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Transport par voie maritime des noix d’acajou de la Casamance: Le «monopole» du COSAMA au cœur d’une polémique

Ziguinchor. Il y a un deal entre quelques personnes qui veulent qu’un monopole soit accordé au Consortium sénégalais d’Activités maritimes (COSAMA), pour le transport maritime des noix d’acajou entre Ziguinchor et Dakar. Telle est la conviction de Birame Ndiaye, le responsable régional de l’Unacois/Jappo à Ziguinchor, qui parle même d’une mafia qui veut prendre l’économie de la région en otage, relate "Le Témoin". Ce, au moment où elle commence à sortir la tête de l’eau, après des décennies de crise occasionnée par le conflit armé qui a détruit tout le tissu économique local. Ce qui est, à son avis, inacceptable parce que cela est formellement interdit par la loi, qui stipule que le transport maritime est libre.


Rédigé par leral.net le Jeudi 27 Mai 2021 à 10:54 | | 0 commentaire(s)|

Transport par voie maritime des noix d’acajou de la Casamance: Le «monopole» du COSAMA au cœur d’une polémique
« On a l’impression que COSAMA détient le monopole du transport maritime Ziguinchor-Dakar et cela est formellement interdit par la loi, le transport maritime est libre. Mais on a l’impression qu’il y a un deal qui est organisé par certaines personnes, pour empêcher d’autres navires de venir faire leur travail », tempête Birame Ndiaye.

Selon lui, les conséquences de cette situation sont énormes et créent un préjudice qui va faire perdre des milliards à l’économie régionale, qui repose grandement sur la campagne des noix d’acajou. Une campagne qui, selon lui, est complètement bloquée car il n’y a pas de bateaux pour évacuer les noix vers Dakar. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tous les magasins sont remplis à Ziguinchor, donc les Indiens n’achètent plus, se désole le responsable régional de l’Unacois/Jappo.

Il estime que cette situation a entraîné de facto, la baisse des prix, au grand détriment des producteurs. « Aujourd’hui, nous n’avons ni bateaux ni containers, les magasins sont pleins et les prix au producteur commencent à chuter. Ce qui n’est pas normal, c’est vraiment malhonnête. L’Etat doit intervenir pour demander à tous les armateurs qui ont des possibilités, d’amener des bateaux, de venir faire le transport dans la mesure où ils ont dit que le transport des noix d’acajou est interdit par je ne sais qui. Je sais en tout cas que ce n’est pas par une loi ni un décret, donc je ne sais quels sont ces ministères qui se sont organisés pour imposer cet état de fait. Là aussi, ce n’est pas normal », peste Birahime Ndiaye.

Pour résoudre ce problème de transport qui risque de plomber la campagne, il préconise une autre solution consistant à faire évacuer les noix par des camions, avec une escorte de la douane. « Certes, il est formellement interdit de faire les exportations des noix par la Gambie, cette décision est déjà entrée dans l’histoire, mais dans la mesure où les magasins sont pleins et nous n’avons pas de bateaux ni de containers et les prix commencent à chuter, pourquoi ne pas autoriser, ne serait-ce que pour une durée de 20 jours, les camions pour qu’ils puissent amener le produit à Dakar ? Quitte à ce qu’on les escorte afin qu’on puisse désengorger les magasins et continuer la campagne.

Actuellement, nous sommes dans un blocage total et les autorités administratives régionales ne font absolument rien, elles regardent la situation pourrir, ce qui n’est pas bon pour la région. J’interpelle le Président Macky Sall et les ministres en charge des transports maritime et terrestre, pour trouver véritablement une solution par rapport à ça. En tout cas, moi, je crois mordicus qu’il y a un deal autour du transport maritime qui ne dit pas son nom et l’Etat doit faire des investigations pour savoir qui sont ces dealers, qui sont dans ce complot qui gêne les armateurs
’’, accuse encore le représentant régional de l’Unacois/Jappo.

Il faut souligner qu’aucun signe ne laisse entrevoir actuellement, la campagne de commercialisation des noix d’acajou au port de Ziguinchor, alors que l’hivernage laisse apparaître les premiers signes. Cette situation inquiète et agace tous les professionnels de la filière qui risquent de vivre une nouvelle mauvaise campagne, alors que toutes les conditions sont réunies pour que, justement, le contraire prévale. A mots couverts, les opérateurs accusent des lobbies tapis dans l’ombre, de manipuler les choses au détriment de l’intérêt des producteurs et autres intermédiaires.

Aujourd’hui, le degré des frustrations nées de cette situation a atteint des sommets. Et finalement, la question que tous se posent, c’est celle de savoir à quoi servent finalement tous ces CRD spéciaux que l’on tient chaque année à Ziguinchor, à la veille ou pendant la campagne, présidés par des ministres pour, dit-on, créer les conditions de réussite de la campagne de commercialisation de la noix d’anacarde. Une filière qui devrait, si elle était bien organisée, booster de façon considérable l’économie des trois régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Ce qui est plus étonnant ici, c’est que chaque année, ce sont les mêmes problèmes que ces ministres disent avoir cernés, qui reviennent régulièrement…

Ndèye Fatou Kébé