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Violences électorales: Dérapages de campagne !

Quatre jours seulement après le début de la campagne électorale pour les élections locales du 29 juin, la violence politique prend le dessus sur le débat démocratique. Le langage des muscles et la barbarie dictent leur loi dans certaines localités pendant que le feu dicte la sienne dans d’autres. Le mystique s’invite aussi dans cette bataille pour le contrôle des localités. Et les différentes listes en compétition de continuer à se frotter sur le terrain.


Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Juin 2014 à 00:16 | | 0 commentaire(s)|

Violences électorales: Dérapages de campagne !
KEUR MASSAR

Un jeune militant de Rewmi reçoit un coup de machette sur la tête

La violence s’est invitée dans la campagne électorale en banlieue, plus précisément à Keur Massar où un jeune militant de Rewmi a été agressé hier nuit. Gravement blessé à la tête, il bénéficie d’une attestation d’incapacité temporaire de travail de 21 jours. Tant redoutée par les observateurs et les religieux qui n’ont cessé d’appeler à des élections apaisées, la violence a pris le dessus sur l’équilibre de la terreur qui était jusque-là entretenue par des invectives et la guerre des affiches et graffitis entre les candidats dans certaines localités de la banlieue. A Keur Massar qui a battu le record de participation du département de Pikine avec pas moins de 23 listes en compétition, ce qui s’est passé hier n’augure rien de bon. Un jeune de 20 ans répondant au nom d’Alain Gomis y a été pris à partie. Son compagnon d’infortune a raconté le film de l’agression. «C’était aux environs de 1H du matin. On était en train de coller les affiches de notre leader sur le mur du centre de santé, lorsqu’on a été surpris par un groupe de gaillards de forte corpulence et tout de noir vêtu. Après s’être descendus d’un véhicule 4×4 immatriculé DK 5191 AS qui appartient à Abdoulaye Sow, ils se sont dirigés tout droit vers Alain Gomis pour lui porter un coup de machette. Lorsqu’il s’est affalé, ils se sont tournés vers moi pour me malmener et voler mon téléphone portable», a-t-il fait savoir.

Invité à se prononcer sur les accusations dont il est l’objet, Abdoulaye Sow qui est tête de liste majoritaire de «And Ligguèye Keur Massar» a lavé ses partisans, non sans faire une précision de taille : «Je ne peux pas prétendre diriger Keur Massar pour contribuer à son rayonnement et prôner la violence. Moi-même, j’ai été récemment victime d’agressions verbales par des insultes écrites sur le mur de ma propre maison, mais personne ne m’a entendu. Nous sommes en politique et je n’accepterai plus jamais qu’on m’humilie jusque dans mon propre quartier. Quant au véhicule auquel il est fait allusion, il se pourrait qu’il m’appartienne, car j’en ai plusieurs. Toutefois, un adversaire peut avoir retenu le numéro et essaye de me nuire par des accusations fantaisistes.»

La gendarmerie qui sera saisie d’une plainte par le blessé, aujourd’hui même, fera certainement la lumière sur cette affaire telle que préconisée par Mariama Camara, tête de liste proportionnelle de Rewmi à Keur Massar.

AMARY GUEYE

THIES
Les nerfs s’échauffent dans les états-majors politiques

Après 4 jours de campagne électorale, Thiès commence à enregistrer les premiers soubresauts de ce qui pourrait conduire à un cycle de violences. Les plaintes s’amoncèlent sur la table du procureur de la République.

C’est d’abord le Directeur général de l’Anamo, Malick Mbaye, qui dépose une plainte contre X à la Brigade de recherches de la gendarmerie. Il déclare avoir reçu des appels téléphoniques d’un individu identifié comme membre de l’Apr, qui le menace de mort à partir d’une ligne privée. Saisi, le commandant Insa Seck a introduit une réquisition auprès des opérateurs téléphoniques pour identifier le mis en cause. Pis, Malick Maodo Mbaye voit ses affiches sabotées et déchirées par le camp adverse.

Idem pour El Malick Seck de la Coalition Changer Thiès. Il a vu ses affiches enlevées par des individus armés de machettes à bord d’une voiture immatriculée DK-1239-AG bariolée de posters d’Idrissa Seck. «Nous allons remettre nos affiches au même endroit dès aujourd’hui. Et si une coalition enlève nos affiches pour mettre les leurs, nous allons les enlever. Cela fait 15 jours que nous avions mis nos affiches. Les gens ont le droit d’en mettre, mais ils n’ont pas le droit d’en enlever. C’est une coalition proche de l’Apr qui a fait les dégâts dans la Zone Nord, c’est celle de Rewmi dans la Rocade Sud», s’étrangle-t-il de colère.

«Si je n’avais pas retenu mes hommes, il y aurait mort d’homme»

El Malick d’ajouter ferme : «Nous allons faire une plainte au niveau du commissariat central et une autre au commissariat du 1er arrondissement. Nous demandons à la justice de clarifier ce problème. Rien qu’avec la venue de Macky, nous avions recruté 15 jeunes qui nous ont coûté 800 000 FCfa pour surveiller nos posters. Les gens de l’Apr ont tout fait pour qu’on n’occupe pas les affiches. Ils ont détruit nos affiches. C’est un préjudice de presque 8 millions de FCfa. Nous invitons tout le monde à la sérénité. En tout cas, nous ne permettrons plus à personne d’enlever nos affiches. Nous ne sommes pas là pour blaguer. Si je n’avais pas retenu mes hommes, il y aurait mort d’homme.»

