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Lutte. Au Sénégal : Frapper fort peut rapporter gros

Au Sénégal, asséner un direct à son adversaire peut rapporter gros : les cachets des lutteurs « avec frappe » ne cessent de grimper depuis que les grands combats sponsorisés sont retransmis en direct à la télévision, suscitant une ruée des jeunes vers la discipline. « En 1992, le cachet le plus important était de 3 millions de francs CFA (4 573 euros). Pour le prochain combat que j'organise, ce sera 80 millions de francs CFA (122 000 euros), le plus gros cachet jamais déclaré » au Sénégal, affirme l'un des plus célèbres promoteurs de la lutte avec frappe, Gaston Mbengue.


Rédigé par leral.net le Mardi 30 Juin 2009 à 14:58 | | 0 commentaire(s)|

Mohamed Ndao mis au tapis par Yakhya Diop, dit «Yekini», et ses 130 kg, lors d'un combat en 2005 au stade Leopold Sedar Senghor à Dakar
Mohamed Ndao mis au tapis par Yakhya Diop, dit «Yekini», et ses 130 kg, lors d'un combat en 2005 au stade Leopold Sedar Senghor à Dakar
Dans le pays de l'ouest-africain où le salaire minimum mensuel ne dépasse pas 55 euros, le roi des arènes sénégalaises, Yakhya Diop, recevra « ce montant record » pour un seul combat, prévu le 26 juillet. Son rival, le jeune Gris-Bordeaux, empochera « 60 millions francs CFA » (91.470 euros), selon le Comité national de gestion (CNG) de la lutte. Ce sport ludique reste traditionnellement pratiqué après les travaux champêtres, du nord au sud du pays. Et dans les villages, les vainqueurs reçoivent toujours un bœuf en trophée, ou du riz pour nourrir leur famille.

Mais la lutte a récemment pris une nouvelle ampleur, financière et médiatique.

L'image de lutteurs vedettes est désormais utilisée pour la promotion de produits, notamment alimentaires. Et la télévision publique a décroché les droits de retransmission des combats organisés par Mbengue pour un montant tenu secret.

Le week-end, les Dakarois passent ainsi des après-midi entiers face au téléviseur, pour voir, en direct, les mastodontes s'affronter torse nu, un pagne ceint autour de la taille, des gris-gris soigneusement disposés sur leurs corps enduits de liquide « magique ». Les spectateurs affluent aussi par milliers au stade où les places se vendent de 1000 (1,5 euro) à 200 000 francs CFA (305 euros). Après l'élimination de l'équipe nationale de football du Mondial et de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2010, beaucoup de Sénégalais se sont rabattus sur la lutte avec frappe. Le spectacle au stade est d'autant plus apprécié que les chants et louanges des griots stimulent les adversaires et s'accompagnent d'une chorégraphie très rythmée. Mais « cela coûte plus cher de voir un combat qu'un match de football car les privés qui organisent veulent rentabiliser » admet le responsable de la communication du CNG, Thierno Kâ. « Sans les sponsors, on irait à la dérive », assure quant à lui Gaston Mbengue, réputé riche mais prompt à se plaindre des « nombreuses charges » pesant sur les promoteurs : « J'ai emprunté 200 millions (305 000 euros) en 2008 aux banques pour organiser le championnat de lutte ».

Un vrai métier

La même année, le promoteur dit avoir signé un contrat pour cinq ans avec la société française Sport Vision afin qu'elle s'occupe du volet marketing. Surmédiatisée, la lutte avec frappe est à présent en vogue dans la banlieue de Dakar. « Beaucoup de parents qui ont un fils ayant un certain gabarit nous l'amènent pour qu'il soit lutteur. Chaque soir, je m'entraîne avec une cinquantaine de jeunes que je forme », explique l'un des ténors de l'arène, Serigne Dia alias « Bombardier ».

À 18 ans, Mory Senghor dit avoir « abandonné la pêche pour la lutte » qui est devenue pour lui un vrai métier. Rémunérateur de surcroît. « Une fois, j'ai gagné 150 000 francs CFA et, une autre fois, trois bœufs lors d'un combat », annonce-t-il. « Mais je veux avoir les millions comme les autres » champions.

L'image de lutteurs vedettes est désormais utilisée pour la promotion de produits, notamment alimentaires. Et la télévision publique a décroché les droits…

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