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Homme de l’année 2016 Leral.net : Bernard Henry Lévy, l’infatigable humaniste défenseur des opprimés du Monde

Rédigé par leral.net le Samedi 31 Décembre 2016 à 09:39 commentaire(s)|

Bernard-Henri Lévy est, certes, d’abord un philosophe. Mais il n’a jamais fait mystère du fait que la philosophie est d’abord, pour lui, un instrument de combat et un moyen de faire avancer les causes qui lui sont chères. D’où cette rubrique qui énumère ces causes et les raconte. C’est le Bernard-Henri Lévy engagé. C’est le Bernard-Henri Lévy humaniste, universaliste, en soutien de toutes les victimes de toutes les oppressions sans exception.
 
Celui qui avait critiqué le  « Discours de Dakar » de Nicolas Sarkozy
 
Beaucoup d’Africains avaient aimé sa critique adressée à Nicolas Sarkozy, alors président de la République de France à Dakar en 2007. C’était en octobre 2007, à l'occasion de la sortie de son livre sur le Parti socialiste « Ce grand cadavre à la renverse », Bernard-Henri Levy a attaqué vivement Nicolas Sarkozy en fustigeant son « Discours de Dakar » et son rédacteur, le conseiller du président de la République, Henri Guaino : « L'homme africain, disait le texte, n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir. Dans cet univers où la nature commande tout, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès. » Il dira : « C'est un discours raciste ».
 
C’est un Bernard-Henri Lévy dont on ne connaît pas assez les qualités de constance et de courage. Courage? L’intrépidité dont il a fait preuve dans ses reportages de guerre ou lors du tournage de « Bosna! » ; de peu d’intellectuels, actuels ou aînés, on peut en dire autant. Constance? On connaît trop peu sa fidélité à lui-même et aux autres, son entêtement à défendre ce qui lui semble juste et vrai, sa façon de ne jamais « lâcher », malgré les années, les batailles auxquelles il s’est trouvé mêlé; cette vertu, aussi, est rare; c’est de contraire de l’esprit du temps et de sa frivolité; c’est Bernard-Henri Lévy.
 
Né le 5 novembre 1948 à Béni-Saf, en Algérie, près d’Oran, Bernard-Henri Lévy passe son enfance au Maroc puis, très tôt, en France où sa famille s’installe dès 1954. Il fait ses études au Lycée Pasteur de Neuilly où ses parents résident. Après une « Hypokhâgne » et une « Khâgne » au Lycée Louis-le Grand, à Paris, cette ceinture noire de judo entre (septième) à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm où il est élève de Jacques Derrida et Louis Althusser et où il se rapproche, sans toutefois y adhérer, des groupes maoïstes (UJCML, puis Gauche Prolétarienne) qui ont, en ce temps-là, la faveur des Normaliens.
 
En 1970, En marge de sa scolarité à la Rue d’Ulm, il entre à Sciences Po, d’où il sera exclu, en cours d’année, pour indiscipline. Il soutient, sous la direction de Michel Serres, son mémoire de maîtrise sur le thème : « Formation et Déplacement des concepts scientifiques selon Georges Canguilhem ». Parallèlement, il collabore au quotidien « Combat », dirigé par Philippe Tesson auquel il donne un long reportage sur l’Irlande du Nord en guerre ainsi que des enquêtes sur la paysannerie française.
 
Agrégé en philosophie en 1971
 
En Juin 1971, il est reçu huitième à l’agrégation de philosophie. En septembre, il dépose, sous la direction de l’économiste et historien Charles Bettelheim (que lui présente Althusser) un sujet de thèse de III° cycle « impérialisme et colonialisme interne ».
 
En novembre de la même année, répondant à l’appel lancé par André Malraux pour la constitution d’une brigade internationale en faveur du Bangladesh, il part pour l’Inde, puis pour le Bangladesh où il passera plusieurs mois : d’abord correspondant de guerre pour le quotidien « Combat » ; puis fonctionnaire-vacataire, chargé des problèmes de « planification», pour le jeune gouvernement de Mujibur Rahman, premier président du Bangla-Desh. Ce long séjour au Bangla-Desh fournit la matière de son premier livre, « Bangla-Desh, Nationalisme dans la Révolution », publié, en 1973, dans la Collection « Cahiers Libres » des Editions Maspéro qui est, en ce temps-là, l’un des lieux de ralliement de l’extrême-gauche intellectuelle. (Ce livre sera réédité en 1985, sous le titre « Les Indes Rouges » au Livre de Poche).
 
De retour en France en 1972, il commence à enseigner, d’abord au Lycée de Luzarches en région parisienne ; puis, pendant deux ans, à l’Université de Strasbourg où il donne un cours d’épistémologie et à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm où il tient un séminaire sur le thème « Politiques de Nietzsche».
 
