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Jeudi 26 Février 2009

INFANTICIDE AU SENEGAL: Pourquoi les femmes jettent leurs enfants


Phénomène de société ou fait banalisé? Qu’est ce qui pousse nos femmes à commettre un acte aussi ignoble que d’abréger la vie de leur enfant qu’elles ont porté pendant neuf mois dans leur ventre? Pauvreté? Honte? Peur de jeter l’opprobre sur sa famille ou d’entacher sa réputation? Rejet de leur partenaire en refusant d’assumer leur responsabilité? Les raisons avancées sont multiples, mais les causes profondes constituent bien souvent une énigme.



INFANTICIDE AU SENEGAL: Pourquoi les femmes jettent leurs enfants
Il ne se passe pas un seul jour sans que l’on ne relate à la Une des quotidiens des faits- divers d’une telle nature et avec une régularité ahurissante qui frise la mania.
Si le nouveau-né n’est pas carrément jeté dans une fosse septique (voir L’observateur du vendredi 2 février 2007, l’article intitulé «Aidée par une sage- femme, la femme de ménage expulse son fœtus et le jette dans une fosse septique), il est soit tué («L’Office» du 12 juin 2008 «une élève de 16 ans accouche et tue son nouveau-né). Ou tout simplement abandonné (L’observateur du mercredi 28 février 2007 «Enceinte des fruits de trois relations, l’étudiante se débarrasse de son bébé au cimetière des victimes du bateau Le Joola».

L’infanticide, de la période antéislamique à nos jours
Décrit comme un fait récurrent au Sénégal, l’infanticide est devenu un phénomène fort traumatisant dans nos sociétés. Depuis longtemps dans l’Antiquité et bien avant l’implosion des religions révélées, il y a eu des cas de mort de nouveau-nés. Avant l’apparition du prophète Mohamed (Psl), les nouveaux-nés de sexe féminin étaient systématiquement éliminés pour cause de croyances diverses. Ainsi, durant la période antéislamique, à l'époque de la «Jahilia» (les ténèbres) il y a environ 1400 ans, les familles n'hésitaient pas à enterrer vivant les bébés de sexe féminin sous prétexte que cela augurait de mauvais présage, et que dans la naissance d'une fille, il n'y avait aucun salut ou intérêt dans la mesure où elle était perçue comme un fardeau.
L'Islam est venu interdire cette pratique barbare par des versets contenus dans les sourates Nahl (les abeilles) et Takwir (l'obscurcissement). «Et lorsqu'on annonce à l'un d'eux une fille, son visage s'assombrit et une rage profonde [l'envahit]. Il se cache des gens, à cause du malheur qu'on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l'enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement!» (Sourate 16/versets 58-59). «Et qu'on demandera (au jour du jugement dernier) à la fillette enterrée vivante, pour quel péché elle a été tuée?» (sourate 81/versets 8 et 9).

La naissance d’une fille, une honte en Inde
Selon les estimations des différentes ONG, environ 100 millions de femmes manquent en Inde, au Pakistan et en Chine. C'est la conséquence tragique de plusieurs siècles d'infanticide de bébés de sexe féminin, auxquels s'ajoutent aujourd'hui des millions d'avortements sélectifs. Après avoir été fréquent durant des siècles en Inde et en Chine, l'infanticide des filles reste pratiqué aujourd'hui, mais de manière marginale, dans ces deux pays. La naissance d’une fille est, en effet, considérée comme une honte, en Inde, et, en plus, comme un désastre financier, puisque ses parents doivent, pour la marier, payer une forte dot. Depuis les années 80, les parents sélectionnent donc les naissances par l’échographie et l’avortement, afin de donner le jour à des garçons. Mais l’infanticide postnatal n’a pas totalement disparu. Aujourd’hui, dans les campagnes de l'Inde, on trouve encore des bébés- filles empoisonnées ou étouffées. Conscients des conséquences sociales et économiques à court terme, les dirigeants prennent des mesures pour interdire ces pratiques. En outre, les négligences volontaires dont elles sont l’objet (manque de soins et de nourriture) expliquent que les fillettes ont une mortalité infantile bien supérieure à celle des garçons.

