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Sénégal-médias : trop de liberté tue aussi la liberté !

Tout métier est encadré pour l’essentiel par des règles pour son bon fonctionnement et la protection de ses pratiquants. Et les règles ne sont pas juste relatives à un bon salaire et de bonnes conditions de travail mais elles sont établies aussi pour une protection morale. Voilà pourquoi on parle d’éthique et de déontologie. On l’attend beaucoup avec le travail du journaliste mais il en est de même pour tous les métiers. C’est un ensemble de règles et de pratiques à respecter dans le cadre d’une profession.


Rédigé par leral.net le Vendredi 16 Avril 2010 à 18:07 | | 0 commentaire(s)|

Sénégal-médias : trop de liberté tue aussi la liberté !
Ce jeudi en compagnie de la Gouverneure Générale du Canada au Sénégal, le Président Wade annonce qu’il a dépénalisé les délits de presse. Ce n’est pas encore le cas mais il faut bien dire que son effectivité ne doit pas changer grand-chose dans la pratique. Pour le moment seul le journaliste Abdou Latif Coulibaly dit ouvertement qu’il n’est pas pour la dépénalisation car y’a pas de raison de favoriser des citoyens par rapport à d’autres devant la loi. Ce qui est bien compréhensible. En plus s’il s’agit de remplacer le délit pénal par le délit pécuniaire, il y’a un risque d’étouffer la presse, ce qui est parfois le cas présentement avec le respect difficile du payement des impôts et autres taxes au-delà des dépenses de fonctionnement et des cotisations sociales. Des armes que les gouvernants peuvent même utiliser comme une épée de Damoclès sur la tête des patrons de presse. Au fait, les inspecteurs ont-ils visité les maisons de presse comme promis par le Premier Ministre ?
Est-ce que présentement au Sénégal, un journaliste peut avoir des craintes pour un jour faire un tour en prison ? Je ne pense pas, il y’a pas de mal de se retrouver en prison pour avoir fait correctement son travail. De même comme tous les citoyens sont égaux devant la loi, il faut éviter de chercher des privilégies pour une quelconque corporation. Si on fait une faute relativement à la loi, on doit payer. Le doyen Babacar Touré nous le rappelait lors de l’inauguration des nouveaux locaux de groupe Walfadrji : « quand la presse met en cause, de manière injustifiée la dignité et la respectabilité de citoyens, elle se doit de réparer les blessures morales résultant de cette mise en cause. Cette protection du citoyen est légitime dans nos sociétés démocratiques. D’autre part, ce qui a été conçu pour protéger les honnêtes citoyens a parfois été détourné pour ériger un mur de silence autour d’agissements et de comportements sujets à caution ».

Tous les projets du gouvernement comme la maison de la presse en chantier, l’augmentation de l’aide à la presse, l’idée de création d’un fond d’aide à la presse, devront donner un autre visage à la presse au Sénégal et c’est loin plus important qu’une dépénalisation des délits de presse. Le code en soit est très important sur des sujets comme le statut du journaliste, l’assainissement de la profession, la prise en charge des nouveaux médias…

Le reste est une question de responsabilité individuelle et l’Etat est le garant du respect de toutes les lois. Une exploitation de politique politicienne ou de calcul électoraliste ne doivent pas guider la concrétisation de ces projets. C’est une question de devenir, de démocratie. Les autorités actuelles ont la chance de pouvoir jouer une grande partition dans cette évolution. L’histoire retiendra !

NDIAGA DIOUF. Journaliste

ndiagadiouf2005@yahoo.fr

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