Leral.net - S'informer en temps réel

Le Commissaire Keïta aux Sénégalais : "Macky Sall a failli..."

Rédigé par leral.net le Mercredi 20 Août 2014 à 16:00 | | 0 commentaire(s)|

Le Commissaire Keïta aux Sénégalais : "Macky Sall a failli..."
(....)Le pouvoir et l’argent sont les seules choses qui comptent réellement pour nos dirigeants qui mettent beaucoup de moyens dans des opérations de déstabilisation de leurs adversaires, par des pratiques de débauchage de responsables politiques sous le prétexte de massifier leur parti et de s’assurer les moyens de gagner des élections.

C’est dans ce même but qu’ils ont adopté de se regrouper dans des coalitions de partis et de mouvements divers pour cacher leurs visages de politiciens véreux et arrogants, cette race dont le peuple ne veut plus entendre parler. La conséquence principale de cette pratique est le désordre, les démissions et la «transhumance» des responsables politiques, qui sont à l’origine de l’encombrement de l’espace politique par des centaines d’organisations dont les leaders étalent partout leur ambition d’accéder à des pouvoirs politiques et de se faire élire à des fonctions de représentation populaire.

Les coalitions sont le plus souvent hétéroclites, parce que leur création n’est motivée que par le besoin de s’accaparer de tout et de s’enrichir sur le dos populations. C’est ainsi que l’Alliance Pour la République du Président Macky Sall a fondu dans la coalition Benno bok yaakaar, pour sortir des élections locales du 29 Juin 2014 en criant victoire au moment où ses principaux alliés brandissaient des trophées en proférant des menaces pour protéger leurs places dans l’attelage de partage des gâteaux du pouvoir. D’ailleurs, le Parti socialiste et l’Alliance des forces de progrès ne semblent plus devoir exister que pour rester dans le camp présidentiel. Il en est de même du Pit de Monsieur Amath Dansokho et de la Ldmpt du Professeur Abdoulaye Bathily, qui ont fini de s’enterrer dans les sous-sols du palais de la République. Le désordre et l’encombrement de l’espace politique n’arrangent que les tricheurs, les manipulateurs, les aventuriers et les opportunistes qui ne sont animés par ni par un vrai sentiment patriotique ni par la simple volonté de bien faire.

Les partis de l’opposition ont eux aussi adopté de constituer des coalitions pour faire face à un adversaire que le pouvoir a rendu redoutable. C’est ainsi que déjà, en prélude de la prochaine élection présidentielle, les déclarations prématurées de candidatures fusent de partout. Plusieurs combinaisons sont déjà envisagées entre des leaders comme Idrissa Seck, Khalifa Sall, Aliou Sow, Aissata Tall Sall, Abdoulaye Baldé et Souleymane Ndéné Ndiaye. Toutes ces personnalités ont déjà du mal à se mettre ensemble autour d’un même projet à cause de leurs intérêts divergents. D’autres leaders de petites formations politiques tentent de coller au peloton de tête en occupant les médias. Ils ne parviendront à rien en se lançant isolément à la conquête du pouvoir.

Après sa défaite en 2012, le Parti de Maitre Abdoulaye Wade s’est retrouvé affaibli par la démission de certains de ses ténors comme Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Moustapha Guirassy et Aliou Sow. Les quelques responsables politiques qui ne l’ont pas quitté, restent cependant divisés sur la question de la candidature de Karim Wade que quelques adversaires ont déjà déclaré non partant pour cause de double nationalité. Ces responsables libéraux restent aussi divisés à cause des ambitions personnelles des uns et des autres, sur la question de la succession de leur leader. En effet, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, le Parti démocratique sénégalais n’est toujours pas parvenu à se trouver un candidat rassembleur et charismatique pour espérer l’emporter face à l’actuel Président de la République. Il est certain qu’il lui faudra chercher ailleurs que dans ce qui reste de champions dans son écurie, pour espérer un jour reconquérir la sympathie des électeurs.

