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Si la honte pouvait tuer

Si la honte pouvait tuer dans cette supercherie de république du Sénégal, sur 12 millions d'habitants, j'ai peur que seul quelque 10 mille ne survive. Car dans ce pays que tant se vantent de chérir, les valeurs qui devraient autoriser à vivre sont portées disparues.


Rédigé par leral.net le Lundi 24 Octobre 2011 à 07:54 | | 0 commentaire(s)|

Valeur... voilà un de ces mots qui sonne de plus en plus creux et dont l'utilisation abusivement biaisée, foncièrement manipulatrice, rend chacun de nous responsable de cette plaie béante ancrée en plein milieu du poumon gauche de notre démocratie médiocre.

Si la honte et la mauvaise conscience pouvaient tuer dans ce Sénégal, les détracteurs de Mamadou Dia n'auraient pas vécu 95 ans, les assassins de Me Babacar Seye encore moins.
Ceux qui ont martelé Talla Sylla de coups se seraient pendus juste à coté des commanditaires de cet acte répugnant.
Ne parlons même pas de ceux qui ont ôté le souffle à Malick Bâ, crime resté impuni.

Si la honte pouvait tuer dans ce pays à la face démocratique ridée (pour ne pas dire la façade fissurée) les fils de l'impérialisme, les nouveaux colons, les nouveaux maîtres n'auraient pas enfermé derrière les barreaux de la peur : Malick Noël Seck.

Car nous sommes tous des Malick Noël Seck.
Et à travers cette ignominie, c'est tout un peuple qu'ils tentent de bâillonner, voire de mutiler. Et j'ose dire, au risque conscient de suivre son exemple, que c'est peine perdue.

C'est PEINE PERDUE. Car nous sommes les descendants de Lat DIOR Ngoné Latyr; Nkwame Nkrumah, Lumumba, Luther King et Malcom X. Nous nous réveillons au son de la voix de Cheikh Anta et nous endormons en priant pour Sankara !

À BAS l'impérialisme... 1987...
Et encore À BAS l'impérialisme en 2011. Mais cet impérialisme qui revêt un habit qu'on ne lui connaissait pas.
Il s'est infiltré à l'intérieur de nos rangs de sénégalais ! Honte aux africains !

Ce sont ceux qui se disaient contre l'injustice, l'exploitation, l'impunité et le favoritisme ; pour résumer, la loi du plus fort, qui le pratique aujourd'hui à tous les échelons du pouvoir ! Et toutes générations d'homme politique confondues. À la différence près que notre pays a connu ses pires bourreaux dans les dix dernières années.

L'assemblée nationale sénégalaise a toujours démontré son incompétence, de la loi ezzan au 23 juin. La justice sénégalaise a également plusieurs fois prouvé sa lâcheté.
Mais aujourd'hui nous sommes allés trop loin en reniant les valeurs fondamentales qui devraient faire de nous des hommes et des femmes dignes, des hommes et des femmes libres, des hommes et des femmes respectées mais surtout respectables. Et cela au delà des faux semblants et de l'hypocrisie qui sont les repas quotidiens de centaines d'entre nous. HONTE aux sénégalais.

Nous ne sommes plus que les ombres de nous mêmes et l'avons prouvé en réagissant si faiblement à la décision rendue sur le sort de celui qui a commis le crime d'oser dire tout haut ce que tant pensent tout bas.

Décision basée sur du mimétisme... mimétisme du modèle esclavagiste : “tu me déranges esclave, tais-toi où tu seras châtié... pas moins de 1000 coups de fouet pour ton impertinence !”
Epoque moderne oblige 1000 coups de fouet sont devenus 730 jours de prison pour avoir “outré” un magistrat, et l'avoir soit disant menacé de mort.

Que l'on nous dise donc comment l'outrage à magistrat s'évalue... comment pèse-t-on, calcule-t-on ou estime-t-on l'outrage ? De quelle épaisseur est la frontière entre ce qui outre et ce qui ne choque pas ?

Est ce que si j'écris à la suite de Noël Seck : “ Messieurs-Dames les membres du conseil constitutionnel, parce que vous travaillez pour le peuple, prenez vos responsabilités !” j'entre dans une zone dangereuse ?
Est-ce dans la formulation de ses phrases que Noël a fauté ? Enferme-t-on quelqu'un pour si peu ?

Et puis comment constate-t-on une menace de mort ? Peut-on vraisemblablement menacer quelqu'un de mort par écrit avec des tournures de phrases polies et lui remettre en main propre la preuve de notre futur acte ?
Tout ceci n'est-il pas une pièce de théâtre fabuleusement mal écrite et ficelée dont le metteur en scène est connu de tous ?

Malheureusement la honte ne tue pas... car si la honte pouvait tuer, celle qui a osé accepter le rôle principal dans cette comédie tragique du gouvernement aurait eu peur de l'arrêt cardiaque immédiat, après avoir annoncé à son auditoire une telle décision.

Sénégalais amoul roussoukay, mo tax rousslo ngene ma. Rousslo ngene niou beuri..

Mais mon cher Malick... couche toi chaque soir en paix. Car les quelques fils restants de l'Afrique digne veillent. Demain quand la parole sera à la rue, nous reviendrons effectivement plus nombreux.
Car si vivre coûte che, mourir aussi ... mais il vaut mieux mourir étranglé par l'étau de ses principes que mourir sous le poids de la honte.

Mariama TOURE.

«Speak the truth, even if your voice shakes» Unknown.