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Ismael Lo, artiste-chanteur: «Thione Seck porte dans son cœur Youssou Ndour et vice-versa»

Rédigé par leral.net le Lundi 15 Décembre 2014 à 09:24 | | 0 commentaire(s)|

Ismael Lo, artiste-chanteur: «Thione Seck porte dans son cœur Youssou Ndour et vice-versa»
Ismaël Lo, pourquoi ce long silence ?

Je suis là, je me porte très bien. Je fais le tour du monde, j’ai fait deux fois le Maroc où je devais honorer des contrats de concerts, à Tanger et à El-Jadida. Mais je suis revenu au Sénégal il y a quelques jours, après un séjour à Rabat à un festival, qui a abrité la première édition de «Visa for music» et qui s’est tenu du 12 au 15 novembre, c’est un marché des musiques d’Afrique et du Moyen Orient. Et là, je reviens honoré avec une distinction. Car l’initiateur de cette manifestation, Brahim El Mazned, m’a récompensé pour mon parcours artistique qui valorise les cultures africaines. Et c’était en présence du ministre de la Culture du Royaume du Maroc et d’autres autorités locales. Nous étions quatre à recevoir cette distinction : la chanteuse Malouma de la Mauritanie, surnommée la «Princesse du désert», le groupe musical légendaire du Maroc Nassriwane et le chanteur algérien Idir. C’est un prix que je dédié à l’ensemble des Sénégalais, car c’est notre pays qui a été honoré.

Vous êtes de moins en moins présent sur la scène musicale. Cela est dû à quoi ?

Le Sénégal est toute ma fierté. Car si on me connaît partout à travers le monde, jusqu’à pouvoir amasser des prix, c’est grâce au soutien du peuple sénégalais. Pour cela, je rends grâce au Bon Dieu, ainsi qu’à tous les Sénégalais, sans exception. Mes fans, ma famille, la presse, tout. Je tiens à les rassurer que je suis bien là ; Mieux, je suis en train de concocter quelque chose pour eux. Mais comme je suis un cuisinier qui prend tout son temps pour avoir un bon produit, accepté presque par tous, parce qu’en matière de musique il faut prendre tout le temps nécessaire, ma musique, c’est comme une cuisson, je la cuisine très bien, laissons la mijoter, laissez moi terminer. C’est ma nature, je ne précipite rien. Autre chose, j’ai fait un parcours dans la musique, aujourd’hui j’ai vu mes petits-fils, j’en remercie Dieu. Lorsque que je commençais à faire de la musique, je n’avais pas de femme, ni d’enfant. Du coup, avant de faire quoique ce soit, il est bon de mieux réfléchir, prendre l’avis des uns et des autres, pour avoir un produit de qualité pour son public et les mélomanes. C’est ce qui explique cette absence, qui n’est, en réalité, pas une absence. Car il n’y a pas meilleur pays que le Sénégal. Le meilleur reste à venir.

Est-ce qu’on peut savoir ce que vous mijotez pour les mélomanes ?

C’est juste un album. Mais je préfère en rester là. Parce que, à chaque fois que je dis je vais faire ceci ou cela, ça n’aboutit pas. Moi, je suis peintre, je fais des tableaux, depuis que j’ai promis de faire une exposition au Sénégal, cela n’a jamais eu lieu. Non ! Je ne sais pas. Je suis superstitieux et ce n’est pas que je ne crois non plus au Bon Dieu. Mais je ne veux pas dire que je vais faire telle ou telle chose, qui n’aboutit pas après.

Mais peut-on au moins avoir une idée sur la nature de l’album ou la date de sortie ?

(Il pouffe…). Vous avez, à beau côtoyer les journalistes, on devient journaliste. Vous avez vos trucs et astuces pour pousser la personne à dire ce qu’elle ne voulait pas dire (rires…). En tous les cas, je prépare un produit, je m’en arrête là.

Bon nombre de vos fans pensent que vous communiquez peu, de quoi avez-vous peur ?

