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Yémen : Macky persiste dans la menace

Depuis quelques temps, le débat fait rage après la décision inopportune et injustifiée du Président de la république, son Excellence monsieur Macky Sall d’envoyer un contingent de Jambars en Arabie Saoudite au grand dam de la majorité du peuple sénégalais qui ne comprend toujours pas les tenants et les aboutissants d’un tel engagement. Une situation qui a mis d’ailleurs le gouvernement dans une situation inconfortable depuis la déclaration du ministre des affaires étrangères, Mankeur Ndiaye à l’Assemblée Nationale qui officialisait ainsi l’envoi de troupes sénégalaises en Arabie Saoudite pour dit-il défendre les Lieux Saints. Ce qui n’est rien d’autre qu’une duplicité inacceptable, qui ne dit pas son nom.


Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Mai 2015 à 22:17 | | 0 commentaire(s)|

Yémen : Macky persiste dans la menace
En effet, à ce que l’on sache le royaume des Séoudes n’est point attaqué. Au contraire, c’est Ryad pour des considérations géostratégiques, en compagnie d’autres pays arabes qui a attaqué le Yémen le 26 avril 2015 après la prise du pouvoir par les rebelles houthis, une minorité chiite délaissée par les différents pouvoirs qui se sont succédé dans ce pays en guerre perpétuelle et fort contrastée où l’activisme de Qaïda et dernièrement de l’Etat islamique dit Daech, n’est plus à démontrer. Dès lors, l’on se demande où est la place du Sénégal dans cette guerre qui est loin d’être la nôtre, malgré la diversion du gouvernement qui n’a pas éclairé jusqu’à présent la lanterne des Sénégalais sur la question surtout avec l’absence d’un mandat de l’ONU. Tout cela pour dire que les troupes sénégalaises ne partent pas en Arabie Saoudite pour faire du tourisme, mais pour faire la guerre.

C’est la triste vérité ; et le Président de la République doit prendre ses responsabilités et assumer toutes les conséquences qui en découleront que d’aucuns qualifient de « procuration ». Pour dire la dangerosité de l’envoi de troupes sénégalaises dans ce bourbier qui si l’on n’y prend garde risque d’embraser davantage cette région foncièrement instable. En fait, la République Islamique d’Iran, soupçonnée de se doter d’armes nucléaires, est injustement sanctionnée depuis quelques années par l’occident avec la complicité d’un monde arabe divisé en partie par des querelles confessionnelles. Pour la bonne et simple raison, pour rappel, quand les puissances nucléaires actuelles se dotaient de l’arme atomique, elles n’avaient demandé l’aval de personne.

Mieux, depuis les années soixante dix, on nous parle de non prolifération des armes nucléaires, pourtant ces mêmes puissances continuent jusqu’à présent à fabriquer des armes nucléaires de destruction massive. Sinon, on n’aurait pas pu atteindre les 14000 ogives nucléaires que posséderaient les puissances dites nucléaires. C’est de l’hypocrisie ! Mais, les monarchies du golfe obnubilées par la conservation de leur pouvoir, n’ont cure de cette évidence, malgré la possession de l’arme atomique par Israël qui refuse jusqu’à présent de signer le fameux traité de non prolifération nucléaire. D’ailleurs, on a l’impression que ces divergences entre l’Iran et les monarchies du golfe dépassent même le cadre confessionnel.

En effet, on dirait qu’il existe une sorte de jalousie des monarchies du golfe envers Téhéran qui, il faut le souligner, à part Israël, est la seule démocratie viable dans la région depuis près de quarante ans. Mieux, sur le plan économique, l’Iran a pu bâtir une véritable industrie grâce aux recettes du pétrole à la différence des autres monarchies du golfe à l’instar de l’Arabie Saoudite préoccupée à développer des politiques sociales pour prévenir toute velléité de soulèvement d’un peuple qui subit depuis des décennies les contrecoups du partage inéquitable des richesses émanant des ressources pétrolières. Tout cela pour dire que la menace iranienne que Ryad tente de résumer uniquement sous l’angle confessionnel, est à la limite infondée. Parce que tout le monde sait que Téhéran n’osera jamais s’attaquer à la Mecque pour imposer son chiisme au monde musulman.

Mieux, les accords de défense qui lient Ryad et Washington empêcheraient cette éventualité. Même si, on sent une certaine frustration de Ryad envers les Etats Unis depuis la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en mars dernier. Un accord qui mettra fin très prochainement aux sanctions contre Téhéran dont l’économie est étouffée ces dernières années ; il reste qu’on constate une sorte de surenchère sur les intentions iraniennes au Moyen Orient. En tout cas, cette nouvelle donne va certainement modifier le rapport de force dans cette région. Et Ryad en est conscient surtout après la chute du régime bassiste de Bagdad en 2003 ; même si la Syrie foncièrement chiite est secouée depuis voilà presque cinq par un soulèvement populaire, force est de constater qu’avec la fin des sanctions, l’Iran est en position de force dans la sous région.

