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Souleymane Téliko, Juge: "Sans une indépendance assumée, la justice perd en crédibilité"


Rédigé par leral.net le Jeudi 25 Mars 2021 à 17:15 | | 0 commentaire(s)|

Souleymane Téliko, Juge: "Sans une indépendance assumée, la justice perd en crédibilité"
Le président de l’Union des magistrats du Sénégal Souleymane Téliko craint que le manque de confiance envers la Justice, donne l’impression de manquer d’impartialité ou d’indépendance. Et il l’a fait savoir dans son discours, lors d’un atelier portant sur la réflexion d’ « Etat de droit et Indépendance de la justice : enjeux et perspectives de réformes ».

« Si nous insistons autant sur la thématique de l'indépendance de la justice, c'est bien parce que nous avons pris l'exacte mesure des enjeux de cette thématique. Le service public de la justice peut, certes, souffrir de dysfonctionnements liés au manque d'équipements, de locaux ou de personnel ; il n'en perdra pas pour autant, nécessairement, sa crédibilité. Mais dès lors que, aux yeux du public, elle donne l'impression de manquer d’impartialité ou d'indépendance, la Justice perd une bonne partie de ce qui fait sa force : la confiance des justiciables », indique le président de l’Ums dans PressAfrik.

Car, estime le magistrat, « sans une indépendance garantie et assumée, la justice perd en crédibilité et en autorité. Car ce n’est pas la force qui fait la justice, mais, plutôt, la justice qui fait la force. »

Par conséquent, ajoute-t-il, travailler à préserver ce lien primordial de confiance, constitue un devoir pour chacun de nous. « Ce "nous" s'adresse, en premier lieu, aux acteurs de la justice qui doivent adopter, en toute circonstance, une posture de neutralité et incarner la figure de tiers impartial et désintéressé. Ce "nous" s'adresse, aussi, aux décideurs et responsables de tous bords, qui doivent tout mettre en œuvre pour préserver la respectabilité de l’institution judiciaire et, le cas échéant, l’ajuster aux standards modernes d'une justice indépendante et impartiale. » .

Ainsi, l’appel incessant à la mise en œuvre de réformes ne doit pas être assimilé à une remise en cause du passé, bien au contraire, plaide le président de l'Ums. Au cours des travaux de ce mercredi, le statut du parquet et le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) seront débattus.

« Au sujet du parquet, le diagnostic, fait par les acteurs de la Justice et qui est régulièrement conforté par la pratique judiciaire, révèle que la subordination à l'autorité politique, sans distinction entre attributions administratives et judiciaires, fait peser sur cette entité et, par ricochet, sur la justice tout entière, un soupçon permanent de collusion et d'instrumentalisation, préjudiciable à l’image et à l'autorité du Pouvoir judiciaire.

Quant au CSM (Conseil supérieur de la magistrature), organe capital considéré, à juste titre, comme la clé de voûte de l'indépendance de la justice, sa réforme nous semble plus que jamais nécessaire, au regard de l’inadéquation entre la mission qui lui est assignée et ses règles d’organisation, de composition et de fonctionnement.
»

Ousmane Wade