Les enfants-sorciers du Bénin
L’infanticide ne se limite pas uniquement à des pays comme l’Inde ou le Pakistan. En Afrique, aussi, le fait est répandu, mais les «mobiles» divergents. Au Bénin, le fait est courant, notamment chez les ethnies baatonous, bokos et peuls du nord-Bénin. Pour ces peuples, les nourrissons dont la naissance ou le développement n'obéit pas à certaines «normes tribales» sont maudits et doivent être sacrifiés. Et il en faut peu pour que l'enfant soit condamné à mort. Il suffit qu'il se présente par les pieds, l'épaule ou le siège, voire par la tête, le visage face au sol et il est maudit. De même, l'enfant sera condamné si sa mère meurt en couche, s'il ne fait pas ses dents avant l'âge de huit mois, ou si sa première dent apparaît sur la mâchoire supérieure. Les enfants ainsi stigmatisés sont alors confiés à un «réparateur». Celui-ci attache une corde autour des chevilles de l'enfant et le tourne plusieurs fois autour d'un arbre avant de fracasser le crâne du nourrisson contre le tronc de l'arbre. Le réparateur peut également noyer l'enfant ou l'empoisonner afin d'exorciser le mal que celui-ci apporte sur la terre. Dans certains cas, les pauvres victimes peuvent être tout simplement abandonnées dans la brousse et finiront par mourir dévorées par une bête sauvage... Plus rarement trouvées et sauvées par une âme charitable.

Qu’est ce que l’infanticide?
Selon Wikipedia, l’infanticide est le seul crime dont les auteurs sont plus souvent des femmes que des hommes. Le nombre de cas est loin d’être négligeable. On connaît l’usage qui est fait de l’infanticide en Chine, en Inde, pour des raisons culturelles ou sociales, ou dans des tribus. Les Ayoreos, à la frontière de la Bolivie et du Paraguay, enterrent dès la naissance les enfants si un père n’est pas là pour subvenir à ses besoins, s’il a une malformation, si la mère est surchargée, sans plus d’état d’âme que lorsqu’on «exposait» les nouveau-nés dans l’Antiquité. Quand on explique l’infanticide par une cause sinon humaine, du moins rationnelle (cause morale: la mauvaise mère, cause physiologique, économique...), l’acte inspire la colère, le dégoût, mais s’inscrit dans l’ordre de l’humain. Au sens étroit du terme, l'infanticide désigne le meurtre intentionnel d'un enfant, le plus souvent né hors mariage (Illégitimité), immédiatement après sa naissance. Le terme n'inclut pas seulement les décès dus à une mort violente, mais aussi les infanticides involontaires fréquemment dus aux circonstances de la naissance: mauvaises conditions d'hygiène, négligences fatales ou manque de soins après l'accouchement (par exemple la non- ligature du cordon ombilical).

Les explications du Code Pénal
L’infanticide est, selon les termes de l’article 285 du Code Pénal, le meurtre ou l’assassinat d’un nouveau- né. Différents éléments peuvent être cités comme des éléments constitutifs d’un tel crime. L’élément qui différencie l’infanticide des crimes étudiés jusqu’ici est le fait que la victime est un enfant nouveau- né. La définition tirée de la jurisprudence fait apparaître que la notion du nouveau- né est encadrée par une double limite; la limite minimale, l’enfant doit être né vivant quelle que soit sa viabilité et la limite maximale est que l’enfant cesse d’être «nouveau- né» à partir du moment où il doit être légalement déclaré (quand bien même il ne l’aurait pas été) ou quand sa naissance est notoirement connue. Si lors de l’acte homicide, l’enfant avait cessé de vivre et si le coupable le savait, il n’y a ni infanticide, ni tentative. Cela étant, on admet que le meurtre ou l’assassinat doivent être commis peu de temps après la naissance. L’infanticide s’applique donc aux enfants nés vivants à partir du septième mois. Dans la presque totalité des cas, l’infanticide se produit au moment de l’accouchement. Toute destruction de l’embryon avant l’accouchement ou lors de l’accouchement provoqué avant le septième mois de grossesse serait qualifiée d’avortement.
Si l’enfant était né avec des malformations susceptibles d’entraîner sa mort à brève échéance, il y aurait malgré tout infanticide; il n’est pas nécessaire d’établir que l’enfant est né viable. L’infanticide comporte également des éléments communs au meurtre. Pour l’élément matériel, il y a lieu de se reporter aux indications données pour le meurtre. Pour l’élément moral, c’est l’intention de tuer un nouveau- né ; C’est à la police de l’établir. Certains faits comportent nécessairement l’intention: fait de jeter le bébé dans un seau hygiénique, de lui porter des coups violents à la tête. Certains actes peuvent laisser planer le doute. Si le bébé est mort par suffocation, la mère pourra prétendre avec plus de vraisemblance qu’elle a tué l’enfant sans avoir l’intention de lui donner la mort, en accouchant seule ou clandestinement. L’enquêteur doit aussi rechercher la préméditation qui pourra se prouver par certains faits matériels qui constitueront les indices: la grossesse a été cachée, la sécurité sociale n’a pas été avisée ou encore la mère n’a pas préparé la layette. Les peines infligées pour les coupables d’infanticide sont les travaux forcés à perpétuité, si on commet un infanticide avec préméditation. Dans le cas contraire, la peine sera les travaux forcés dont la durée va de 10 à 20 ans.