Pendant que s’affrontent à distance les partis politiques et les mouvements citoyens et que se tiraillent leurs responsables à toutes les occasions et lors d’empoignades aux allures de querelles de chiffonniers, le Sénégal demeure le seul perdant pour n’être toujours pas parvenu à améliorer son sort après les quarante années du règne stérile des présidents socialistes, Léopold S. Senghor et Abdou Diouf et les douze années du règne fumeux et mouvementé du Président Abdoulaye Wade. Par contre, il est parvenu à vaincre définitivement la malédiction des manipulations électorales infaillibles et c’est fort de cela que son peuple était en droit d’attendre du régime issu de la seconde alternance démocratique, de profonds changements dans les mœurs et dans la manière de gouverner. Il était aussi en droit d’attendre de se voir enfin proposer un projet de société audacieux et ambitieux, parce que comportant des réponses justes à la demande sociale et parce que fortement engagé à résoudre les problèmes de développement économique et social du pays.

Le Président Macky Sall aurait dû comprendre qu’il devait très vite mettre le pays au travail en sonnant la mobilisation de toutes les forces de la Nation autour des véritables chantiers du développement et en s’appliquant à trouver des solutions à la pauvreté et au chômage qui accablent jusqu’à présent les populations. Il ne l’a pas fait et la situation se dégrade jour après jour, avec l’aggravation de la dépendance de l’extérieur, la dilapidation de nos ressources naturelles, le bradage de nos terres, l’absence de politiques cohérentes en matière d’industrie et d’énergie, de production agricole, d’emploi, d’éducation et de formation professionnelle, de santé et de sécurité, l’accaparement du pouvoir par sa famille, sa belle-famille et ses amis et l’apparition autour de lui de nouveaux fortunés prétentieux à plus d’un égard et sans retenue.

A ce qui précède, il faut bien sûr ajouter le refus persistant de mettre un terme au gaspillage et à la dilapidation des biens publics, au mensonge et aux combines, au favoritisme et à l’injustice, au népotisme et au clientélisme. Toutes ces pratiques répréhensibles pourtant, sont jusqu’à présent, entretenues dans toutes les sphères de l’Etat et au sein des administrations, par des cohortes de dirigeants qui continuent de profiter de leurs positions pour s’installer dans une opulence criarde, que rien d’autre ne justifie.

Ailleurs, ce sont toutes nos valeurs et nos traditions qui sont en train de disparaitre. Notre civilisation se meurt de jour en jour à force de subir les assauts d’autres conceptions des valeurs, des droits et de la liberté sans aucune protection de la part des autorités et avec la complicité de nos intellectuels qui persistent dans leur refus de lire le monde avec leurs propres yeux. Savent-ils que c’est de ce que nous sommes que dépend notre manière de voir le monde, de nous comporter entre nous et avec les autres, d’apporter des solutions à des problèmes ponctuels et de nous sortir du sous-développement. Voilà pourquoi nous devons restaurer toutes les valeurs de notre civilisation. Nous aurions tort de ne pas le faire parce qu’elles trop importantes.

C’est le Président Macky Sall lui-même qui a failli, parce qu’il n’a rien compris de ce qui aurait pu lui permettre de prendre position aux endroits où l’avait convié le peuple qui, jusqu’à présent, continue de l’attendre à affirmation de sa volonté de rompre avec les pratiques nébuleuses et clientélistes et à la démonstration de sa capacité de placer le pays sur la voie du développement. Ce Président n’a rien fait de tout cela, alors qu’il passe son temps à multiplier les stratégies de neutralisation de ses adversaires et à porter des jugements de valeur dégradants sur l’ensemble de ses concitoyens.

Son seul véritable projet étant de s’assurer un second mandat, il passe son temps à faire et à défaire des relations autour de sa personne pour se constituer très tôt les moyens de sortir victorieux à la prochaine élection présidentielle. Les politiciens professionnels qui depuis des mois, rivalisent d’ardeur pour le contrer, ne feront jamais mieux que lui parce qu’ils appartiennent tous à cette catégorie de dirigeants avides de pouvoir et de privilèges. Il n’est plus question de les laisser dérouler leur projet en toute insouciance. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux.

