leral.net | S'informer en temps réel

Sidy Diagne sur les reliquats de Zoss, Gouye Gui… : « Pour 5 millions, on ne peut pas venir frapper à ma porte »

Sidy Diagne, initiateur du Tournoi de la TNT, a accepté, samedi dans leurs locaux de la SODIDA, de tirer les choses au clair. Dans cette interview exclusive, le frère de Jupiter s’est exprimé d’un ton calme et doux. Mais un discours qui cache mal son mécontentement vis-à-vis de certains lutteurs qui anqueraient de classe et de dignité. Malgré tout, l’héritier de feu Ben Bass Diagne déclare qu’une «dette c’est une dette» et qu’il «est tenu de la payer». Ainsi, M. Diagne rassure que Gouye Gui, Zoss, Ama Baldé et Tapha Tine passeront à la caisse la semaine prochaine. Entretien


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Mai 2016 à 15:36 | | 0 commentaire(s)|

À l’issue du Tournoi TNT, quel bilan en tirez-vous ?

Le bilan qu’on en tire, c’est un bilan de satisfaisant. Parce que c’était un challenge que beaucoup croyaient impossible à réaliser. On a pu le tenir malgré tous les problèmes qui sont survenus durant le Tournoi. Donc, Alhamdoulilah (Dieu merci), il a pu aller à son terme. L’idée de départ, c’était de donner une visibilité au projet que nous avions, la TNT (Télévision numérique terrestre). C’est dans cette optique que nous avons choisi quatre grands champions pour faire un tournoi. Même s’il n’est pas unique (en son genre), il fait partie des meilleurs tournois organisés au Sénégal. Donc globalement, nous sommes satisfaits de ce tournoi-là.

Comment avez-vous vécu les multiples reports et problèmes que vous venez d’évoquer ?

Il faut savoir que le soubassement de ce tournoi, c’est le projet TNT. On a dû faire face non seulement au problème lié à l’organisation de ce Tournoi mais également à la tournure qu’a pris le projet. Un projet qui était prioritaire par rapport au tournoi de lutte. Donc, il était important de résoudre le problème de la TNT et de voir dans quel cadre on pouvait réunir toutes les conditions pour pouvoir poursuivre cette compétition. Je pense qu’il y a eu deux reports. Le tournoi devait finir au plus tard au mois de juin 2015. On a dû le repousser parce que les conditions n’étaient pas réunies pour tenir une des journées au mois de décembre. Et, je pense que tout le monde connaît les raisons pour lesquelles ça ne s’est pas tenu à ce mois. L’un des quatre lutteurs refusait d’aller en Gambie. Mais Dieu merci ! Alhamdoulialh ! Avec le concours de tout le monde, les bonnes volontés, ça a pu se tenir au mois de janvier. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont intervenu pour que ce tournoi se termine dans les meilleures conditions. La tenue de cette journée nous a permis au moins de mettre un point final à ce championnat.

Vous avez parlé de conditions qui n’étaient pas réunies. De quoi s’agit-il exactement ?

Concernant le report du mois de décembre, un des lutteurs notamment Gouye Gui refusait de se rendre en Gambie. Pour des raisons qui lui sont propres. À l’impossible nul n’est tenu, on était obligé de le décaler au mois de janvier.

Avez-vous des regrets d’avoir choisi l’arène pour la visibilité de la TNT ?

Aujourd’hui, je vous dis «Oui» et «Non». Non, parce que la lutte est notre sport national. Que les lutteurs cooptés sont des champions de qualité. Il y a eu de grands moments de lutte. Je pense que les amateurs ont apprécié le programme qu’on leur a proposé. Et je pense que c’était un challenge intéressant. Quand même, quels que soient les déboires qu’on a eus, on l’a réussi. Je dirais «Oui» aussi. Parce que le seul regret, c’est la violence qui était manifeste lors de toutes les rencontres qu’il y a eues. Je pense que la violence est le seul regret. Aussi, je pense, il y a le fait qu’on n’a pas pu communiquer comme on le souhaitait sur la TNT. En un moment, notamment lors de la dernière journée, l’impératif pour nous était de terminer ce tournoi. Il n’était même plus question de parler de TNT. Mais de terminer juste ce tournoi. En tout cas, la violence a malheureusement terni la visibilité du projet.

Avec ce Tournoi, y a-t-il eu réellement des retombées ?