Profil de la femme coupable d’infanticide
D’une catégorie sociale moyenne, les femmes coupables d’infanticide sont souvent victimes de l’exode rural, confrontées au chômage et au sous- développement de leur contrée. Dans tous les cas, la mère infanticide a conçu sa grossesse hors mariage. Elle a le profil d'une jeune femme non instruite, d'un niveau socio-économique bas et issue du milieu rural. La mère infanticide n'est pas toujours célibataire au moment du meurtre (souvent mariées à des immigrés). Souvent plus âgé que la mère, le père présumé de l'enfant a le même profil socio- culturel que celle-ci. Il peut aussi être issu d’une catégorie socio-professionnelle plus élevée que la mère.
Dans 31% des cas, la mort du nouveau-né a été provoquée par une asphyxie mécanique notamment par strangulation au lien (le cordon ombilical). Les blessures mortelles sont retrouvées dans 17 % des cas et sont dominées par les fractures de la boîte crânienne. L'abandon a été responsable de la mort dans 10% des cas. La complicité de l'entourage familial a été évoquée dans 1/3 des cas. Les jugements prononcés contre les mères infanticides sont loin d'être sévères comme le prévoit l'art. 285 du Code pénal (travaux forcés à perpétuité) Mais, vu les circonstances atténuantes, dans la majorité des cas, les peines prononcées sont de 2 ans d'emprisonnement ou plus et les peines, en général, sont déjà exécutées, vu que la prévenue l’a purgée en détention préventive. La prévention du meurtre infanticide nécessite une meilleure éducation et information sur les dispositions législatives. Mais encore une meilleure sensibilisation et une conscientisation des femmes ou des filles coupables d’infanticides.







INFANTICIDE AU SENEGAL: Pourquoi les femmes jettent leurs enfants
ALY KHOUDIA DIAO, SOCIOLOGUE
«Légaliser l’Igv pour garroter le mal que constitue l’infanticide serait la porte ouverte à tous les abus»

L’infanticide gagne de plus en plus du terrain dans la société sénégalaise et demeure l’un des phénomènes les plus décriés par la société dans la mesure où il inclut le meurtre du nouveau- né. Selon le sociologue Aly Khoudia Diao, «au delà de la pauvreté monétaire et relationnelle qui plonge et isole l’auteur d’infanticide dans un désarroi moral, les causes secondaires d’infanticide sont le manque d’expérience en matière de sexe et des erreurs d’appréciation»


Comment expliquez-vous la récurrence de l'infanticide au Sénégal?
Je pense fondamentalement que vous posez l’un des phénomènes sociaux le plus actuel de notre temps en ce sens qu’il induit un vrai drame individuel et moral pour celle qui la pratique. Très souvent, ce n’est que la femme qui est condamnée alors que derrière, il y’a le refus de l’homme qui refuse d’assumer ses responsabilités ou pire d’imposer à la femme l’infanticide. Au delà de la pauvreté monétaire et relationnelle qui plonge et isole l’auteur d’infanticide dans un désarroi moral, les causes secondaire d’infanticide sont le manque d’expérience en matière de sexe et des erreurs d’appréciation. Cependant, comme vous le soulignez, on note une récurrence par rapport à l’infanticide et cela s’explique par le manque de relation solide, de parenté proche affective fixée sur les valeurs familiales, l’éducation et la communication « père – fils ou père – fille » qui permet à l’individu de bénéficier de conseils et de soutien même dans les moments difficiles. Il faut ajouter à cela que les jeunes manquent d’expérience sexuelle et très souvent la première fois est suivie de grossesse car les pulsions libidinales sont tellement fortes et excitantes que l’attirance et la jonction physique sont inévitables.