Notre classe politique est incapable de porter le changement parce qu’elle s’est définitivement encastrée dans des habitudes de prédation et de pillage des biens publics. Nos dirigeants sont devenus incurables. C’est donc aujourd’hui et partout qu’ils doivent être contrés et neutralisés. Chacun de nous est interpelé par l’urgente nécessité de mettre fin au gaspillage de nos ressources et aux actes d’irresponsabilité de personnes insensibles aux souffrances des populations.

Ceux qui nous gouvernent devraient prendre conscience de la gravité de l’heure et se démettre parce qu’ils savent mieux que tout le monde que l’avenir du Sénégal est ailleurs, que des plans et des programmes dont le but véritable est de livrer nos ressources et toutes nos potentialités à des bailleurs qui ne cherchent qu’à s’enrichir. Ils devraient aussi se démettre parce qu’ils ne font qu’entraver le développement du pays à cause de cette conception anachronique du pouvoir, qui les pousse à se comporter comme des régnants, des profiteurs et des irresponsables tellement obnubilés par leurs désirs personnels qu’ils manquent de se rappeler que le Sénégal est une République démocratique. Cela ne peut plus continuer à présent que le peuple est devenu mature au point de pouvoir se choisir des dirigeants sans aucune ingérence.

L’actuel locataire du Palais de la République est particulièrement concerné par cet état de fait, pour la raison que c’est lui seul que les Sénégalais ont élu. Il ne l’a été en effet, ni avec sa famille, ni avec son parti et moins encore avec une coalition. Alors, personne ne peut comprendre pourquoi il n’a de souci que pour son clan et ses amis au lieu d’accorder toute l’attention nécessaire aux problèmes du pays et des populations. Saura-t-il jamais qu’il y a des hommes et des femmes qui sont prêts à sacrifier leur vie pour sortir le pays du sous-développement ?

Nous devons au plus vite réagir pour libérer le Sénégal de cet enfermement en disqualifiant tous les politiciens professionnels et tous les affairistes qui gangrènent son existence et qui continuent de l’exploiter sans scrupules. Œuvrons dès à présent au développement d’une nouvelle conscience citoyenne, patriotique et révolutionnaire. Mettons tous nos moyens au service de notre pays et engageons-nous fermement à faire la politique autrement. L’heure est grave et l’enjeu est de taille car après plus d’un demi-siècle d’errance, le Sénégal est aujourd’hui au bord du gouffre sans rien à l’arrière pour l’empêcher d’y tomber. Le pays est perpétuellement en crise, avec une population de près de quatorze millions d’âmes et un taux de chômage élevé, dont personne ne semble se soucier.

En plus, ce sont tous les ans plus de deux cent mille nouveaux demandeurs d’emploi qui arrivent sur le marché du travail, au moment où le secteur privé ne dispose que de deux cent-cinquante mille emplois qui sont déjà occupés. Les étudiants font de la résistance pour ne pas quitter les campus parce que devant eux, les perspectives sont toutes sombres. Sur le plan économique, la situation n’est guère meilleure parce que le pays continue d’importer la presque totalité des denrées de première nécessité dont il a besoin. Le travail de la terre continue d’être considéré comme dévalorisant par ces mêmes populations rurales qui la pratiquent, parce qu’elles sont dominées et exploitées comme à l’époque coloniale, dans la production de l’arachide, une matière première destinée à des industries dont les profits nous passent sous le nez.

Tout près de Dakar, croupissent dans des bidonvilles insalubres des millions de citoyens abandonnés à leur sort et livrées à toutes les sortes de maladies dont les germes se multiplient sans arrêt dans des marécages puants. Partout dans nos campagnes, des milliers de familles croupissent dans la misère et des femmes continuent d’accoucher dans des taudis infestés de microbes, si elles ne sont pas évacuées sur des charrettes vers les maternités sous-équipées et sans sage-femme. Le comble dans tout cela est que, pendant ce temps, quelques privilégiés vivent au temps des accouchements aux Etats-unis d’Amérique pour permettre à leur progéniture d’accéder à la nationalité de ce pays. Auraient-ils trouvé des raisons de ne plus vouloir de leur nationalité d’origine, des raisons de ne plus être fiers d’être Sénégalais ? Il y a véritablement là de quoi avoir peur.