D’ailleurs, cette montée en puissance de Téhéran s’invita au traditionnel sommet annuel de Washington. Un sommet qui réunit les Etats Unis et les monarchies du golfe. En fait ces dernières à l’exception de l’Arabie Saoudite du roi Salman, le grand absent du sommet, ont exprimé leur crainte à Obama face à une supposée menace iranienne. Même si, Obama semble calmer le jeu en les rassurant de la protection inébranlable des Etats Unis et du soutien de Washington de l’opération en cours au Yémen baptisée « Tempête décisive » face aux rebelles houthis, il reste que le climat de suspicion envers Téhéran a atteint son paroxysme.

Ainsi, on peut dire que cette guerre au Yémen menée par Ryad en compagnie d’autres pays arabes, semble être la première étape d’une guerre d’influence qui risquerait d’embraser toute la sous région si les forces en présence ne reviennent pas à la raison. Une Situation qui doit pousser le Président Macky Sall à mesurer les conséquences de l’engagement du Sénégal pour revenir sur sa décision, car les 2100 jambars comme je l’ai souligné tantôt, ne vont pas en Arabie Saoudite pour faire du tourisme. Pis, l’activisme d’Al Qaïda et de l’Etat Islamique dit Daech dans cette partie du monde, est une réalité. Mieux, le pacte d’allégeance de Boko Haram à l’Ei doit être prise très au sérieux par les gouvernements africains en particulier celui du Sénégal dont le chef s’entête à engager ses troupes dans une guerre qui est loin d’être la nôtre. Mais, qu’est ce qu’on voit après le tollé soulevé et l’indignation suscitée depuis l’officialisation de la décision, Macky Sall persiste et signe.

En effet, certainement revigoré par le soutien supposé des familles maraboutiques, le Président Macky Sall semble faire dans la menace en ces termes : « J’ai décidé d’envoyer des soldats en Arabie Saoudite. Le débat sur l’armée n’est pas à débattre. Le chef suprême des armées a décidé. Un point, un trait. Pas de discussion là-dessus. Cela doit être entendu par tout le monde. Il faut qu’on arrête ce débat malsain entretenu à des fins politiques !» Ce qui est ni plus ni moins une maladresse de sa part, car on n’a pas élu un monarque encore moins un dictateur mais un Président de la République, élu au suffrage universel. Une façon de trancher qui nous rappelle à bien des égards des dictateurs.

D’ailleurs, les services de communication de la présidence doivent immédiatement remédier cette carence en vue d’améliorer la communication du Président Macky où beaucoup de dérapages sont notés ces temps-ci. Par exemple, lors de la grève des enseignants, il n’a pas hésité à inviter les enseignants à l’année blanche s’ils veulent.

Par ailleurs, très en verve, le chef de l’Etat Macky Sall nous invite à un débat économique sérieux. Mais, mon cher Président, le leader du Rewmi vient juste de vous interpeller sur ces questions économiques qui vous sont si chères. En effet, Idrissa Seck dit que : « Trois ans de slogans et de discours démagogiques pour aboutir à un débat stérile sur le quinquennat dont le seul but est de justifier un manquement à la parole donnée et aux engagements pris, ont retardé une correcte prise en charge des besoins vitaux des populations. Les changements promis ne sont pas visibles dans aucune des localités visitées. Localités dont certaines, nous dit-on, sont le fief du président de la république. L’incapacité notoire de ce dernier et de son gouvernement à se concentrer sur l’essentiel a fini par dégrader les conditions de vie ces populations qui sont abandonnées au profit de dépenses de prestiges et de propagandes. »

Un discours du patron de Rewmi qui semble prendre au dépourvu le pouvoir, dans la mesure où au lieu d’apporter la réponse qui sied, les partisans de Macky Sall comme à l’accoutumée, passent tout leur temps à raconter des insanités ou à nous conter des histoires connues de tous. Par exemple, si ce n’est pas monsieur Mor Ngom qui nous parle de l’hôtel Saint James, c’est Youssou Touré qui nous rappelle la dualité entre Me Wade et Idrissa Seck au sommet de l’Etat.

En fait le débat n’est pas sur le passé d’Idrissa Seck, mais sur les difficultés du pouvoir à réaliser ses promesses si difficultés il y’a ! Par exemple, comme l’a constaté monsieur Seck qui dit que dans le Fouta « Les infrastructures sociales de base de Matam, Kanel, Ranérou, sont souvent réalisées par l’effort de nos compatriotes de la diaspora, ou le bureau du proviseur, celui du censeur ainsi que la salle des professeurs du lycée de Salémata sont en paille et en plein air ; le district sanitaire de Kédougou qui tient lieu d’hôpital régional ne soit pas doté d’un gynécologue et d’un pédiatre… » Tout cela pour dire qu’on aurait souhaité que le pouvoir édifie les sénégalais sur ces interpellations au lieu de fuir le débat et de nous divertir. Mais quand le pouvoir est allergique à la critique même constructive comme l’opportunité ou non d’envoyer 2100 Jambars en Arabie Saoudite, on ne peut que s’en désoler. Et c’est dommage !


Ousmane Diallo chargé des statistiques à CADA Email :d.osmane@yahoo.fr/777945715