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Silence, on tourne !

Il me semble l’avoir seriné dans ces colonnes, mais, la répétition étant la mère de la pédagogie, je me répète. L’espace politique est pollué, gravement pollué, par ceux qui sont au pouvoir et qui bavardent comme pas possible jusqu’à créer une véritable cacophonie. C’est à qui occuperait le plus l’espace public à l’image d’un concours de charme où les naïades comptent s’offrir au plus offrant. Juste que dans ce cas qui nous concerne, c’est comme si ces messieurs et dames se livraient à une concurrence pour mieux se faire entendre et voir.


Rédigé par leral.net le Dimanche 24 Mars 2013 à 13:32 | | 0 commentaire(s)|

Silence, on tourne !
Du vrai cinéma dans un espace qui vire au vaudeville. Et voilà ce que cela donne : le porte - parole du chef de l’Etat, celui du gouvernement et le Garde des Sceaux se contredisent gravement et en public à propos d’une éventuelle médiation pénale à proposer aux délinquants financiers de l’ancien régime. C’est en fait pour rappeler à l’ordre tous ces débutants dans la gestion d’un Etat, que le vice–président de la Banque Mondiale a fait une sortie les appelant à des actions plus intelligentes dans le pilotage du dossier de la traque des biens supposés mal acquis. Une chasse au fric dans laquelle tout le monde a droit de parole pour dire des choses censées être dans le secret du cabinet d’un procureur très spécial. Le bon sens aurait été que l’on écoute les conseils de cet officiel de la Banque mondiale qui ne fait que répéter ce que le brillant éditorialiste M.O.N a dit tout dernièrement et concernant cette traque des biens mal acquis qui a rendu l’économie du pays exsangue. Un pays dont les plus grandes urgences seraient plutôt de se remettre au boulot car voilà bientôt une année que l’espace public est pollué par cette affaire qui refuse de livrer ses secrets. Cela dit, bien que les caisses de l’Etat soient vides — à moins qu’elles ne soient en train d’être remplies —, le dernier Fespaco (Festival panafricain du Film et du Cinéma de Ouagadougou) va permettre au septième art sénégalais d’espérer en des lendemains qui chantent avec la promesse du président de la République de doter, à partir de l’année prochaine, notre cinéma de la somme d’un milliard de francs pendant chaque année. Une manne destinée à alimenter un fonds de production audiovisuelle. Espérons tout de même que ce fonds ne serve pas à autre chose, à l’instar de celui de l’édition qui a valu la démission de celle qui en avait la charge, ulcérée des appels de fonds répétitifs de ministres insatiables financièrement. C’est du moins ce qui se dit. Le premier protecteur des Arts aurait tout de même dû rendre effectif ce fonds dès cette année. Car, selon un éminent cinéaste, il aurait juste fallu une décision politique présidentielle ou une loi rectificative des finances à l’Assemblée nationale pour que le milliard soit dans les caisses de ce fonds. Malgré tout, nos cinéastes ne doivent pas bouder leur plaisir. Car ce fonds permettra, selon notre expert, à tout projet de détenir le quart des parts producteur dès le départ et donc d’avoir son mot à dire dans le partenariat. Une petite indépendance face à des réalisateurs qui avaient souvent les mains liées ou subissaient la loi de puissants bailleurs. Mais il ne faut pas rêver de voir les collectivités locales s’investir dans la construction de salles. Ça, c’est un pari perdu d’avance pour la simple raison que ces collectivités locales se foutent royalement de la culture qu’elles confondent avec du folklore. Silence, on tourne ! Ce clap c’est, bien sûr, du côté du pouvoir et chez les professionnels du septième art à qui les hommes de Macky Sall mènent une concurrence féroce et déloyale, qu’on l’entend. Car, pour faire du cinéma, y a pas meilleur qu’eux.


Alassane Seck Gueye
« Le Témoin » N° 1117 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2013)