Quelles sont les motivations profondes des coupables d'infanticide?
Les motivations profondes sont la peur d’assumer, on n’a pas été préparé à ça, les coupables se disent que vont dire les parents, la famille, les voisins, bref autant de questions dont ils pensent que la solution finale est d’avorter ou en tout cas d’éliminer le nouveau- né pour éviter l’opprobre dans la famille. En réalité, la tradition sénégalaise voit d’un mauvais œil la conception d’enfant hors mariage et celles qui en sont victimes sont considérées comme des femmes de petite vertu. Or la finalité de la vie c’est quand même de mener une vie de couple en harmonie avec les lois musulmanes et les traditions acceptées. De ce fait faire un enfant hors mariage n’est pas toléré dans l’échelle des valeurs et l’égoïsme des hommes (qui veulent tirer leur coup sur la copine alors que quand il s’agit de se marier ils chercheront une fille vierge) n’arrange pas les choses. En cela l’infanticide est un raccourci vers la renaissance, la seconde vie, un contournement d’un obstacle sur lequel on a buté accidentellement.

L'émigration n'en constitue t- elle pas aussi une cause indirecte, vu que bon nombre d'émigrés laissent derrière eux leurs épouses pendant des années?
Oui vous avez raison certes, mais il faut inclure ce facteur dans un cadre global. La sexualité est un besoin physiologique et en ce sens la longue abstinence est une épreuve difficile pour les femmes ayant des époux immigrés. Mais le problème qui se pose est que notre environnement est envahi par une sorte de banalisation du sexe à tout va, ce qui est un biais idéal pour la permissivité. Que les gens pensent que la longue absence du mari est une cause de l’infanticide est tout à fait compréhensible, mais cela ne leur excuse pas du tout. Je pense quand même qu’il est préférable de demander le divorce si tant est qu’on ne puisse pas supporter les règles de fidélité et de patience du mariage. En d’autres termes, il faut avoir un comportement responsable en tant que personne d’abord, en tant que adulte après.les sénégalais doivent prendre leur responsabilité et assumer la nouvelle tendance de la société sénégalaise qui est en voie de mutation sur la base d’une émancipation de plus en plus marquée par certaines attitudes envers l’homosexualité, le lesbianisme, la franc- maçonnerie, etc. dans tous les cas , les émigrés doivent prendre leur responsabilité car une jeune femme en forme âgée de 18 ans a des exigences de pratique sexuelle qui peut varier entre deux à trois fois par semaine et cela jusqu’ à trente cinq ans. Donc la pratique qui consiste à se lier à une minette et au bout de trois mois rejoindre l’Europe pour une durée encore de trois, quatre, parfois même cinq ans est grosse de danger. Et ma conception des choses est que très peu de femme peuvent résister à ces rapaces que sont les hommes et qui tournent continuellement autour de ses femmes esseulées, prêt à fondre dessus au moindre signes de faiblesse.

Quelles sont les couches les plus exposées?
Les couches les plus vulnérables et les plus exposées demeurent les filles issues du monde rural venues dans la capitale à la recherche d’un travail, les femmes de l’intérieur dont les maris sont à l’étranger, les jeunes filles cloîtrées chez elle sans possibilité de communication avec leurs copines ou parents dans le domaine de la sexualité. Il faut comprendre que la capitale a un effet magique sur les jeunes filles, victimes de l’exode rural, qui intègrent un nouveau cadre de vie. Ce sont les copines qui vous «vendent», c’est l’argent avec des effets euphoriques qui vous donnent l’impression d’exister pour la première fois, c’est un environnement fait de banalisation du sexe et au bout du compte vous tombez dans le piège du «milieu». Donc je pense que la recherche de travail dans les centres urbains par cette catégorie de la population, les femmes mariées longtemps esseulées par l’absence du mari et les jeunes filles en manque d’expérience sexuelle sont les couches les plus exposées. Il y’a un effort à faire dans ce sens pour l’accueil et la sensibilisation du flux migratoire.

