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Trafic de visas au nom de Cheikh Bass Abdou Khadre : Mamadou Soumaré avoue et balance le « cerveau », Alassane Touré


Rédigé par leral.net le Mercredi 1 Août 2018 à 07:03 | | 0 commentaire(s)|

En exclusivité pour ses lecteurs, "Libération" révèle les aveux faits par Mamadou Soumaré qui a usé de sa proximité avec le porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre, pour monter un réseau de trafic de visas vers la France. Interrogé sous le régime de la garde-à-vue par la Division des investigations criminelles (DIC), il n’a pas nié les faits. Au contraire, il s’est lâché comme pas possible, allant même jusqu’à indiquer l’identité de celui qui apparaît comme le vrai cerveau de cette mafia.
 
Selon les informations de Libération, c’est aujourd’hui que Mamadou Soumaré sera mis à la disposition du parquet de Dakar après plusieurs jours de garde-à-vue à la Division des investigations criminelles (DIC). Intercepté à Touba par les enquêteurs, il est au cœur d’une sale affaire qui implique, au moins, trois personnes dont une formellement identifiée. Mais que s’est-il passé au juste ? L’affaire commence lorsque Christophe Bigot, ambassadeur de la France au Sénégal, a essayé, en vain, de joindre Cheikh Bass Abdou Khadre pour lui faire part de ses préoccupations.
 
 En effet, le diplomate était inquiet du fait qu’une délégation, bénéficiaire d’une lettre de recommandation portant la signature et l’entête du porte-parole du Khalife général des Mourides, ne soit pas rentrée alors qu’elle bénéficiait d’un visa court séjour avec signalement au retour au Sénégal.
 
En séjour en France, Cheikh Bass sera finalement informé avant d’échanger avec S.E Cristophe Bigot. Visiblement choqué, il mandate Me Mamadou Diop qui dépose, en son nom, plainte devant les enquêteurs de la DIC. Interrogé, Me Diop livre le récit des faits tels que relatés par l’ambassadeur au marabout. Cueilli à Touba (région de Diourbel), avec l’appui du Commissariat spécial, et interrogé sous le régime de la garde-à-vue, Mamadou Soumaré craque.
 
A vrai dire, il lui a été très difficile de chercher à nier les faits. Seulement, il jure n’avoir été qu’un fusible utilisé par le nommé Alassane Touré. Et pour cause, membre de la protection rapprochée de Cheikh Bass, cet ancien vendeur de tissus avait bénéficié en mai 2017 d’une lettre-recommandation de Cheikh Bass Abdou Khadre, pour bénéficier d’un visa d’une durée de deux ans pour la France.
 
C’est en ce moment que Touré lui aurait conseillé de scanner et de travailler le document pour décrocher le visa à des candidats, en arguant que ces derniers devraient animer des chants religieux en France. En plus du document, M. Soumaré se présentait comme le secrétaire particulier du porte-parole du Khalife. De ses aveux, il ressort que cette manœuvre frauduleuse, mise en branle depuis 2017, a bénéficié à quarante candidats.
 
 Ceux-ci payaient 2,2 millions avant le voyage puis 500.000 FCfa une fois qu’ils étaient bien arrivés en France. Selon le mis en cause, l’argent était encaissé par Alassane Touré qui lui a remis, au total, 14 millions de FCfa ainsi qu’un 4x4 de marque Dacia saisie par les enquêteurs. Il a aussi précisé que le sieur Touré qui a réussi à quitter le pays - on le signale en...Chine - avait deux autres « adjoints » dont il ignorait les identités. Cette affaire devrait révéler d’autres secrets dans le cadre d’une information judiciaire.







Cheikh Mbacké Guissé (Libération)