Au moment où tout va mal, nous devons tous nous ressaisir et refuser de nous laisser embarquer dans une mascarade organisée par des dirigeants insouciants de la misère du peuple qui attend depuis plusieurs décennies d’être mieux traité et plus respecté. Il est temps de mettre fin à toutes ces mesquineries, en arrêtant d’être les spectateurs impuissants d’une vie politique chaotique, de subir continuellement et sans réagir les complots de ces manipulateurs qui ne visent qu’à endormir notre vigilance et à maintenir intacte une situation qui ne leur procure que des avantages de position et de profit.

Les véritables commanditaires des poursuites dans les affaires relayées quotidiennement par la presse et qui nous imposent une justice de la nature de celle que nous connaissons, ne peuvent pas convaincre de ce qu’ils sont plus honorables que tous ceux qui sont aujourd’hui mis en cause et poursuivis dans des affaires de détournement de deniers public et d’enrichissement illicite. Ils seront démasqués un jour afin que plus personne ne se trompe sur leur compte. Pour cela, ils doivent être dénoncés, combattus par tous les moyens et tenus définitivement à l’écart des lieux du pouvoir. Ils le seront pour que le Sénégal puisse enfin se redresser et reconquérir sa dignité.

Le destin du pays est entre les mains de ses enfants que nous sommes et pour lui, nous pouvons réussir ce que d’autres ont réalisé ailleurs. Nous y parviendrons en faisant preuve d’un sens élevé de responsabilité et d’un engagement patriotique sans faille. Il est certain que nous pouvons transformer le Sénégal très rapidement, en nous y prenant autrement. En faisant les choses à notre façon. Il nous faudra pour cela, exiger de chacun plus d’engagement et plus de rigueur. Pour changer le destin de notre pays, il nous faudra en plus, nous laisser guider par notre envie de bien faire, notre intuition, notre intelligence et le savoir-faire de tous les peuples de la terre.

Tous les miracles sont à notre portée si nous rendons au peuple le respect qui lui est dû, en lui faisant confiance et en nous appuyant d’abord et avant tout sur lui pour réaliser de meilleures performances économiques. Notre population est jeune et pleine de vitalité. Ses cadres et ses intellectuels sont compétents et ses travailleurs sont très qualifiés. En sortant des chantiers battus nous devrons l’investir à inventer des solutions nouvelles. Il est certain qu’en le faisant nous parviendrons à remettre le pays tout entier sur la bonne voie. Mobilisons toutes les richesses dont la nature a doté notre pays et appliquons-nous à les mettre au service de son projet de développement économique et social.

Le Sénégal est notre bien commun le plus précieux et c’est à nous et à nous seuls qu’il incombe de le construire. Alors, mobilisons-nous pour porter la bataille de sa construction. Engageons-nous résolument à changer son sort en envahissant dès à présent l’espace politique pour opposer à tous les marchands d’illusions, les valeurs d’un patriotisme conquérant. Entreprenons avec détermination, de restaurer toutes les valeurs de votre civilisation et imposons-nous de réaliser toutes les conditions d’un sursaut national fort et dynamique. Mobilisons tous les patriotes, l’ensemble des fils et de filles de ce pays et prouvons-nous qu’il est possible, sous nos cieux, de faire la politique autrement, bien proprement, dans l’intérêt du peuple et de la Nation. Soyons nombreux à porter cette révolution sur l’étendue du territoire national et partout ailleurs dans le monde, pour faire du Sénégal un pays où vivront mieux nos enfants et nos petits-enfants.

Cheikhna Cheikh Saadbou KEITA