leral.net | S'informer en temps réel
Mardi 12 Août 2008

2ème Jet




2ème Jet
Chapitre 1

1998, un repère et un point de départ.



Ils avaient une moyenne d’âge de vingt cinq ans. En l’espace d’une après-midi la vie d’une bande de trois copains a basculé pour, subitement, devenir un véritable cauchemar pendant les neuf années qu’ils ont été emprisonnés, pour avoir commis un assassinat sur la personne de l’ancien vice-président du Conseil Constitutionnel, Me Babacar Sèye. Le 7 janvier 2005, à l’issue de débats houleux, l’Assemblée nationale les réhabilite en votant, en leur faveur une loi d’amnistie qui efface les faits et les restaure dans l’intégralité de leurs droits civils, civiques et politiques dont une condamnation criminelle les avait privés, le 7 octobre 1994.

Ayant beaucoup de peine dans la conscience, portant le poids de cette mort, l’un des condamnés de l’époque, en l’occurrence Pape Ibrahima Diakhaté situe les responsabilités. Certes, la Justice avait en 1994 refusé de renvoyer devant les assises les politiques identifiés par l’accusation comme étant les commanditaires de l’acte. La polémique concernant une éventuelle implication de ces politiques ne s’est pourtant jamais estompée. Elle s’est même, au contraire, davantage damplifiée avec la loi d’amnistie votée le 7 janvier 2005. Certains la considèrent comme un aveu de culpabilité et une volonté de se s’auto protéger contre toute tentative éventuelle de faire rouvrir ce dossier par la Justice.

En tout état de cause, cette loi peut paralyser les actions judiciaires éventuelles mais elle ne pourra jamais dissiper le doute qui habite les Sénégalais, quant à une éventuelle implication de certains responsables politiques dans ce drame. Pape Ibrahima Diakhaté a publiquement exprimé son opposition au vote de cette loi d’amnistie. En décembre 2004, il s’est confié à nous à ce sujet, après l’avoir fait dans une série d’entretiens au cours des mois d’octobre et novembre de la même année. Il a livré sa version des faits, en faisant des révélations étonnantes qui revêtent un sens particulier dans le contexte actuel.
C’est un homme habité par le remords et traumatisé par la mort de Babacar Sèye que nous avons interrogé. Les entretiens que nous avons réalisés avec lui sont disponibles en version images et son. Les révélations qu’il nous a faites sont terrifiantes. D’autres jeunes qui ont participé avec lui dans les événements de 1988 et de 1989 nous ont également confié leurs versions de ces faits. Ils ont été des complices du crime commis contre Me Sèye quoique n’ayant jamais été jugés. Nous les avons longuement interrgés pour vérifier les allégations de Diakhaté.
Deux d’entre eux sont actuellement employés par le Conseil régional de Dakar. Tous les deux y ont été recrutés par les responsables du Parti démocratique sénégalais. Ousmane Sène dit « Tenace » et Ameth Guèye confirment Diakhaté. Les deux personnes ont été longuement interrogées à l’époque par les enquêteurs qui avaient en charge l’affaire Sèye. Ceux-là les soupçonnaient d’être des complices du crime. Ils l’admettent aujourd’hui, après l’avoir longtemps nié et expliquent comment ils en étaient arrivés là. Leur aveu est motivé par la déception et par le sentiment d’avoir été trahis, par ceux qui les avaient poussés à agir. Déception par rapport au sort que les anciens alliés réservent à la nation et à eux-mêmes. Nous n’avons pas lutté pour les résultats qui sont présentés au final, fulminent-ils.
Le matin du crime l’un d’entre eux, Ousmane Sène dit « Tenace », n’a pas pris place à bord véhicule qui a pris en chasse celle de Me Sèye, car Clédor Sène le lui avait demandé, pour permettre aux tueurs de se sentir plus à l’aise à l’avant et à l’arrière du véhicule des meurtriers, pour mieux opérer. Ce 15 mai 1993, Pape Ibrahima Diakhaté a utilisé, au cours du meurtre, une arme en fait, un pistolet 7. 65, qui a toujours été affecté au complice laissé en rade. Aujourd’hui, Ousmane Sène dit « Tenace » n’en revendique pas moins et sans réserve son implication dans l’affaire Sèye. Eux tous m’ont parlé au cours de longs entretiens.