TASSETTE - Mamadou Thiaw et Khady Dione se frottent

Le feu couve aussi intensément dans la communauté rurale de Tassette. Les deux coalitions présidentielles sont entrées dans une adversité féroce. Khady Dione, coordonnatrice de l’Apr, coalition Benno bokk yaakaar (Bby), et ses camarades donnent une semaine à leur adversaire, Mamadou Thiaw, qui se réclame aussi coordonnateur de l’Apr, par ailleurs tête de la liste dissidente de And Jarigne Sénégal, de rembourser les 2000 FCfa soutirés aux femmes des 51 villages à qui il a promis des financements. «Dans les villages où nous passons, les femmes nous réclament leur argent parce qu’elles n’ont pas vu les financements promis. Nous ne pouvons plus tolérer que Mamadou Thiaw continue de dire que Macky Sall parraine sa coalition. La coalition présidentielle s’appelle Bby et c’est nous. Nous lui donnons une semaine pour rembourser l’argent de ces pauvres femmes, quitte à le renvoyer devant les Tribunaux», menace Khady Dione.

De son côté, Mamadou Thiaw s’est dit prêt à déférer à toute convocation. Il balaie d’un revers de main les accusations d’escroquerie. «C’est faux. J’ai organisé la Fédération des Gie de la commune de Tassette. Elles ont reçu d’une institution financière 20 millions de FCfa contre une caution de 227 500 FCfa. Je suis prêt à déférer à toute convocation. Le Président Macky Sall m’a remis un véhicule 4X4 et une avance de 2 millions de FCfa pour bien le représenter à Thiès. Ils ont peur parce qu’ils vont perdre», dit-il.

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

SINDIA

Deux bœufs immolés dans le siège du Conseil rural sept moutons enterrés vivants dans le périmètre communal

La bataille pour le contrôle de la commune de Sindia ne va se livrer sur le seul terrain politique. Parallèlement aux moyens déployés par les trois listes en compétition dans cette localité, d’autres armes sont fourbies pour sortir victorieux des élections locales du 29 juin prochain. A Sindia, la campagne électorale aborde son virage mystique. Des accusations et contre-accusations polluent le milieu politique après que deux beaufs, noir et blanc, ont été immolés à l’intérieur du siège de la communauté rurale. La viande des bêtes a été donnée en offrande aux populations. Egalement, il a été découvert que sept moutons ont été enterrés vivants dans le territoire de Sindia. Dans cette localité, le Parti socialiste (Ps) qui présente deux listes différentes, aura d’énormes difficultés face à son adversaire du Parti démocratique sénégalais. Ousmane Lô du Ps, qui trône depuis 18 ans à la tête du Conseil rural de Sindia, va en découdre avec son poulain Thierno Diagne, son adjoint au Conseil rural. Tandis que le Pds a présenté Diallo Diao comme tête de liste.

ALIOUNE DIOP

RUFISQUE

Trois journalistes tabassés, la maison d’un candidat saccagée et une manifestation dispersée par des coups de feu

A peine la campagne électorale pour les Locales est-elle lancée à Rufisque que la violence s’y invite. Trois journalistes ont été victimes d’agression perpétrée par des hommes non encore identifiés et qui accompagnent les différents candidats en lice. Il s’agit d’Arfang Sané du site d’information Echo2 de Rufisque, Fatoumata Sèye de la radio Jokko Fm et Sana Diallo de Fm Sénégal. Nos confrères ont tous été sévèrement battus. A la rédaction de Jokko Fm, les responsables laissent le soin au préfet Hassane Sall de prendre les dispositions idoines. Ce dernier compte saisir toutes les têtes de liste afin que le jeu démocratique soit respecté par tous, avant de sévir. Toutefois, les différentes victimes ont la latitude de porter plainte individuellement, en attendant que leurs différentes rédactions prennent des dispositions. Cette agression expose le reste de la corporation, qui condamne ces actes barbares et anti démocratiques.

Dans cette série de violences, la maison du candidat Djiby Samb sise aux Hlm de Rufisque n’a pas été en reste. Le domicile de la tête de liste du mouvement Takhawou Tenghethie a aussi reçu la visite de nervis qui ont tout saccagé. La violence constatée dans la commune de Rufisque s’est étendue à Sangalkam, où la manifestation de la coalition Vision Rufisque/Sangalkam a été dispersée par des tirs d’arme à feu. Face à la presse hier, la tête de liste Bara Gueye indexe la sécurité du candidat Oumar Guèye de la coalition Benno Bokk Yaakaar et déclare avoir déposé une plainte auprès de la gendarmerie de la localité. Une accusation battue en brèche par certains proches du ministre du Tourisme, qui soutiennent que Bara Gueye et ses proches veulent profiter de cette situation de violence électorale pour se refaire une santé politique. «Ils sont en mal de popularité et savent qu’ils sont battus d’avance. Tout ce qui leur reste, c’est de verser dans des accusations gratuites et non fondées», fulminent ces souteneurs du ministre Oumar Guèye.

OUSSEYNOU THIAM

L'Observateur