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Serigne Bassirou Guèye à Khalifa Sall : « Je suis l’avocat de la société, du dakarois lambda qui n’a pas participé au partage du gâteau »


Rédigé par leral.net le Samedi 17 Février 2018 à 09:18 | | 0 commentaire(s)|

7 ans d’emprisonnement ferme, et une amende de 5, 490 milliards de CFCA. C'est cette lourde peine que le Procureur Serigne Bassirou Guèye a requis contre le maire de Dakar, Khalifa Sall et son Directeur administratif et Financier, Mbaye Touré pour association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, escroquerie portant sur les deniers publics, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture administratif et complicité de faux en écriture de commerce.

Prenant la parole hier vendredi dans l’après-midi, Serigne Bassirou Guèye n’a pas mâché ses mots contre Khalifa Sall et Mbaye Touré. Pendant plus de trois tours d’horloge, il n’a pas été avare en mots, usant parfois de l’ironie et des moqueries. «Le simple fait de commettre du faux est passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans à sept ans ferme. Ce n’est pas moi qui l’a dit, c’est la loi. Je suis l’avocat de la société, du dakarois lambda, qui n’a pas participé au partage du gâteau », sert-il.

Parlant des faits, il soutient que le détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur les deniers publics et de blanchiment de capitaux sont établis contre Khalifa Sall et Mbaye Touré. Du moment où, souligne-t-il ce sont les fausses factures de livraison de riz et de mil du Gie Keur TABBAR, qui ont permis à Mbaye Touré de pouvoir décaisser chaque mois 30 millions de FCFA au niveau des deux percepteurs.

« Le faux est délit original. Il y a aussi association de malfaiteurs car le comptable Yaya Bodian a reconnu avoir établi et signé les factures sur instruction de MbayeTouré. Amadou Moctar Diop, Ibrahima Yatma Diaw et Mbaye Touré ont reconnu eux aussi avoir signé les fausses procès-verbaux de réception des denrées alimentaires qui étaient visés par le maire », rappelle Serigne Bassirou Guèye.

Et d’après le maitre des poursuites, avec ce modus operandi bien orchestré par Mbaye Touré et Khalifa Sall, les fonds de la caisse servaient à faire le bamboula faisant allusion au témoignage du maire de Parcelles Assainies Moussa Sy. « J’ai géré des fonds politiques qui ont toujours servi les dakarois et dakaroises qui souffraient du cancer de l’hémodialyse. Alors qu’on a entendu Moussa Sy dire que les fonds ont servis à payer des billets de Bercy chaque année et lui-même, les fonds l’ont appuyé pour l’organisation de ses manifestations politiques. Où est ce dakarois qui s’est soigné avec les fonds. Au contraire, c’était pour aller financer des tams-tams pour que les gens dansent ! », a-t-il ironisé.

L’ancien maire Mamadou Diop est remonté depuis les temps immémoriaux en invoquant les Soundjata Keita, Senghor… pour démontrer l’existence de fonds politiques au Sénégal.

Poursuivant son argumentaire, Serigne Bassirou Guèye estime que tout ce que la défense a produit comme témoins, a été à son désavantage. Car d’après lui, il n’y a pas de fonds politiques dans la nomenclature budgétaire de la ville de Dakar.

« Et la preuve, lorsque l’ancien maire Mamadou Diop est remonté depuis les temps immémoriaux en évoquant les Soundjata, Senghor… pour demontrer l’existence de fonds politiques au Sénégal, lorsque je lui ai posé la question à savoir est ce qu’il utilisait des fausses factures pour le justifier, ça l’a irrité avant qu’il me rétorque qu’on ne justifie pas les fonds politiques.

Et presque tous les témoins qui sont passés devant cette barre pour dire qu’ils ont bénéficié des fonds, ce sont des parents, des conseillers municipaux. Ce qui est très suspect. On a détourné et blanchi l’argent des dakarois pour aller équiper des mosquées en panneaux solaires ou payer des billets de Mecque.

Après on reste là à faire de l’histoir,e en remontant jusqu’à 1920 pour justifier qu’on a géré des fonds politiques. Ou bien on dit que le procès est politique, raison pour laquelle la caisse d’avance a été supprimée après le passage de l’IGE à la mairie, car j’ai décliné une offre politique. Qui va le croire !

Un président ne va jamais supprimer une caisse d’avance qui a servi à nourrir des démunis ou à soigner des cancéreux et des insuffisances rénaux. On a tout inventé ici. On est allé même jusqu’à assimiler les fonds de la caisse aux fonds politiques d’Omar Boun Khatab alors qu’on ne comprend même pas l’arabe ! Ici c’est la loi qui règne, mais pas les hommes
», explique-t-il.

C’est suite à ce long réquisitoire que le représentant du ministère public a sollicité 7 ans d’emprisonnement ferme contre Khalifa Sall et Mbaye Touré et à payer solidairement, une amende de 5, 490 milliards de nos francs.

Pour le comptable Yaya Bodian, et le chef de la division administrative et financière Amadou Moctar Diop, il a requis 5 ans ferme contre eux pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écriture de commerce, complicité de détournement de deniers publics, complicité d’escroquerie et complicité de blanchiment de capitaux.

Quant à la dame Fatou Traoré, il a demandé 2 deux ans d’emprisonnement dont un an ferme contre elle pour complicité de faux en écriture de commerce. Avant de solliciter la relaxe des deux percepteurs Mamadou Omar Bocoum et Ibrahima Touré car dit-il, il n’a pas suffisamment de preuves quant à leur culpabilité.

La défense va tenter de déconstruire ce réquisitoire lors de sa plaidoirie prévu lundi, mardi et mercredi prochain.




Kady FATY, Leral.net