(Rires…). Non ! Je n’ai peur de rien. C’est vrai que je ne suis pas trop devant les medias. Comme je l’ai dit, j’ai duré dans la musique, j’ai vu mes enfants grandir, mes petits-fils… Quoi demander de plus à part rendre grâce au Bon Dieu. Je ne suis dans ça, j’ai un parcours qui date de plus de 25 ans. Et quand on a plus de 50 ans, on n’est plus un jeune qui doit se vanter en disant : j’ai fait ceci, ou cela. Pourquoi être trop présent alors que la relève est en train d’être assurée par la jeune génération qui fait un travail remarquable ? Les Titi, les Adjouza, Aïda Samb, Waly Seck, entre autres, sont là. Ce sont eux les relèves. Il fut des temps où nous étions à leurs places, donc il n’est pas normal, ni décent de se bousculer avec cette jeune génération montante qui est dans leur monde et leur temps. Ne les étouffons pas, laissons leur eux aussi le temps d’éclore leurs talents.

Justement, la jeune génération à laquelle vous faites allusion, certains occupent tout le temps les medias avec des frasques. Ce qui n’était pas le cas pour votre génération. Comment avez-vous su gérer votre carrière ?

C’est parce que nous avions la tête sur les épaules. Mais attention, je ne dis pas qu’ils n’ont pas la tête sur les épaules. Ce n’est pas pareil, ils sont des jeunes qui sont dans leur monde. Car le monde va vite, c’est un village planétaire, grâce aux Tics. Ce qui se passe à Tokyo, 5 minutes après l’information fait le tour du monde. Vous vous souvenez de l’affaire Wall Trade Center, c’était en direct sur beaucoup de chaînes de télévisions, et pourtant c’était aux Usa. Avant ce n’était pas ça, tout était limité, il n’y avait pas les sites internets, la prolifération des radios et des journaux. Les jeunes veulent s’affirmer davantage. A leur âge, je me battais pour aller dans les radios pour qu’on m’invite ou faire écouter mes chansons. Il m’arrivait de dire tel journaliste ou tel animateur favorise tel chanteur ou tel chanteur. Mais dans la vie il faut toujours rendre grâce à Dieu.

Est-ce qu’il y a un de vos enfants qui titille la musique ?

Il y a certains qui veulent faire de la musique, mais je leur ai demandé d’attendre. Parce que je leur dis souvent avant de faire de la musique, il faut la maîtriser d’abord, apprendre des instruments, des accords… Ce n’est pas parce qu’on est le fils d’un chanteur qu’on doit forcément faire de la musique. Mais il arrive, de temps en temps, en studio, que les chœurs de mes chansons soient assurés par mes enfants. Dans la chanson «Baykaat», ce sont mes enfants qui ont assuré les chœurs. Parce que, aujourd’hui, les machines sont tellement performantes que, parfois, c’est du copier-coller. Or, auparavant pour un choriste, on était obligé de payer cher, pour dire que les jeunes sont dans leur temps. Par exemple, dans une de mes chansons, si je voulais dire «Wouy, Alé Lo Serigne …», c’est un morceau qui dure 5 minutes et à chaque chœur, tu reprends la reprise jusqu’à la fin du morceau. Mais maintenant, avec les machines, quand ont doit dire «Wouy Alé Lo Serigne…», c’est une seule fois, le reste on peut faire du copier-coller avec la machine. C’est un peu à l’image des journalistes de presse écrite.

Deux grands ténors de la musique sénégalaise, Thione Seck et Youssou Ndour, vos compagnons de route, se lancent des piques par presse interposée. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Personne n’a souhaité ce qui s’est passé entre Thione et Youssou. Mais ce qui se passe entre eux, est l’œuvre de Satan. Sauf que Satan n’a pas sa place entre ses deux grands hommes. J’ai fait une chanson qui parle de cela : «Seytane dafa bari doole, te du ken, du nit ak ay nopam». Je pense que c’est une erreur et on demande au Bon Dieu que cette mésentente soit vite dissipée. Car, «So ubbe xolu Thione, Youssou nga ci fekk et vice versa». S’il y a eu tout ce bruit, c’est parce que l’information a été relayée par tous les médias. Mais je pense que cela va se résoudre, s’il plaît à Dieu. Car ce sont deux icônes de la musique et chacun d’eux est dans le cœur de l’autre.

Par Adama Aïdara KANTE & Tening THIARE (Stagiaire) La Tribune