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"Tous coupables" : Quand La Tribune se trompe de combat

Ils sont nombreux ceux qui condamnent les propos discourtois de Me Wade à l'encontre de Macky Sall et sa famille. La Tribune, elle, au-delà de sa condamnation, s'en prend à la presse et au Conseil national de régulation de l'audiovisuel qui, à son avis, "très prompt à sévir s'il s'agit du Groupe D-Média, est si désespérément aphone". Voici in extenso l'édito incendiaire de nos confrères plus une mise au point qui semble s'imposer.


Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Février 2015 à 14:09 | | 18 commentaire(s)|

"Tous coupables" : Quand La Tribune se trompe de combat
"Les Sénéghalais se sont couchés avant-hier consternés, affligés, meurtris, outragés et choqués par les propos plus qu'irresponsables tenus par Me Abdoulaye Wade (avec tout notre respect). Même son plus proche entourage - en off bien sûr pour des raisons évidentes - a déploré cette sortie malhabile, inattendue, inappropriée, indigente et miséreuse de ce leader, ex-constance, qui commence à dégringoler de son piédestal. Les Sénégalais, qui éprouvaient beaucoup d'attendrissement et énormément de commisération pour son combat, ont été atterrés d'entendre des propos qui ont volé plus bas que terre. Conséquence : l'énorme sympathie qu'il charriait commence à fondre comme beurre au soleil. On lui connaissait une capacité de résilience à nulle autre pareille, mais cette fois-ci, il lui sera très difficile, pour ne pas dire impossible de se relever. Présenté jusqu'ici comme un communiquant d'une autre dimension, une bête politique, Wade est en train de perdre tout ce qu'il a pu glaner jusque-là. Ainsi, il a mis à l'eau tout le travail de sape effectué par ses partisans et proches qui continuaient à croire en la possibilité d'un règlement "politique et amiable" de l'affaire Karim Wade.

Mais, que seraient les déclaration de Wade si la presse n'en avait pas parlé. Sans donner de leçon à personne, il faut accepter que c'est la presse qui a donné à cette affaire cette ampleur. Les trois chaînes de télévision qui avaient couvert la manifestation (Sen Tv, 2STv et Walf Tv) ont décidé en toute responsabilité de ne pas diffuser les graves propos de Wade. Malheureusement, d'autre ont fait le choix que nous respectons même si nous ne le partageons pas. La conséquence est évidente : la vidéo est tombée sur la place publique avec les conséquences qui en ont découlé depuis avant-hier. Le Conseil de régulation de l'audiovisuel (Cnra), si prompt à sévir s'il s'agit du Groupe D-Média est désespérément aphone. Peut-être attend-il son avis trimestriel pour "épingler" les fautifs ? Ses membres "pro parmi les pro" ou leur collaborateur magistrat (sic) vont s'empresser de dire que leur compétence de ne leur permet pas d'intervenir quand il s'agit de sites internet. Ha si c'était le plus petit démembrement ou la plus insignifiante émission du Groupe D-Média !!! La sentence n'aurait certainement pas attendu. On aurait trouvé des artifices juridiques, crié sur tous les toits, urbi et orbi, le manque de professionnalisme, l'amateurisme et que sais-je encore du Groupe. Mais, il y a du pain qu'on ne mange pas. Et rien ni personne ne pourra freiner les ardeurs d'un groupe jeune qui inspire à jouer les premiers rôle dans le landerneau médiatique sénégalais. A bon entendeur..."

A nos confrères de La Tribune...
Après cette diatribe bien épicée, il importe de remettre les pendules à l'heure. Il y a bien des points qui mériteraient d'être relevés mais on choisi de n'en retenir qu'un. On reconnaît au Groupe D-Média son droit de vouloir régler ses comptes avec le Cnra mais ce qu'on ne saurait comprendre, c'est de vouloir s'en prendre aux médias qui font leur travail. Lorsque Moustapha Niasse traitait, tout récemment, les jeunes de son parti de "salopards" et d'"imbéciles", entre autres, on n'avait pas entendu de réprobation d'aucune sorte venant d'un organe de presse ou de régulation. Maintenant qu'il s'agit de Me Wade, pourquoi devrait-on taire l'information aux Sénégalais ? Certains objecteront, sans doute, que les propos de Me Wade sont plus offensants, que c'est un ancien chef d'Etat, qu'il est âgé, etc. Mais les propos de Niasse étaient également insultants pour la jeunesse de son parti, lui aussi est âgé et, de surcroît, est la deuxième personnalité de l'Etat eu égard à son statut de président de l'Assemblée nationale. Et, tout le monde les avaient dénoncés sans pointer un doigt accusateur sur les médias qui ont montré les insultes. En sus, celui qui invite la presse pour s'adresser à un groupe de personnes désirait logiquement que ce qu'il a à dire soit connu du public. Lorsqu'on se fait remonter les brettelles par un organe de régulation, il importe de faire une profonde introspection au lieu de vouloir reporter la faute sur les autres. Les chaînes qui ont été conviées à cette rencontre ont choisi de ne pas relayer l'information, c'est leur droit mais qu'on laisse, quand même, ceux qui veulent informer les Sénégalais les informer. "Du mane dong, du aw lay" (Dire je ne suis pas le seul fautif ne constitue pas une preuve d'innocence), confraternellement.