Rompant avec l’idéologie de l’extrême-gauche, il est choisi par François Mitterrand pour faire partie du « Groupe des Experts» où siègent des hommes et femmes comme Michel Rocard, Laurent Fabius, Edith Cresson, Pierre Bérégovoy, Jacques Attali, Jean-Pierre Chevènement, Kathleen Evin, Jacques Delors ; il y restera, chargé de la question de l’ « Autogestion » , jusqu’en 1976.
 
En 1978, il se rend en Argentine au moment de la coupe du monde, avec une fausse accréditation de journaliste sportif. Mais, est arrêté dès son arrivée à Buenos Aires. Après une brève incarcération, il publie dans Le Nouvel Observateur et dans New Republic un reportage sur les violations des droits de l’homme dont le régime argentin se rend coupable.
 
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Fondateur de « Action internationale contre la Faim » avec Jacques Attali…
 
Il fonde en 1980 avec Jacques Attali, Françoise Giroud, Marek Halter, Maria-Antonietta Macciocchi et d’autres « Action internationale contre la Faim » . Il épouse Sylvie Bouscasse (François Mitterand est d’ailleurs le témoin de mariage) avec laquelle il aura un fils, Antonin-Balthazar-Solal.
 
En septembre 1981, Bernard-Henri Lévy part en Afghanistan avec Marek Halter et Renzon Rossellini pour remettre aux résistants Afghans du Commandant Massoud trois postes émetteurs de radio achetés avec les fonds recueillis par une collecte publique et européenne. Ainsi naît Radio Kaboul Libre. Le « Carnet de route » de ce voyage dans l’Afghanistan occupé et dévasté par l’armée soviétique est publié dans Le Nouvel Observateur. Bernard-Henri Lévy parraine, avec Simone Signoret et Coluche, le mouvement SOS racisme fondé par Julien Dray et Harlem Désir.
 
En 1985, un voyage en Orient le conduit vers sept métropoles asiatiques et aboutit à un nouveau livre, « Impressions d’Asie » (Le Chêne-Grasset), enrichi de photographies signées Guy Bouchet. En novembre, de la même année, associé à Georges-Marc Bénamou et bientôt rejoint par Pierre Bergé, il participe à la création du magazine « Globe » où il tient un bloc-notes mensuel.
 
En 1986, il effectue un voyage en Ethiopie où le « Negus Rouge », Mengistu, organise de gigantesques et meurtriers déplacements de population forcés. De ce séjour, ainsi qu’un séjour dans les provinces en guerre d’Erythrée et du Tigré, il rapporte un grand reportage (« Les camions venus d’Europe arrivent en Illubabor bourrés de bétail humain », L’Evénement du jeudi, 25 septembre 1986) dans lequel il met en cause les effets pervers d’une aide humanitaire qui, lorsqu’elle est aveugle et déliée de toute considération politique, accélère la barbarie. La publication de ce reportage provoque un vif débat au sein d’Action Internationale contre la Faim. Mis en minorité, il quitte, avec Gilles Hertzog et quelques autres, l’association qu’il a fondée. Parutions de « Questions de Principe Deux » (Le Livre de Poche) qui rassemble des articles et essais parus dans la presse française et internationale.
 
En 1987, Bernard-Henri Lévy publie l’Eloge des Intellectuels. Il y interroge le rôle des intellectuels au vingtième siècle. A l’intellectuel engagé traditionnel (né avec l’Affaire Dreyfus), il oppose un « intellectuel du troisième type » (dont « la présence » dans la « cité moderne » est, dit-il, une « clé de la démocratie »).
 
De septembre 1993 à mars 1994, Bernard-Henri Lévy se voue presque exclusivement au tournage du film Bosna!. Tourné sur les lignes de front autant que dans Sarajevo assiégée, dans le feu des batailles autant que dans les caves où survivent les civils martyrisés, ce film est un témoignage unique sur la tragédie de la Bosnie.
 
Avec Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Jacques Juillard, Pascal Bruckner, et quelques autres, il fonde alors le CRI (Comité de Réflexion et Intervention) protestant contre les massacres en cours, non seulement en Bosnie, mais aussi en Algérie et au Rwanda. A l’automne 1994, inspiré par ses engagements, Bernard-Henri Lévy publie un nouvel essai, La pureté dangereuse (Grasset) où il théorise le concept d’une volonté de pureté qui se manifeste aussi bien dans la folie identitaire des Hutus au Rwanda que dans la purification ethnique en Bosnie…
 
Grands reportages sur l’Algérie ravagée par le terrorisme
 
En 1998, il écrit pour Le Monde deux grands reportages sur l’Algérie ravagée par le terrorisme. Ces deux textes, prenant fermement parti contre l’islamisme radical et attribuant à ses militants et activistes la responsabilité principale des massacres, déclenchent, en France comme en Algérie, une vive polémique. Et, au travers de La Régle du Jeu, il fait campagne, sans relâche, pour le soutien aux démocrates algériens.
 