Aujourd’hui, nous savons pertinemment que les retombées que l’on espérait dans ce tournoi n’étaient pas d’ordre financier. C’était une visibilité. C’était d’avoir une plateforme de communication. Et aussi, d’avoir donné à nos partenaires une visibilité de ce que nous faisons. Il y avait plusieurs supports ou médias qu’on aurait pu utiliser pour donner une certaine visibilité à ce projet. Mais on se disait qu’on pouvait également y associer tout le monde. C’est dans ce cadre-là qu’on a mis l’accent sur la lutte. Parce qu’il est indéniable que la lutte est un sport très apprécié et très populaire. On se disait qu’on pouvait au moins mobiliser, lors des journées, un temps d’antenne qui nous permettrait de communiquer essentiellement sur le projet (la TNT). Donc c’est ce qu’on attendait comme retombées. Sur le plan financier, il est évident que réunir ces quatre champions (Zoss, Gouye Gui, Ama et Tapha Tine) à chaque journée était très difficile à rentabiliser. Parce qu’on sait tous que l’arène a fait face à certains problèmes. À ce titre, les sponsors, les annonceurs ou même les hommes de bonne volonté réfléchissaient à deux fois avant d’investir.
Ou bien ils attendaient de voir comment tous les acteurs se comportaient pour pouvoir mettre leur argent. Mais de manière globale, on n’a pas de regret. C’était un pari qui a été tenu. Si c’était à refaire, on n’hésiterait pas à le refaire. Peut-être aussi, sous certaines conditions et sous certaines approches. Mais dans l’ensemble, si on ne doit parler que sur le plan financier, il est évident que nous nous en sommes sortis largement déficitaire.

Peut-on considérer que cela constitue évidemment un regret ?

Par la grâce de Dieu, le Groupe Excaf (Telecom) a deux télés (RDV et DTV), quatre radios à Dakar (Sokhna FM, RDV…), à peu près douze dans les régions et départements. Nous avons eu quand même des temps d’antenne pour ces deux supports (médiatiques) qui sont les télés et les radios. Et cela n’a pas de prix. En un moment, on diffusait ces combats-là. Par là, donc, on a pu capter de l’audience, une notoriété et on a également pu donner plein d’expressions de notre savoir-faire en termes d’organisation, de diffusion et de production. Tout cela n’a pas de prix dans cet environnement ou ce type de projet est prisé. Dire qu’on est perdant, oui. Mais d’un autre côté, on a pu montrer qu’on était capable de réaliser ça (un tournoi de cette envergure, ndlr). Et c’est important. Ceci, après avoir organisé pendant des années l’Arena Tour.

Qu’est-ce qui vous motive toujours à organiser des combats ?

Dans la lutte, on n’a jamais gagné de l’argent. On a juste voulu donner de la possibilité à certains lutteurs, pour leur permettre de s’exprimer. C’est le cas quand on organisait Arena Tour. Et quand il s’est agi d’organiser ce tournoi (TNT), c’est dans une vision de donner plus de visibilité au projet TNT et également de donner un programme à nos supports médiatiques.

Justement en parlant d’argent, l’on voit que depuis quelque temps, des lutteurs notamment Gouye Gui et Zoss font du bruit en réclamant leurs cachets de sponsoring. Pouvez-vous nous éclairer à propos de cette histoire ?

(Comme s’il s’y attendait) Moi, je dois déplorer un peu ce fait (il adopte la mine sérieuse et un ton calme). Je pense, il est important que les gens gardent une certaine dignité et une certaine classe. Je pense qu’aujourd’hui pour les lutteurs que je ne veux pas citer, c’est important d’avoir de la retenue. Parce quand on est lutteur, on l’est dans l’arène et hors de l’arène. Quand pour une année, on vous verse plus de 120 millions de FCFA et pour d’autres environ 150 millions FCFA soit un budget global d’à peu près 550 millions FCFA et qu’on en arrive à ce qu’il reste que 30 millions de FCFA pour l’ensemble des quatre lutteurs, je pense que quand on vous dit : «patientez un peu parce qu’aujourd’hui, notre priorité c’est de régler tel type de problème », je pense qu’il faut avoir de la retenue et de la dignité aussi. Je le répète, parce que je ne vais pas dire que j’ai donné quelque chose d’extraordinaire à chacun de ces champions-là. Mais je leur ai donné un tant soit peu la possibilité de s’exprimer (de lutter), au moins trois fois dans une saison. Et qui connaît la valeur de ces champions-là doit également savoir que, pour chaque journée, il y a eu au moins beaucoup d’argent qui a été sorti pour les payer. Pour chacun d’entre eux. Quand tu donnes à quelqu’un 150 millions de FCFA et que le maximum que tu lui dois aujourd’hui ne dépasse pas 10 millions FCFA, je pense qu’il faut de la retenue. Ce n’est pas tout le monde, heureusement. Heureusement également que le Tournoi m’a permis de rencontrer des gens de valeur. Des gens qui m’ont ouvert les yeux et qui ont de la valeur. Et moi je tiens à ça. Quand on signe des contrats, c’est pour les respecter.

