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Les Allemands de l'Est restent à la traîne

Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Octobre 2012 à 09:56 | | 0 commentaire(s)|

Vingt-trois ans après la chute du Mur dans la capitale allemande, l'Ouest reste un eldorado qui fait rêver les «Ossis».


Les Allemands de l'Est restent à la traîne
L'Allemagne célébrait en grande pompe, mercredi, les 22 ans, de sa réunification. Peu à peu le sentiment d'unité nationale remplace le Mur dans les têtes des Allemands de l'Ouest et de l'Est. Les «paysages florissants» promis par le chancelier Kohl aux citoyens est-allemands après la chute du Mur se sont bien étendus sur les six nouveaux Länder de l'Est. Pourtant, malgré un développement spectaculaire, l'ex-RDA reste encore à la traîne.

L'unité allemande a coûté à l'Allemagne de l'Ouest plus de mille milliards d'euros. Les investissements massifs ont permis d'offrir une seconde jeunesse à des villes et des régions, sinistrées par un demi-siècle de communisme et de développer les infrastructures de façon spectaculaire. Mais cela n'a pas empêché la fuite de la population vers l'Ouest, à la recherche de meilleures opportunités. Entre 1990 et 2008, elle a ainsi diminué de 11,7 %. «Cette tendance va se poursuivre dans les années à venir», souligne le rapport 2012 sur l'état de l'unification.

Déficit démographique et dénatalité
La majorité de ceux qui quittent l'ex-RDA sont des jeunes en âge de travailler et d'avoir des enfants. Conséquence: entre 2008 et 2030 le taux de natalité reculera de 30 % dans les nouveaux Länder de l'Est contre 10 % à l'Ouest. Aucune autre région d'Europe ne sera autant frappée par la dénatalité, selon le rapport. Et en 2030, un tiers des habitants d'ex-RDA aura plus de 65 ans, tandis que la proportion des actifs potentiels (20 à 65 ans) se réduira à la moitié de la population.

Vingt-trois ans après la chute du Mur, l'Allemagne de l'Ouest reste un eldorado, qui fait rêver les «Ossis». Leur pouvoir d'achat demeure inférieur de 16 % à celui de leurs cousins «Wessis». Le chômage plafonne à 11,3 %, le niveau le plus bas depuis la réunification, mais encore près du double de la moyenne nationale. En 2011, le PIB par habitant dans l'ex-RDA est retombé à 71 % de celui des anciens Länder de l'Ouest en raison de la crise, alors qu'il était encore à 73 % l'année précédente. La croissance y atteint péniblement les 0,5 % alors qu'elle est à 1,2 % à l'Ouest. Désormais réputée pour son dynamisme, la RDA a progressé de façon spectaculaire. Mais, elle souffre de la comparaison avec une Allemagne de l'Ouest à la santé économique insolente. Aucune des trente grandes entreprises cotées au DAX n'a son siège en ex-RDA. Et le tissu des PME très dynamiques, qui font le succès de l'Allemagne et qui contribuent notamment à la force de ses exportations, n'est pas encore aussi dense dans les nouveaux Länder. Mais si la productivité y est moins élevée, les salaires aussi. La compétitivité de l'ex-RDA est donc de plus en plus attractive.

Pour le président du Bundestag, Norbert Lammert, la réunification reste une réussite exemplaire. «Ces deux décennies ont montré de quelle solidarité sans précédent les Allemands ont été capables», s'est-il félicité, soulignant que tout cela n'a été possible que parce que l'Europe a été «capable de surmonter ses divisions pour accepter la réunification». Et d'adresser un message à un continent en crise: «Ce que les Allemands ont réussi dans leur pays depuis le 3 octobre 1990 doit être un encouragement» pour toute l'Europe.


Par Patrick Saint-Paul