Dans le delta formé par la rencontre des fleuves Siné et Saloum, le soleil tombe sur un horizon mêlé de terre et d'eau. On ne sait trop ou s'arrête la première et ou commence la seconde.
C'est que dans ce lieu situé à trois heures de route au sud de Dakar, l'océan Atlantique s'est octroyé le droit d'entrer loin dans les terres, créant ainsi des milliers d'îles et d'îlots. Il s'agit d'un environnement unique constitué de mangroves, de lagunes, de forêts et de cordons sablonneux.
Un parc magnifique
Le gouvernement du Sénégal acréé à cet endroit le Parc national du delta du Saloum afin deprotéger cet écosystème fragileainsi qu'une faune incroyablementdiversifiée composée de chacals, singes, chats sauvages d'Afrique,lamantins, tortues, crocodiles et plus de 200 espèces d'oiseaux.
Dans cette région des tanns,curieuses étendues de sable séché, se trouve le village de N'Dangane, un mot qui signifie «le havre» endialecte Sérère. En mi-journée,après avoir cassé la croûte aucharmant petit hôtel Les CordonsBleus, un nom emprunté à l'oiseaufamilier dans cette région, nousmontons à bord d'une longue etétroite pirogue motorisée pour unebalade dans cette immense volièrenaturelle que représente la mangrove. À bord, notre guide,Babacar, explique que le deltaregorge d'oiseaux migrateurs qu'il pointe les uns après les autres : cigognes, flamants roses, pélicans, aiglespêcheurs, marabouts, martins-pêcheurs et spatules rosés. Au bout d'un moment nous atteignons Mar Lodj, l'unedes nombreuses îles dans le delta du Saloum. Mesurant 15 Km sur 10 Km, Mar Lodj abrite une population de 5 500 personnes réparties dans quatre villages. On y vit à peine d'agriculture, (riz, mil, arachide, pastèque) de lapêche et maintenant un peu grâce au tourisme. Au village de Mar Fafaco, je me suis entretenu quelques instantsavec l'imam de la mosquée. Le village est d'ailleurs un modèle de cohabitation entre les adeptes de trois religions,l'Islam, le catholicisme et l'animisme. Le tout est symbolisé par trois arbres géants, mais d'essences différentes,dont les racines et les frondaisons s'entremêlent sur la place au centre du hameau.
La Petite Côte
Un peu au nord du Parc national du delta du Saloum, nous remontons la route longeant l'océan Atlantique.Partout le long des routessénégalaises, on ne peut queremarquer les femmes vêtues deboubous richement colorés quimarchent en portant divers objetssur la tête avec une élégancedésinvolte. Nous arrivons au boutd'un moment dans une régionappelée la Petite Côte, considéréecomme la «Côte d'azur duSénégal». Première étape, JoalFadiouth, l'un des plus jolis villages du pays. Ancien comptoir portugaisdatant du 15e siècle, Joal étale sesvieilles maisons sous les cocotiers. Ils'agit aussi du village natal del'ancien président Léopold SedarSenghor qui l'a chanté dans sespoèmes. Sa maison d'enfance estouverte à la visite. Mais ce quidistingue la commune, ce sont cesénormes amoncellements de coquillages consommés par les habitants au fil des siècles. Ils forment des îlots surlesquels les baobabs, ces arbres aux formes tourmentées, ont réussi à prendre racine. L'un de ces îlots artificiels,relié à Joal par un long pont de bois, porte le pittoresque village de Fadiouth.
Cette commune est connue pourses anciens greniers à mil sur pilotis, le ballet incessant des pirogues, sesporcs noirs qui déambulent partoutet les crabes munis d'une seulepince. Il faut voir le cimetière, luiaussi aménagé sur un îlot decoquillages où se côtoient lessépultures chrétiennes etmusulmanes. En fin d'après-midi, je me suis rendu à la case à palabresde Joal écouter les gens discuter.Voilà une riche expérienceculturelle.
Saly Portudal
Plus haut sur la Petite Côte setrouve Saly Portudal, le plus vastecomplexe touristique de toutel'Afrique de l'Ouest. Cette stationbalnéaire renommée offre un largeéventail d'hôtels, dont un certainnombre d'établissements luxueuxsur des plages de sable fin. On propose aux touristes un vastechoix d'activités : pêche au gros,plongée sous marine, équitation, voile, golf, parachutisme, quad, sansoublier discothèques et casinos.
Réserve de Bandia
À 15 Km des plages de Saly, laréserve de Bandia met la mythiquefaune africaine à la portée de tous. Pour le plus grand plaisir desphotographes, on a réintroduit dansce vaste territoire de savane, de grands mammifères disparus sous lapression démographique et lebraconnage. C'est à bord de 4 X 4,avec des guides expérimentés, quenous parcourons les 40 Km de pistequi sillonnent la seule réserve privéedu Sénégal. Nous rencontrons desrhinocéros, des buffles, des zèbres, des impalas et autres gazelles ainsique des phacochères. Le guidenous amène ensuite à pied dans lasavane. Nous marchons vers de grands arbres un peu décharnés.Après quelques minutes, nousapercevons un petit groupe degirafe. «La girafe craint peud'animaux car ses coups de sabotspeuvent même tuer un lion»,précise notre guide avant d'ajouter: «Le plus souvent, la girafesuccombe à l'arthrose qui attaquesa longue colonne cervicale.»Fichtre alors...
M'Bour
Dernière étape de ce périple sur la Petite Côte, M'Bour est l'un descentres de pêche les plus actifs du littoral sénégalais. En fin d'après-midi, le retour des pêcheurs à bordde dizaines de pirogues et de bateaux est un spectacleabsolument fascinant. Descentaines d'hommes déchargent lescasiers remplis de poissonsmulticolores et les portent sur leurtête vers les entrepôts en sefrayant un chemin à travers unefoule colorée de plusieurs milliers depersonnes massée sur la plage.Plusieurs dizaines de femmesachètent directement des pêcheursde petites quantités de poissonsqu'elles vont revendre plus loin. Il y a aussi des claies de branchages surlesquelles le poisson, étalé sur descentaines de mètres, sèche ausoleil, formant un tableaupittoresque et...odorant.
Le Sénégal représente une belle destination francophone, facilementaccessible par Royal Air Maroc àpartir de Montréal. On dit duSénégal qu'il est le pays de la «teranga», un mot wolof signifianthospitalité. J'ai pu vérifier que c'est bien le cas.