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Sitôt élue, sitôt désavouée : Michaëlle Jean au cœur de la polémique en France

"Un malaise au sein de la Francophonie. Une francophonie nord-américaine". "Une nomination à risque". "Un compromis entre Hollande et le Canada". "Les leçons de l'ancêtre Gaulois"... Autant de manchettes de journaux qui reflètent le point d'achoppement que constitue la nomination de Michaëlle Jean à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie. C'est du moins l'avis du quotidien d'informations français, "Le Parisien".


Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Décembre 2014 à 12:26 | | 9 commentaire(s)|

Sitôt élue, sitôt désavouée : Michaëlle Jean au cœur de la polémique en France
La nomination de Michaëlle Jean à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (Oif) fait des émules en France. L'un des plus grands quotidiens d'information français, "Le Parisien", a publié un article intitulé "Malaise au sein de la francophonie dans sa parution d'hier, mardi 02 décembre. En effet, le multilinguisme de la canadienne ne semble pas être du goût de la France.

C'est lors de la cérémonie de clôture du XVème Sommet de la Francophonie que la nouvelle secrétaire générale de l'Oif, en répondant à la question d'un journaliste de son pays a, s'est exprimée en Français et en Anglais. Le député et président de la commission culturelle à l'Assemblée nationale française, Patrick Bloche, a commenté que 'c'est peut être l'habitude du bilinguisme, mais ça a jeté un froid. De fait, la francophonie va être pendant quatre ans nord-américaine". D'autant plus que Michaëlle Jean affiche une proximité avec le Président des Etats-Unis, Barack Obama. Son bureau de l'Université d'Ottawa est orné d'une photo la montrant en compagnie de l'Américain.

Pendant ce temps, "Le Parisien" nous apprend que c'est "contre l'avis du Quai d'Orsay (ministère des Affaires étrangères de la France, Ndlr) que l'Elysée a pesé de tout son poids en faveur de la Canadienne, pour faire entrer le cheval de Troie américain (Michaëlle Jean) dans cette Oif devenue "une petite Onu", dixit Hollande. Cette incongruité a été soulignée par le député français, Jean-Louis Borloo, avant les négociations finales. La nomination de la Canadienne à la tête de l'Organisation francophone est également considérée à risque dans la mesure où une "règle tacite voulait que le numéro un de l'Oif soit africain. Un changement incohérent au moment où l'Afrique décolle économiquement".

En fait, ledit quotidien d'information soupçonne le Président français, François Hollande, d'avoir trouvé un compromis avec le gouvernement canadien. "Face à la campagne à l'américaine de Michaëlle Jean, la France, premier bailleur de l'Oif, ne s'est pas démenée pour aider les Africains à s'entendre sur une candidature commune. Hollande a paru plus préoccupé de préparer, à travers la Francophonie, le succès du Sommet sur le climat qui aura lieu à Paris en 2015. Aurait-il tronqué la Francophonie contre un engagement du Canada à s'engager en faveur du climat", s'est interrogé le canard français.

Signalons que Stephen Harper, Premier ministre du Canada, et Philippe Couaillard, Premier ministre du Québec, étaient tous deux présents à Dakar pour assister au XVème Sommet de la Francophonie. Il est également jugé que "cette humiliation" infligée aux Africains "n'est rien à côté de celle ressentie par plusieurs chefs d'Etat". Il s'agit là de l'interpellation d'Hollande à l'endroit du penchant de certains Chefs africains qui veulent faire un pied de nez à la démocratie, en déjouant ses règles pour rester au pouvoir. Le Président français a livré son message en face du Tchadien Déby, du Gabonnais Bongo ou encore du Congolais Kabila. Ces "leçons de l'ancêtre Gaulois" ont d'ailleurs fait réagir le ministère des Affaires étrangères qui les a qualifiées, sur les ondes de France24, de "très inélégant". Aussi, Dakar aurait confié en privé que "cette ambiance n'incitait pas à entrer dans l'organisation francophone". Qui disait que la succession d'Abdou Diouf s'annonce déjà difficile ?

La Tribune