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Le coût de la gentillesse

Rédigé par leral.net le Samedi 14 Novembre 2015 à 10:09 | | 0 commentaire(s)|

"Qu'est-ce que ça lui coûterait d'être gentil ?" C'est par cette phrase en apparence anodine que nous marquons notre indignation face à des comportements hostiles ou indifférents. Pourtant, c'est justement parce que ça leur coûte quelque chose que certaines personnes ne peuvent - ou ne savent - pas être gentilles. Petit décryptage des coûts de la gentillesse et des façons de l'alléger.


Ça lui coûte ses verrous de sécurité
Certaines personnes voient inconsciemment la générosité comme une force comparable à un torrent, capable de déferler et d'entraîner beaucoup de choses sur son passage, donc potentiellement génératrice de trouble et de désordre. Ces personnes auront tendance à vouloir réserver leurs élans de générosité aux membres de leur famille, à leurs amis proches. Ils pourront avoir une attitude désagréable et fermée avec des personnes qu'ils ne connaissent pas beaucoup, parce que s'ouvrir davantage leur ferait sauter ces verrous de sécurité auquel leur esprit anxieux tient beaucoup.

Comment réagir ?
S'il s'agit d'une personne que vous devez fréquenter régulièrement, vous avez le choix entre deux options. La première consiste à ne pas tenir compte de l'attitude désagréable de cette personne, sans se laisser affecter (vous n'y êtes pour rien !). La deuxième consiste à entrer avec cette personne dans une relation plus approfondie, afin d'instaurer de la confiance et une forme d'intimité. Ce sera probablement à vous de faire le plus gros du travail en déployant des trésors de gentillesse. Vous aurez alors la surprise de voir vos rapports se métamorphoser. 
Pour accélérer le processus, arrangez-vous pour lui mettre cet article sous les yeux !

Ça lui coûte un gros travail sur soi
Certaines personnes sont dans une insécurité affective telle qu'elles ont du mal autant à recevoir qu'à donner. Les raisonnements en sont altérés, la méfiance et le manque de confiance en soi faussent la perception : "si untel est sympa avec moi, c'est qu'il a quelque chose à se faire pardonner", "je ne mérite pas tant de gentillesse, il y a forcément un piège", "si j'attaque en premier, je ne me ferai pas écraser".

Comment réagir ?
Pour bien réagir face à ces personnes, il faut déjà parvenir à les reconnaître. Ce qui n'est pas facile en soi : quelqu'un peut sembler agressif alors qu'il est seulement sur ses gardes, ou en colère pour une raison qui nous échappe.
Quand vous avez la certitude d'avoir affaire à une personne qui souffre de son insécurité affective, ne la traitez pas comme si elle était méchante ou insupportable. Encouragez-la à vous faire confiance. Votre attitude bienveillante pourra être très aidante, mais ayez à l'esprit que cette personne doit avant tout faire un travail sur elle-même que vous ne pourrez pas faire à sa place.

Ça lui coûte une remise en question
Certaines personnes ont bâti leur vision de la vie à partir d'un postulat archaïque : le monde est une jungle dominée par les rapports de force, dans laquelle on ne survit qu'aux dépends des autres. Avec un tel état d'esprit, ils ne peuvent que se méfier de la gentillesse, autant de celle qu'on leur témoigne (forcément suspecte) que de celle qu'on leur réclame. Être gentil, cela reviendrait à se mettre en péril. A moins de remettre en question cette vision du monde et d'admettre que la solidarité et le partage ont contribué au développement de notre civilisation.

Comment réagir ?
L'argumentation peut vous servir à faire bouger les lignes ! Décrivez comment vous voyez la vie, et surtout, expliquez en quoi votre réussite et votre épanouissement doivent beaucoup à la vision positive que vous avez développée. Insistez sur le fait qu'avoir fait preuve de gentillesse ne vous a pas affaibli mais renforcé. Ces personnes peuvent probablement évoluer. Surtout si elles sont au contact régulier de personnes authentiquement gentilles !

Ça lui coûte une posture d'autorité
Bien des gens pensent qu'ils perdraient l'autorité qu'ils détiennent, dans un contexte professionnel ou familial, s'ils se permettaient d'être gentils.

Comment réagir ?
La peur de perdre toute autorité dans un contexte où celle-ci est nécessaire est une crainte légitime qu'il faut respecter. Une personne ayant été échaudée par des abus aura besoin d'être rassurée. Votre attitude y peut beaucoup, mais il est possible également que vous arriviez trop tard et que vous ne puissiez contrebalancer le vécu de cette personne. Il faut alors composer avec ces éléments et savoir reconnaître la gratitude, la fierté et l'amour même lorsqu'ils s'expriment de façon très discrète.

Ça lui coûte son pardon
Une personne de votre entourage envers qui vous avez eu des torts par le passé a du mal à retrouver le chemin de la gentillesse à votre égard ? C'est sans doute que son processus de pardon n'est pas totalement achevé. Régulièrement, de petites choses en apparence anodines réactivent une douleur qui entraîne de l'aigreur dans le comportement et les paroles.

Comment réagir ?
Essayez d'identifier ces fameuses petites choses qui retournent le couteau dans la plaie. Evitez les taquineries (dont vous pensez à tort qu'elles ne portent pas à conséquence), atténuez vos reproches. Désarmez cette personne par votre propre gentillesse.
Lorsqu'une personne a été fragilisée dans son estime d'elle-même, il est bénéfique de l'aider à rebooster son ego. Lui faire des compliments (sincères et crédibles) sur des sujets profonds comme sur des sujets futiles fonctionnera sans doute. Encouragez cette personne à croire en son potentiel et son talent.
Vous pouvez également proposer à cette personne de vous imposer une "épreuve de réconciliation". En acceptant le principe, vous vous engagerez à faire quelque chose qu'elle souhaite que vous fassiez et qui serait de nature à démontrer votre regret et à l'apaiser. En échange, cette personne s'engagera à vous pardonner vraiment, sincèrement et profondément.
Vous ferez d'une pierre deux coups : d'une part vous allez démontrer votre bonne volonté. D'autre part vous allez encourager cette personne à réfléchir activement à son ressenti. Si cette personne vous assure qu'elle ne vous en veut plus, ne la croyez pas sur parole et parlez-lui de toutes ces "gentillesses manquées" qui rendraient votre relation tellement plus douce et harmonieuse.

Pour conclure
Bien des attitudes malveillantes sont le résultat d'incompréhensions, de malentendus ou traduisent l'angoisse et le pessimisme. Cependant ce constat ne doit pas masquer une réalité plus obscure dont il faut tenir compte : il existe des humains totalement dénués d'empathie et qui assouvissent leurs envies sans se soucier des conséquences de leurs actes pour autrui. Ces personnes peuvent être égoïstes, ou pire, manipulatrices et perverses. Une seule solution s'impose dans ce cas : fuir sans se laisser abîmer. Car si la gentillesse est une force, l'aveuglement ne l'est jamais.

 

Source : lemagfemmes.com via afriquefemme.com