En avril de la même année, il revient à Sarajevo et reçoit, des mains du Président de Bosnie-Herzégovine, pour services rendus au pays, « Le Blason ». Il est l’un des trois seuls Français, avec Bernard Kouchner et le Général Philippe Morillon, à avoir cet honneur. Ayant toujours déclaré qu’il ne voulait aucune décoration, ayant décliné à de nombreuses reprises la Légion d’Honneur française, il fait là, clairement, une exception.
 
Dix ans après la fatwa, Bernard-Henri Lévy publie, avec Salman Rushdie, Questions de Principe VI (Le Livre de Poche), un petit livre qui évoque les années de souffrance de l’écrivain traqué ainsi que son compagnonnage avec lui.
 
En mai, le Prix Aujourd’hui lui est attribué à son livre Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire. Un autre honneur prestigieux est décerné à BHL, mais cette fois en Israël : le Doctorat Honoris Causa de l’Université de Tel Aviv.
 
Le 31 janvier 2002, au Pakistan, le journaliste américain Daniel Pearl est pris en otage, puis décapité, par un groupe d’islamistes, proches d’Al Qaïda. Pendant un an, de Karachi à Kandahar, New Delhi, Londres, Washington, Los Angeles, Jérusalem, Karachi ou encore Islamabad, Bernard-Henri Lévy retrace les pas du journaliste. Le résultat de cette longue enquête paraît aux éditions Grasset sous le titre de Qui a tué Daniel Pearl ? en mai 2003, puis, aux Etats-Unis, en septembre, chez Melville House, dans une traduction de James Mitchell.
 
Le 3 février 2016, Bernard-Henri Lévy publie L’Esprit du Judaïsme, aux éditions Grasset. Plusieurs fois retravaillé, ce livre, fruit de 10 années de recherche ayant notamment amené l’auteur à entrer, selon ses mots, dans « le mystère des lettres carrées » (ndlr : l’hébreu) et à se pencher sur les écrits du livre d’Isaie, du livre de Jonas ou du Malbim (commentateur russe de la torah, 19ème siècle), se présente comme « un plan de bataille et un programme ».
 
Salué par la critique, ce livre est également considéré par le grand rabbin de France, Haïm Korsia, comme « un livre important, car il nous offre l’espoir de poursuivre une lutte que beaucoup auraient abandonnée. »
 

Film-documentaire Peshmerga en 2016 au festival de Cannes
 
Le 8 juin 2016, son film-documentaire Peshmerga sort dans les salles parisiennes, après avoir reçu une ovation au Festival de Cannes, lors de sa projection en Sélection officielle le 20 mai 2016. Ce film de combat et d’alerte, a été tourné, de juillet à décembre 2015, sur la ligne de front qui oppose les combattants kurdes, les Peshmergas, aux troupes de Daech. Bernard-Henri Lévy et son équipe ont filmé au cœur des grandes batailles des secteurs de Kirkouk, de Mossoul et du Sinjar. Des images exclusives de ce documentaire, des territoires tenus par Daech et, en particulier, de la ville de Mossoul survolée à basse altitude, tournées à l’aide de drones, sont inédites dans ce conflit.
 
Le 29 septembre 2016, Bernard-Henri Lévy est l’envoyé personnel du Président François Hollande, aux cérémonies du 75ème du massacre de Babi Yar en Ukraine, l’un des pires carnages de la Shoah par balles. Sur ce lieu-dit, un ravin près de Kiev, en 2 jours, les 29 et 30 septembre 1941, 34 000 Juifs furent assassinés par les nazis.
 
Fin novembre, le prestigieux magazine américain « Foreign Policy » le classe 31ème dans la liste des 100 hommes et femmes les plus influents du monde ; dans cette liste où figurent, entre autres, Barack Obama, Ben Bernanke, Zhou Xiaochuan, Bill Gates, il est le premier français à apparaître. Il est, cette même année, fait docteur honoris causa de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Récemment, Bernard-Henri Lévy a pris position contre la Russie et la Syrie à propos d’Alep qu’il a qualifié de «honte profonde et indélébile »
 
« Le régime de Damas et le Kremlin sèment la mort dans une accablante indifférence. Rien n’a su convaincre nos dirigeants d’agir plus fermement. Mais j’ai honte de moi parce que j’ai plaidé, hurlé dans le désert, écrit des textes en grand nombre – et que je me trouve, cette fois, renvoyé à mon impuissance, à ma rage froide et ravalée, à mes alertes lancées en vain. Mais j’ai honte de vous, de nous tous, parce qu’il y a, aujourd’hui, dans ce monde de 2016, des hommes qui sont des gibiers, des êtres qui doivent payer parce qu’ils ont encore deux jambes, et deux bras, et une tête, au lieu des tas de chair, des lambeaux de corps et des cordelettes de tripes auxquels on veut les réduire – et nous n’avons, face à cela, rien trouvé à faire, ni à dire, ni, parfois, à redire. Nous sommes des défaitistes qui nous prenons pour... »,  a déploré l’écrivain et philosophe
 
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