Leral.net | S'informer en temps réel

En crise, les Pays-Bas oublient les extrêmes

Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Septembre 2012 à 12:45 | | 0 commentaire(s)|

À l'issue des législatives, les libéraux et les travaillistes, tous proeuropéens, devraient s'allier.


En crise, les Pays-Bas oublient les extrêmes

Le premier prône l'austérité, le deuxième la relance. Mais, tous deux proeuropéens, ils devraient bien finir par s'entendre. Au coude-à-coude dans les sondages, le premier ministre Mark Rutte, chef de file des libéraux, et son adversaire travailliste Diederik Samsom ont réussi à couvrir les vociférations contre l'UE des partis extrémistes: bien qu'ils s'en défendent, ils seront très probablement amenés à engager, dès jeudi, des négociations en vue de la formation d'une coalition «violette» (rouge + bleu).

Inspiré de François Hollande
Selon un sondage paru lundi, libéraux et travaillistes obtiendraient chacun 35 sièges à la chambre basse du Parlement, qui en compte 150. Hostile à «l'austérité insensée», le Parti socialiste (extrême gauche), qui a longtemps talonné les libéraux, est en recul. Il devrait obtenir une vingtaine d'élus, tout comme le Parti de la liberté de Geert Wilders, europhobe et islamophobe.

Révélation de cette campagne, l'ancien activiste de Greenpeace Diederik Samsom, 41 ans, n'hésite pas à se réclamer de François Hollande. Son credo: investir pour relancer l'économie, tout en taxant davantage le secteur financier et les revenus les plus importants. «Totalement inconnu il y a quelques semaines encore, le nouveau chef des travaillistes s'est montré brillant dans les débats, raconte le politologue Andre Krouwel. Il joue sur sa “normalité” comme votre président. Il dit: “Regardez la France! Ce sera dur, mais c'est comme ça qu'il faut faire.” Et, curieusement, ça marche.»

En crise, les Pays-Bas oublient les extrêmes
Les travaillistes prévoient de ramener le budget de l'État à l'équilibre en 2017, sans trop prêter attention à la ­règle, imposée par la zone euro, des 3 % de déficit public pour 2013. Les libéraux, eux, tiennent à s'y conformer dès l'an prochain et proposent un vaste programme de coupes budgétaires.

C'est justement le budget d'austérité qui avait fait voler en éclats, en avril dernier, le gouvernement minoritaire de centre droit. Le populiste Geert Wilders, qui soutenait la coalition au parlement, avait soudain refusé de se plier «aux diktats de Bruxelles». Mais celui qui voulait faire de ces législatives - les cinquièmes en dix ans! - un référendum contre l'Europe est aujourd'hui marginalisé. Samedi, il écrivait sur son compte Twitter: «Un cabinet “violet” formé des libéraux, du Parti travailliste et du D66 (une petite formation sociale-libérale, NDLR) est couru d'avance.»

«Coalition violette»
C'est aussi ce que pense Andre Krouwel. «Les Néerlandais veulent la stabilité, souligne-t-il. Cette coalition violette a été très efficace entre 1994 et 2002. En temps de crise, ce sera plus difficile, mais c'est peut-être la seule manière d'imposer des réformes structu­relles importantes.» Une réédition de cette association serait également une bonne nouvelle pour l'Union européenne: débarrassée des pressions extrémistes, La Haye serait enfin capable, affirment les analystes, d'assurer la discipline budgétaire nécessaire au redressement des finances publiques.




Par Stéphane Kovacs