui faire obstacle. Ainsi, je lance un appel aux professionnels de la presse, aux organes de régulation et de contrôle, et surtout à l’Etat de s’associer afin de booster l’émergence d’une presse responsable et professionnelle. Que cette presse encore appelée quatrième pouvoir ne soit pas un déstabilisateur, qu’il soit un éclaireur, qu’il déclanche l’alarme quand ça ne va pas. Nous devrions refuser la presse partisane, partisane des hommes et non des idées, une presse pour informer et non tordre la main, nous disons non à une presse de chantage et de calomnie et nous disons non aussi à un Etat policier, qui veut museler la presse. Au nom d’une presse professionnelle et comme toutes les profession de ce monde on a besoin d’une règlementation assez stricte et respectée ou la déontologie aura toute sa place.

Serigne Samba Ndiaye : Enseignant, Chercheur, web www.ferloo.com

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1.Posté par SO le 09/02/2010 01:57 | Alerter
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Bonne reflection mais je crois qu'il faut tirer le chapeau à la presse senegalaise qui se débrouille bien malgré le fait qu'elle n'est soutenue ni par l'etat ni par les citoyens qui ne font que critiquer alors qu'ils ignorent tous les sacrifices consentis par les patrons de presse et les journalistes.
Je crois qu'une presse peut etre libre efficace et pertinente tout en etant partisan.
Tout ce qu'il faut avouer c'est d'assumer son appartenance et oser defendre sa partie objectivement meme si on peut s'abstenir de la critiquer.
Ce qui est malhonete c d'etre partisan et de jouer aux inocents ceci c rien d'autre que de la masturbation intelectuel.
puisque la presse travaille pour tout le peuple c de la responsabilité de l'etat d'aider cette presse sans partie prie maintenant c au lecteurs auditeurs et téléspectateur à désigner le meilleur de cette presse et se travail doit etre précédé par une formation de ce peuple par cette meme presse.
Je crois que ce travail est entrain d'etre fait et bientot le peuple sera en phasz avec cette presse

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