Tous les trois, en particulier Pape Ibrahima Diakhaté, cherchent à soulager sa conscience meurtrie. Lui et ses amis souffrent. On les comprend. Et davantage encore, dès lors que l’on prend la peine d’écouter leurs confessions. Lors de ma première rencontre avec Pape Ibrahima Diakhaté, j’ai été particulièrement frappé par la sincérité des confessions qu’il livre. Celle-ci est surtout perceptible à travers l’expression de la profondeur de la détresse de l’homme.

Le timbre de la voix enrouillé presque par la rage rythmant l’expression donne toute la mesure de cette sincérité. Nous en avons fait le constat dès notre première rencontre.
Nous sommes le vendredi 29 octobre 2004. Dix heures. Je viens juste d’arriver dans les locaux de Sud communication à l’immeuble Fahd, Avenue Djily Mbaye. La préposée à l’accueil m’informe qu’un homme qui refuse de décliner son identité, demande à me parler. Je quitte aussitôt le bureau de Abdoulaye Ndiaga Sylla, directeur de publication de Sud quotidien avec qui je m’entretenais, pour venir accueillir mon visiteur. Je l’ai trouvé debout comme un poteau dressé, face à la standardiste qui, manifestement, était perturbée par la méfiance affichée par l’homme. A mon arrivée, Pape Ibrahima a esquissé un sourire a serré la main que je lui tendais et m’a dit :

- « Grand, c’est moi Pape Ibrahima Diakhaté.. »

Ma réaction est à la mesure de ma surprise et de mon étonnement. J’ai senti mon sang ne faire qu’un tour. En tenant sa main dans la mienne, j’ai cette réaction :

- Quel Pape Ibrahima Diakhaté? Le même ? Celui qui a participé à l’assassinat de Me Sèye… ?

Je le sens confus, voire gêné. Il bafouille sa réponse :

- « Hein ! Grand, ne dit pas ça, le mot est fort. »


Un sourire traverse en ce moment son visage. Il tente de se cacher derrière sa main droite. Je le prends immédiatement par l’épaule et l’entraîne vers l’escalier de secours pour le soustraire des regards des nombreux visiteurs qui arrivent au poste de sécurité et c’est là où il me dit :

« Est-ce que tu te souviens de mon appel téléphonique, il y a quelques mois, c’était juste quand vous avez sorti votre dernier livre, en juillet 2003 ? Je crois que le moment est venu de parler et c’est avec vous que je veux le faire. »

Quelle curieuse coïncidence ! Depuis la sortie de prison des trois meurtriers, je cherchais à contacter l’une des trois personnes accusées et condamnées, le 7 octobre 1994, par la Cour d’Assises siégeant à Dakar. Quelques semaines après son élargissement de prison, j’avais rencontré Assane Diop dans le bureau d’un ami. J’ai eu un bref entretien avec lui. Je l’ai écouté ce jour pendant au moins une bonne quinzaine de minutes. L’homme ne me semblait pas très interessant ni trop cohérent pour aider à conduire notre projet. Sans avoir renoncer à poursuivre avec lui, je décidais, compte tenu de tout ce qui était dit sur la position centrale de Clédor Sène, de solliciter ce dernier pour la finalisation de mon projet.
J’avais, ensuite, changé d’option quand j’ai été informé que des relations très solides, teintées d’une forte admiration de l’un vers l’autre, liaient Clédor Sène et l’actuel chef de l’Etat. Son admiration pour l’homme d’Etat était sans bornes, me diasait-on. J’avais donc pensé que Clédor Sène n’accepterait jamais de me parler. Je n’avais pas eu tort de penser ainsi. Plus tard, Pape Ibrahima Diakhaté me révélera que Clédor Sène ne voulait pas entendre parler de moi. Les deux personnes ont eu à échanger à mon sujet, après la parution de mon dernier livre qui révélait aux Sénégalais la décision du Chef de l’Etat d’indemniser la famille de Me Babacar Sèye.

