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Trafic international de drogue : une Franco-algérienne acquittée

La Cour d'assises de Dakar a acquitté jeudi la Française d'origine algérienne, Wasila Ichti, poursuivie pour trafic international de cocaïne, après quatre années de détention préventive.


Rédigé par leral.net le Vendredi 11 Juillet 2014 à 22:00 | | 0 commentaire(s)|

Trafic international de drogue : une Franco-algérienne acquittée
A la barre, l'accusée, 26 ans, a nié les faits qui lui sont reprochés, affirmant que c'est un ami du nom de Raoul Baldé, avec lequel elle entretenait des relations amoureuses, qui lui avait demandé de récupérer au bureau de poste de l'avenue Malick Sy, à Dakar, des colis contenant des vêtements sportifs provenant du Paraguay.

Ces envois dissimulaient en réalité de la cocaïne d'un poids total de 1400 grammes pour une valeur de 37 millions de FCFA.

Wasila Ichti a déclaré au président de la Cour être venue au Sénégal en 2009 avec des économies de 2.000 euros (1,3 millions de FCFA), dans le but de s'installer et de créer une entreprise dans le domaine du textile. Elle venait de perdre son travail d’agent commercial à Nice (France).

Celle qui a arrêté ses études au lycée avait rencontré Baldé en décembre 2009 dans un restaurant de la place, trois semaines avant les faits incriminés, qui se sont déroulés le 14 janvier 2010, date à laquelle elle s’était présentée à La poste pour récupérer des colis postaux sur la demande de son ami.

Sur place, l'agent de service avait signifié à l'accusé que le quatrième colis avait été récupéré quatre jours plutôt. Il l'avait ensuite orienté vers un autre bureau pour contrôle et paiement des droits de douane. C'est à ce moment que les douaniers ont découvert la cocaïne dissimulée dans les colis.

Au cours de l'information judiciaire, un étudiant du nom de Masseck Boye se présentait à son tour le 5 février au même guichet avec un avis envoyé par Mady Cissokho, trésorier de l'Association des étudiants musulmans de l’Université de Dakar (AEMUD).

Il devait récupérer les même colis en provenance du Paraguay. Le document postal mentionnait le nom du destinataire Raul et un numéro de téléphone qui s'est avéré être le même que celui que possédait l'accusée. Mady Cissokho a précisé aux enquêteurs que les avis postaux qu'il détenait lui avaient été remis par son camarade Ansou Mané.

En présence des trois protagonistes, les enquêteurs avaient découvert 669 grammes de cocaïne d'une valeur totale de 17,6 millions de FCFA. Mais les investigations ont plus tard démontré l'absence de connexion entre les étudiants et les autres, présumés destinataires ou expéditeurs, l'accusée et son ami Raul, d'où le non-lieu en faveur des premiers.

L'avocat général El Hadj Gormack Tall a de prime abord fait observer que l'accusée était en séjour irrégulier au Sénégal et n'avait pas de plus pris le soin de renouveler son passeport expiré. Selon le magistrat, elle ne peut donc être de bonne foi ce qui enlève tout crédit à ses déclarations.

Pire, après son arrestation, elle a prévenu son complice, a-t-il signalé avant de demander qu'elle soit condamnée à 10 ans de travaux forcés. Le magistrat a aussi recommandé à la Cour qu'elle soit condamnée à payer une amende de 148 millions de francs CFA.

La défense, par la voix de Me Mbaye Jacques Ndiaye, un des conseils de l'accusée, a demandé que sa cliente soit acquittée, en faisant observer que les étudiants qui sont allés retirer les même colis du même expéditeur et du même destinataire ont recouvert la liberté. Selon Me Ndiaye, "ce procès blesse l'équité et l'égalité (…) et offense le droit".

Me Abdourahmane Sow "Lénine" a de son côté présenté sa cliente comme une personne ouverte à tout le monde et d'une "facilité relationnelle déconcertante", ce qui selon lui vaut de comparaître devant une Cour d'assises. Il a évoqué "des fautes professionnelles" au niveau des services postiers qui auraient dû livrer les colis au vrai destinataire.

Selon Me Sow, la détention matérielle n'est pas avérée, puisque Wasila Ichtin n'est intervenu ni pour l'envoi ni pour la réception du colis. L'avocat a été suivi par le Cour dont le verdict a permis à la ressortissante française de recouvrer la liberté.
APS