Quelle est la part de responsabilité des hommes dans tout ça?
Les hommes ont une part de responsabilité dans l’infanticide car ce sont eux qui fuient leur responsabilité en laissant leur partenaire seul face à leur sort avec un égoïsme qui frise parfois la parano. Un enfant est un poids que celui qui n’y est pas préparé peut difficilement assumer. Dans notre Sénégal d’aujourd’hui, les femmes sont d’une naïveté déconcertante et dans le flot de leur prétendant, elles ne discernent pas toujours le vrai du faux. Les femmes aiment qu’on les flatte, qu’on leur donne de l’argent, qu’on les «sorte», etc. Elles se jettent sur le premier venu qui n’a que son fric à faire valoir. Elles ne veulent pas d’un projet durable. Elles sont trop matérialistes. Or, aucun homme sérieux et responsable dans ce Sénégal d’aujourd’hui n’a d’argent à faire claquer du matin au soir. L’autre aspect est que les femmes sénégalaises sont victimes d’abus et d’exploitation sexuels à l’intérieure même de la famille et dans la vie tout court. Nos sociétés sont régies de telles sortes que l’homme occupe une place prépondérante dans les décisions et les orientations des choix. Les femmes victimes d’abus ont peur de s’exprimer ou de se révolter car elles craignent non seulement les représailles, mais aussi le voisinage qui ne manquera pas de l’indexer et de la transformer en coupables alors que ce sont elles les victimes. C’est cela l’hypocrisie de nos sociétés. Donc les hommes sont en amont et en aval des problèmes d’infanticide dans notre société et cela est favorisé par le fait que le refus de paternité n’est pas un délit au Sénégal.

Comment expliquez-vous cette manie des femmes à se débarrasser de leurs enfants en les jetant, dans des fosses sceptiques par exemple, comme on se débarrasse d'un vulgaire déchet?
En réalité le choix de la fosse sceptique n’est pas gratuit car c’est l’endroit ou personne ne s’intéresse sauf quand elle est bouchée. Dans l’inconscient de ses auteurs, le bébé ainsi conçu représente un fardeau, c’est le symbole de la honte et du déshonneur, c’est le reflet de notre bassesse et de notre humiliation. C’est un fardeau qui pèse sur la femme et dont il faut se débarrasser au plus vite. La fosse représente ce qu’il y ‘a de plus dégoutant, un endroit vers lequel on n’approche pas tous les jours. C’est cela qui donne une image assez psychologique de la dimension qui relie la fosse sceptique au nouveau- né dont on veut se débarrasser. Et dans la mesure où cela se fait dans la clandestinité, les auteurs attendent la nuit pour procéder et l’endroit le plus idéal demeure la fosse. Seulement c’est oublier que Dieu fait bien les choses car quand la fosse est bouchée, le premier reflexe est de le déboucher naturellement, et c’est ainsi que les coupables sont toujours démasqués.
La légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (Ivg) n’est-elle pas une solution?
Je pense que si cela devait être le cas, il faudrait craindre que ce soit la porte à toute sorte d’abus qui remettrait en cause la notion même de santé publique. D’une part sur le plan éthique et moral, je ne pense pas que ce soit en harmonie avec les principes musulmans qui condamne fermement ces pratiques et d’autre part le débat scientifique n’est pas encore tranché, même pas en France, sur ce qu’il y’a lieu d’appeler fœtus, embryon, puis humain. En d’autres termes à partir de quand (1ére, 2éme, ou 3éme semaine) peut- on commencer à parler de vie humaine ? Voilà donc deux interrogations objectives qui remettent en cause le problème de l’interruption volontaire de grossesse. Dans les pays ou l’ivg est permis il a fallu batailler ferme sur tous les plans pour l’obtenir et avec des conditions très strictes qui ne remettent pas en cause les fondamentaux de la famille et de la parenté, avec des cabinets spécialisés et ayant l’autorisation de la pratiquer. A cela il faut ajouter l’accord des deux partenaires et ou un avis dument motivé en cas de conflit entre les partenaires, un suivi psychologique, etc., bref tout un arsenal juridique qui permet de codifier et de contrôler la pratique. Au Sénégal je ne pense qu’on ait les moyens de tout cela et la censure populaire est tellement sévère que les autorités politiques y regarderont par deux fois avant de tenter l’expérience. En plus de cela le lobby maraboutique est tellement influent au Sénégal que je ne pense pas que l’opération puisse aboutir. Non, franchement je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Nous avons une population à 80% analphabète qui ne comprend rien à rien et qui risque de l’interpréter de différente manière selon le bon vouloir des uns et des autres sans occulter le fait que l’avortement présente quand même des risques sur le plan physique. Non, franchement ce n’est pas une bonne idée.

Dossier réalisé par Ndèye Fatou Seck 24h Chrono

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