Après avoir renoncé à rencontrer Clédor Sène, Pape Ibrahima Diakhaté devenait une cible et une source privilégiée et prioritaire. Et ce, d’autant plus que, c’est le seul, avec Clédor Sène, à avoir mis en cause, dans les premiers procès verbaux d’enquête de police les responsables du Pds. Je pensais qu’il en savait au moins autant que Clédor Sène qui a pourtant toujours été présenté comme le cerveau du complot.

J’ai utilisé les services d’un jeune confrère qui s’est lié d’amitié avec lui pour contacter Pape Ibrahima Diakhaté et pour lui transmettre mes souhaits. Le confrère a admirablement réussi la mission que je lui avais confiée. C’est Pape Ibrahima qui a pris l’initiative de me recontacter par téléphone au plus fort de la polémique soulevée par la sortie de mon livre : « Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance piégée ? »





J’ai toujours eu de l’intérêt pour l’affaire Me Sèye. Cet intérêt tient au fait que cette affaire qui avait fini par jeter le discrédit sur l’ensemble de la classe politique sénégalaise, comme aucun événement ne l’avait jamais, auparavant, réussi, constitue pour tout journaliste un objet et un sujet professionnel particulièrement passionnant. Les faits, leur déroulement et le procès qui a suivi laissent penser qu’il y a derrière ce crime une conspiration, mettant dangereusement en cause le pouvoir et son opposition de l’époque.

L’envie de commettre un texte sur cette affaire a été renforcée par la découverte surprenante que j’avais réalisée en rédigeant mon dernier ouvrage. J’avais, en effet, appris que la famille de Me Sèye avait été indemnisée par le président Abdoulaye Wade. Mieux ou pire, j’avais également appris de mes informateurs, concernant les meurtriers de Me Sèye, que chacun d’eux avait reçu la somme de dix huit millions de francs Cfa, après leur sortie de prison.

Cette somme d’argent, précisaient mes informateurs, avait été versée en trois tranches. Je n’avais pas publié l’information car au moment de la parution de mon ouvrage je n’avais pas pu la vérifier à ma satisfaction. C’est dire que ma rencontre avec Pape Ibrahima Diakhaté a été décisive dans ma volonté de revenir sur l’affaire Me Sèye.

En voyant l’homme et en l’écoutant, j’ai très vite compris, quels étaient le sens de son mal et la profondeur de son désir de se confier. Ses premières phrases fusent comme si l’homme était pressé de se dévoiler :
« Ceux qui pensent que je parle pour de l’argent n’ont rien compris. Ils ne peuvent pas me comprendre. Je ne veux soumettre personne à un quelconque chantage. Dieu, que c’est pesant de porter sur sa conscience la mort d’une personne.

J’ai été arrêté, accusé et jugé comme co-auteur, du meurtre de l’ancien président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye. J’assume et je demande à Dieu et à la famille pardon mais nous ne devons plus être les seuls, nous trois, à expier. Ceux qui nous ont volé neuf ans de notre vie doivent, eux aussi, rendre des comptes. Nous avons tué sur commande. La nation doit maintenant le savoir.

Nous n’avons plus le droit de maintenir le mensonge autour de la thèse de la simulation. Tout a été, jusqu’ici, mensonge. Pourtant, nous n’avions dit que la vérité, rien que la vérité, quelques heures après notre arrestation, en ce qui concerne Clédor Sène et moi-même. »


Ce crime perpétré le 15 mai 1993 avait plongé le pays dans l’émoi et l’incrédulité. Les noms de Pape Ibrahima Diakhaté, de Clédor Sène et de Assane Diop étaient ainsi associés, pour toujours, à un abominable acte criminel. Je mesurais à peine, à l’époque, dit aujourd’hui Pape Ibrahima Diakhaté, la portée de nos agissements. Il ajoute : «

« J’ai été condamné à dix huit ans de prison. Je n’ai purgé que la moitié de cette peine. Je n’ai pas bénéficié de libération conditionnelle pour recouvrer ma liberté, j’ai plutôt été gracié par le Chef de l’Etat, le président Abdoulaye Wade. »