On sent que vous avez le coeur meurtri par cette situation...

Vous savez pour la journée qu’on devait faire en Gambie, quand un lutteur vous dit : «Mon marabout m’a dit que je ne dois pas traverser l’océan ou la mer, etc.», ce sont des raisons qui font que tu te poses des questions. Si la personne croyait en Dieu, elle pouvait peut-être gagner en Gambie. C’est le plus important à mes yeux. Et pourtant, pour que les gens aillent en Gambie, à part Gouye Gui, tous les lutteurs ont reçu un cachet pour le transport. Ce cachet-là, moi je l’ai perdu. Je ne l’ai pas réclamé. J’estime qu’après leur avoir donné leur transport pour aller en Gambie, je ne devais pas leur réclamer cet argent.

À combien estimez-vous cet argent pour le transport en la Gambie ?

Cela fait quand même plus de 15 millions de FCFA que j’ai perdus. Alhamdoulilah, la vie continue. La vérité finit toujours par triompher. Parce qu’il faut que les gens sachent raison garder. Quand on a
acquis une certaine notoriété, je ne pense pas que, pour 5 millions de FCFA, quelqu’un peut venir frapper à ma porte oubliant alors qu’il a empoché au moins 120 millions FCFA. L’argent ne doit pas être mis en avant. Quand on est une star, il faut montrer de la classe, de la dignité. Parce qu’on ne sait jamais ce que demain nous réserve. Je peux avoir besoin d’eux. Ils peuvent avoir besoin de nous. Parce qu’on est dans le même environnement. Personne ne peut organiser un combat sans avoir besoin de supports médiatiques. Moi Excaf, je ne peux pas me permettre de dire que je ne ferai plus de la lutte. J’en ferai encore et encore. Donc, on est dans le même environnement. Et certaines réactions, certains comportements me font penser que l’issue du tournoi n’est pas anodine. La vérité, c’est toujours sur le terrain.

Peut-on savoir ce que vous avez pu donner en termes d’argent aux quatre lutteurs ?

Aujourd’hui au niveau du CNG, on ne doit rien aux lutteurs. On a honoré tous nos engagements contractuels vis-à-vis d’eux. On parle d’un contrat de sponsoring. Vous savez pertinemment qu’après la troisième journée, on n’a même pas fait de cérémonie de remise de trophée au grand champion qui est Ama Baldé. Je pense que, quand on ne vous soumet à aucune contrainte sur le plan du sponsoring, que vous ne participiez à aucun événement pour valoriser les sponsors qui nous ont fait confiance… (Il ne poursuit pas). Mais à la base, il faut reconnaître qu’une dette c’est une dette. Cela veut dire qu’on est tenu de payer une dette. Je ne pense pas qu’on leur doit quelque chose qui m’empêche de dormir. J’ai des priorités et je fais en fonction des priorités. Aujourd’hui, le plus gros challenge qu’on a, c’est de réaliser le projet pour lequel l’État du Sénégal nous a fait confiance. Et ça, on se donne les moyens de le réaliser. Quand on leur payait ce cachet- là, lors des trois journées, on ne les a pas entendus dans les journaux. On les a plutôt entendus dans les préoccupations qui étaient de ne pas empêcher la tenue de la troisième journée. Mais on est engagé dans le dernier tournant d’un projet (la TNT). L’ensemble des moyens du Groupe Excaf sont orientés vers ça. Sur pratiquement 120 millions de FCFA en une année, on ne doit pas plus de 6 millions à Gouye Gui. Zoss la même somme ou presque, sur un cachet global de 120 millions ou un peu plus. Ama Baldé et Tapha Tine, les deux réunis, on ne leur doit pas 15 millions FCFA alors que chacun avait un cachet de plus de 150 millions FCFA. Si on en arrive-là, si les gens sont dignes, si on vous demande de patienter, vous devriez vraiment patienter.

Quand allez-vous leur payer leur argent ?

On a pris toutes les dispositions pour vider ce dossier totalement la semaine prochaine. Je dois au passage dire que les deux premiers du Tournoi sont de grands messieurs et des hommes de classe. (À suivre).

Abdoulaye DEMBÉLÉ sunulamb

( Les News )