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Seydi Gassama, Amnesty Internatinal/Sénégal : «Aucun Etat n’aime être accusé de torture, malheureusement, elle existe au Sénégal»

Inutile de se voiler la face. Le recours à la torture est bien une réalité chez nous. Même si aucun pays n’aime être accusé de torture, mais la pratique existe au Sénégal. Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal en est convaincu. Pis, c’est devenu un fait récurrent que des détenus dénoncent de telles pratiques dans les lieux de privation de liberté.


Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Mars 2021 à 08:43 | | 0 commentaire(s)|

Seydi Gassama, Amnesty Internatinal/Sénégal : «Aucun Etat n’aime être accusé de torture, malheureusement, elle existe au Sénégal»
Le défenseur des droits humains qui dénonce et pointe du doigt l’Etat qui n’ouvre pas d’enquêtes sur ces allégations, revient sur ce qui expliquerait la tendance à recourir à cette pratique pourtant interdite en toute circonstance et comment y mettre un terme.

« Je veux d’abord dire que la torture est interdite en toute circonstance. Un Etat ne peut absolument évoquer aucune circonstance, même une circonstance exceptionnelle, pour soumettre une personne à la torture. Ça ce sont des obligations qui encombrent à tous les États qui ont signé et ratifié (donc des États parties à) la Convention des Nation unies contre la torture… Donc un aveu obtenu après une torture, ne peut être utilisé pour juger et condamner quelqu’un devant un tribunal. Une autre exigence, c’est qu’à chaque fois qu’il y a une torture, le parquet est tenu d’ouvrir une enquête sérieuse pour faire la lumière sur ces allégations-là. Or ce qui s’est passé pendant ces périodes, a été quand-même inquiétant, surtout à Diaobé.

À Diaobé, nous avons un groupe de jeunes qui, à la suite de l’incendie de la Brigade de la ville, ont été convoqués à Vélingara et ont décrit, dans des détails près, la manière dont ils ont étés torturés par des gendarmes de Vélingara. Une situation extrêmement grave. Nous pensons aujourd’hui, que l’Etat du Sénégal est tenu d’ouvrir une enquête sur la situation de ces jeunes de Diaobé. Le Procureur de Kolda n’a pas à attendre que les jeunes de Kolda viennent porter plainte, ils ont fait des allégations publiques à la presse. Ils doivent s'autosaisir, ouvrir une enquête et faire la lumière sur ces allégations-là. Nous avons demandé aux jeunes de chercher des certificats médicaux, on ne sait pas s’ils l’ont fait, mais en tout cas, d’aller voir un médecin. Mais, même sans certificats médicaux, au vu de ce qu’on a vu dans la presse et que ces jeunes lui ont dit, le Procureur de Kolda est tenu d’ouvrir une enquête sérieuse pour faire la lumière et poursuivre les gendarmes qui ont commis ces actes, si ces actes sont avérés. On a également entendu un activiste comme «Thiat» de «Keur-gui» dire combien il a été giflé ; il a avoué avoir subi de mauvais traitements pendant son arrestation.

Aucun pays n’aime être accusé de torture. Mais, malheureusement, la torture, elle existe au Sénégal, comme elle existe dans tout les autres pays. Il ne s’agit pas de nier ; il s’agit pour l’Etat de s’engager à mettre fin à cette pratique illégal, une pratique honteuse, une pratique dont aucun Etat au monde n’aimerait être accusé et qui, malheureusement, persiste dans notre pays. À chacun fois qu’il y a des situations où la Gendarmerie doit coûte que coûte trouver un coupable, où la Police doit coûte que coûte trouver un coupable, on a évidemment des cas de torture.

C’était évidemment le cas des jeunes de Colobane qui étaient accusés d'avoir tué le policiers Fodé Ndiaye. Ils ont étés torturés. Fort heureusement, à un appel, le juge a annulé leur condamnation parce que tout simplement les aveux qu’ils avaient donnés, étaient l’histoire de torture.

Ici aussi (à Dioabé, ndlr), parce qu’une brigade a été brûlée, parce que des armes ont été volées, il faut tout faire tout pour retrouver ces armes. Et c’est cela qui a conduit à cette situation de torture à laquelle on fait cas aujourd’hui à Diaobé
».





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