Après cette grâce, alors que personne ne s’y attendait, une proposition de loi a été déposée le lundi 28 décembre 2004, sur le bureau de l’Assemblée nationale, par le député du département de Kaffrine, Ibrahima Isidore Ezan, membre du Parti démocratique sénégalais, aux fins d’amnistier tous les faits concernant l’affaire Babacar Sèye. La nouvelle qui a surpris tous les Sénégalais a été largement commentée dans la presse. Face au tollé soulevé, Pape Ibrahima Diakhaté s’explique :

« Je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir directement dans le débat. Je me suis décidé, alors que je n’avais jamais, auparavant, fait de déclaration publique sur cette affaire, à prendre la parole, sur les antennes de la radio privée Sud Fm, pour dire toute mon opposition à la volonté exprimée par certains politiciens qui veulent utiliser la voie de l’amnistie pour tenter d’enterrer définitivement le dossier. »

Pendant toute l’enquête de police et selon les indiscrétions parues dans la presse, Clédor a été toujours considéré comme le cerveau du complot. Pape Ibrahima Diakhaté a été souvent présenté comme un garçon immature, un déviant qui n’a aucune conscience de la gravité des faits qui lui étaient reprochés, ni comment ils étaient arrivés. On disait qu’il préférait s’en remettre à son ami Clédor pour éclairer les enquêteurs et plus tard le tribunal. En le rencontrant nous avons eu une autre image de l’homme. Il a, sans conteste, mûri. Il assume et invite à une réflexion sur la loi d’amnistie votée le 7 janvier 2005. Son attitude atteste d’une très grande maturité. Il se veut catégorique :

« Je me suis opposé à cette loi et je continuerai de m’ y opposer car même coupable, je refuse, pour le bénéfice de l’histoire, et par souci de faire éclater la vérité de donner ma caution à une telle entreprise. Certains seront surpris de m’entendre dire que je suis profondément attaché aux valeurs de la démocratie, à l’éthique et à la transparence. C’est au nom de ce combat que j’avais pensé qu’il était utile d’accepter et d’exécuter le complot contre la vie de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel. Ce fut une faute grave et tragique. Je le confesse. Et c’est au nom de ces mêmes principes que je me suis décidé à apporter mon éclairage et mon modeste concours pour la manifestation de la vérité. Au fond, tous les démocrates sérieux et sincères expriment ce même désir de vérité.

J’ai besoin de cette vérité pour ma propre conscience. J’en aussi besoin pour que mes enfants demain sachent pourquoi j’ai tué et comment j’en étais arrivé là. A défaut d’absoudre un père ayant sur sa conscience la mort d’un homme ils comprendront mieux son acte. Ce père qui, tout en plaidant coupable, sollicite de larges circonstances atténuantes, car certain que l’innocence d’un adolescent et sa naïveté ont été abusées par des politiciens sans foi ni loi. C’est le moment de parler. A ma façon, je donne ma version des faits après avoir longtemps participé à un mensonge qui n’honore pas ceux qui ont travaillé à le rendre possible pour travestir la vérité.

Je savoure pleinement ma liberté retrouvée. Je n’ai pas pourtant le sentiment d’avoir été injustement condamné. La peine qui m’a été infligée était méritée. Elle ne compensera, d’ailleurs, jamais, le mal que nous avons commis. Aujourd’hui, après quarante ans révolus, je mesure, à sa juste dimension, la portée de l’acte que mes camardes et moi avons posé, ce samedi 15 mai 1993, en assassinant Babacar Sèye. C’était aux environs de quinze heures trente sur la corniche ouest de Dakar. Cela souleva l’émoi et l’indignation dans le pays. »


Des assassinats à caractère politique, il y en a déjà eu au Sénégal. On se souvient de la tragédie du meurtre perpétré, en 1967, sur la personne de Demba Diop. Celui perpétré le 15 mai 1993, alors que les Sénégalais viennent à peine de prendre connaissance du verdict des élections législatives, organisées quelques semaines auparavant, revêt un aspect particulier en ce que la victime n’est pas un homme politique mais un juge politique dont l’impartialité était a priori suspectée par ceux qui ont décidé de sa mort.

