leral.net | S'informer en temps réel

Senegal : Les victimes des mines ont besoin d'opportunités, pas de charité

ZIGUINCHOR, 18 septembre 2009 (IRIN) - Ce club ne veut plus accueillir de nouveaux membres : l'un des principaux objectifs de l'Association sénégalaise des victimes des mines (ASVM) est de faire en sorte que le nombre de ses adhérents n'augmente pas.
Source: United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs - Integrated Regional Information Networks (IRIN)


Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Septembre 2009 à 16:04 | | 0 commentaire(s)|

Senegal : Les victimes des mines ont besoin d'opportunités, pas de charité
C'est à cette fin que ses membres parcourent la Casamance, dans le sud du Sénégal, en informant les habitants sur les dangers que représentent les mines.

« Dans beaucoup de régions, les risques des mines terrestres sont encore présents », a dit à IRIN Bacary Diédhiou, président de l'ASVM. « Et nous, qui avons survécu à des accidents de mines, nous sommes bien placés pour parler aux habitants du danger potentiel ».

On estime qu'au moins 93 villages et plus de 70 kilomètres de routes et de sentiers sont contaminés par des mines antipersonnel ou des munitions non-explosées - une des conséquences du conflit armé qui sévit en Casamance depuis 1982. Le Centre National d'Action Antimines (CNAMS), un organisme gouvernemental, a enregistré 748 victimes d'accidents de mines, dont 586 ont survécu, depuis les années 1990 - 52 depuis 2005 ; mais les experts affirment que le nombre réel de victimes est probablement plus élevé.

En plus d'informer les communautés sur les mines, l'ASVM défend les intérêts des survivants d'accidents de mines, et apporte un soutien à ces victimes ainsi qu'à leurs familles.

Dynamique internationale

La Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL) - une coalition d'organisations non gouvernementales (ONG) - a récemment appelé les signataires du Traité d'interdiction des mines à renforcer leur action d'aide aux victimes, comme ils s'y étaient engagés par le Traité. L'ICBL observe les avancées des différents pays, alors que se rapproche la deuxième conférence chargée de l'examen du Traité - entré en vigueur en 1999 -, qui se tiendra en novembre à Carthagène, en Colombie.

« Nous souhaitons que les Etats qui se rendront à Carthagène soient prêts à réaffirmer leur ferme détermination à rester fidèles aux objectifs humanitaires du Traité d'interdiction des mines », a déclaré l'ICBL dans un communiqué daté du 15 septembre.

Dans cette déclaration, l'ICBL observe qu'elle entend souvent que le contexte financier et politique actuel n'est pas propice à des engagements à long terme en matière de lutte antimines. « Si la conjoncture exerce une pression sur les budgets nationaux, que dire de la pression permanente que subissent ceux pour qui la survie au jour le jour est déjà un défi en soi ? »

Seyni Diop, directeur de l'éducation et de l'aide aux victimes du CNAMS, a indiqué que le centre soutenait l'ASVM et avait accordé des fonds à un hôpital local et à un centre orthopédique, pour financer l'aide aux victimes ; il a en outre affirmé que le CNAMS continuerait à apporter un soutien financier aux survivants. Le centre aide également les ONG à rechercher des financements pour leurs opérations de déminage, de sensibilisation et d'aide aux victimes, a-t-il dit.

Boubine Touré, représentant de l'ICBL au Sénégal, a dit à IRIN que le gouvernement n'avait pas respecté ses engagements envers les victimes, ajoutant que l'Etat sénégalais devrait être le principal bailleur de fonds de la lutte antimines. « Le gouvernement doit arrêter d'attendre que les donateurs extérieurs assistent les victimes des mines. Il doit commencer par apporter sa propre contribution financière ; c'est une obligation ».

Autosuffisance

Pour les membres de l'ASVM, l'aide ne se résume par aux soins médicaux et au conseil, mais comprend aussi l'éducation, la formation professionnelle et l'assistance agricole. L'objectif poursuivi doit être l'autosuffisance, ont expliqué à IRIN des membres de l'association.

« Il ne s'agit pas de se contenter de faire des dons aux victimes », a déclaré Mamady Gassama, membre de l'ASVM. « Il faut les aider à devenir autosuffisants. L'aide extérieure ne durera pas toujours ».

Un des projets de l'ASVM est de réussir à mettre un terrain de 30 hectares, au sud de Ziguinchor, la ville principale de la Casamance, à disposition des victimes des mines et des résidents locaux, pour des activités de maraîchage, d'élevage et d'autres travaux agricoles.

« Ce n'est pas parce que quelqu'un a été blessé par une mine qu'il ne peut pas être productif et participer au développement du pays », a dit M. Diédhiou, de l'ASVM.

Pour Gassama, un étudiant qui a survécu à un accident de mine, ce n'est pas la blessure en elle-même qui constitue un handicap - c'est plutôt le manque d'accès aux moyens de subsistance et à tout ce qui permet d'améliorer sa propre vie ainsi que celle de sa famille et de sa communauté.

« Tout le monde a, d'une manière ou d'une autre, un 'handicap' par rapport à quelqu'un d'autre ; ce qui compte, c'est que chacun ait la possibilité de travailler et d'améliorer ses conditions de vie ».

D'après lui, le soutien du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a été un facteur déterminant pour la poursuite de ses études, comme cela a également été le cas pour d'autres survivants.

Christina de Bruin, responsable de l'UNICEF en Casamance, a dit à IRIN qu'au fil des années, l'ASVM, en partenariat avec l'UNICEF, avait aidé les jeunes survivants d'accidents de mines à aller à l'école et à jouer un rôle actif dans la société.

« C'est important que les survivants puissent participer activement à tous les aspects de la vie de la famille, de l'école, et de la communauté ».

D'après Gassama, les membres de l'ASVM ont pris part à des discussions concernant un nouveau plan d'action pour 2009-2014, que le Sénégal - en tant que signataire du Traité d'interdiction des mines - doit présenter à la conférence de novembre. « Nous devons faire entendre notre voix dans ce processus. Personne ne connaît nos priorités mieux que nous ».

np/aj/il/ail A selection of IRIN reports are posted on ReliefWeb. Find more IRIN news and analysis at http://www.irinnews.org

Une sélection d'articles d'IRIN sont publiés sur ReliefWeb. Trouvez d'autres articles et analyses d'IRIN sur http://www.irinnews.org

This article does not necessarily reflect the views of the United Nations or its agencies. Refer to the IRIN copyright page for conditions of use.

Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies. Voir IRIN droits d'auteur pour les conditions d'utilisation.

leral .net