C’est Pape Ibrahima Diakhaté qui le confirme :

« Nous avons été le bras armé d’un système machiavélique qui ne répugnait nullement, contrairement à ce qui est aujourd’hui affirmé, à marcher sur des cadavres, dans sa longue quête de pouvoir. Nous avons mal agi. Nous avons provoqué le malheur d’une famille en ôtant la vie. Cette tragédie ne quittera plus jamais ma conscience. Je demande pardon tout en sachant que la famille de Babacar Sèye aura du mal à le faire. Nous avons ajouté à son malheur l’offense.
Nous avons été lâches par nos mensonges. Pourquoi avoir soutenu au cours de notre procès, comme pendant l’instruction du dossier, que nous avons participé à un maquillage à une simulation, alors que nous savions pertinemment que cette allégation n’était pas vraie. Nous avons tué sur ordre ? »

Pourquoi parler aujourd’hui ? Pourquoi avoir attendu maintenant pour accuser à nouveau ? L’intéressé se dévoile avec une étonnante lucidité :

« Je ne cesserai, pour le restant de ma vie, de regretter mon geste. Je solliciterai toujours la grâce et le pardon de Dieu. J’espère qu’il m’entendra en m’accordant une partie de son infinie miséricorde. Je ressens un extraordinaire besoin de soulager ma conscience sur laquelle pèse à la fois le poids de mon acte criminel et celui d’un mensonge inacceptable. J’ai grandi et mûri. La prison a été pour moi un véritable purgatoire. Elle n’a certes pas effacé mon acte mais elle aura largement contribué à façonner une autre personnalité en moi. Elle a guéri le mal qui m’a été inoculé. J’ai surtout guéri car j’ai, enfin, compris que le combat auquel nous étions conviés était certes juste, dans ses fondements philosophiques et politiques, mais ceux qui l’incarnaient, au plus haut niveau, n’étaient que des roublards, des tartuffes, de dangereux criminels revêtus du manteau _politique et prétendaient avoir fait don de leur personne à la nation.

C’est dès 1998 que nous avons croisé le chemin de ceux qui conduisaient notre groupe, par la manipulation, par l’arnaque et le mensonge au crime de 1993. »
Cette année 1993 fut pour le Sénégal un repère et un point de départ de violences politiques d’une rare gravité qui ne s’estomperont qu’avec l’assassinat de Babacar Sèye et le massacre en 1994 de six agents des forces de l’ordre atteints en service commandé, avec la bénédiction de certains chefs politiques. Le chemin infernal de la dérive criminelle et le processus irréversible vers le cadavre de Me Babacar Sèye, s’est, en réalité, ouvert devant nous, bien avant. En 1988, précisément.

Il a été l’aboutissement logique d’un cheminement que l’on ne peut pas comprendre si toiutefois on ne le rattache pas aux années de braise de 1988 et de 1989.

Nous sommes le 29 février 1988, la Cour suprême à l’époque présidée par le juge Ousmane Camara n’avait pas encore proclamé les résultats des élections générales que la violence s’enclenche dans le pays. La ville de Dakar est particulièrement touchée. Abdoulaye Wade, Ousmane Ngom, Boubacar Sall du Parti démocratique sénégalais sont arrêtés. Le 1er mars, Abdoulaye Bathily, de la Ligue démocratique (Ld), Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) sont, à leur tour, arrêtés. Tous les deux sont alliés à Abdoulaye Wade. Ils ont soutenu sa candidature à l’élection présidentielle.

Abdoulaye Wade exerce une incontestable fascination sur une bonne partie de la jeunesse. Celle-ci trouve dans le discours de l’opposant de bonnes raisons d’adhérer à son appel pour le changement et de mener avec lui le combat qu’il a, dit-il, engagé au nom de la jeunesse. Une jeunesse qui pense, à tort ou à raison que le discours en question est porteur d’espoirs. Non seulement il fascine, mais l’homme sait le servir, dans une posture telle que, le doute n’est pas possible.

Les mots et les slogans décrivent avec une rare pertinence, la situation de délabrement moral, économique et social dans laquelle la politique mise en œuvre par les adversaires de l’opposant, a plongé le pays, depuis l’indépendance de la nation. Aussi, crée-t-elle une armée de jeunes chômeurs, à peine nés ils sont retraités de l’avenir. Ils se rebellent et engagent le combat avec le responasble de leur malheur.
Senegal Leral






Publicité