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Marley, Bob et les autres

Rédigé par leral.net le Mercredi 13 Juin 2012 à 08:44 | | 0 commentaire(s)|

Trente et un ans après la disparition de Bob Marley, il fallait bien un documentaire de plus de deux heures pour retracer le destin du lion jamaïcain.


Marley, Bob et les autres
Il aura fallu attendre le talent et la persuasion de Kevin McDonald pour voir Bob Marley se réincarner sur grand écran. Le brillant réalisateur du Dernier roi d’Écosse avait un temps pensé au biopic mais s’est finalement tourné vers ce qu’il sait faire de mieux, le documentaire. Grâce à plusieurs années d’enquête et une documentation fournie, l’Ecossais est parvenu à l’exploit de convaincre la famille et les proches de Bob Marley de parler. Une prouesse qui avait jusque là filé entre les doigts de dizaines de réalisateurs.
Fort de cette confiance accordée par le clan du chanteur, McDonald s’est lancé à la conquête de la Jamaïque mais a commencé par la Guyane. Il nous fait découvrir, notamment, les difficultés d’insertion du jeune Bob Marley, née de mère jamaïcaine et de père anglais, blanc de peau. Un métissage qui contribua au succès du chanteur mais marqua aussi une jeunesse difficile. La couleur est également une des grandes richesses de ce film. L'oeil affuté du réalisateur, habitué au 7e art, redonne à la Jamaïque son trio de coloris le plus vibrant.
Du ghetto de Trenchtown aux plus grandes scènes d’Europe, Kevin McDonald retrace avec précaution la naissance du maître du reggae. Pour l’aider dans cette tâche, il a pu compter sur certaines des compagnes de Bob Marley. Sur les onze enfants qui forment aujourd’hui la descendance de l’interprète de Woman no cry, le réalisateur en a rencontré deux, David «Ziggy» et Cedella. La jeune femme raconte par exemple combien il était compliqué pour elle d’être la «fille du drogué Bob Marley» dans les années soixante-dix: jamais une de ses amies de l’époque ne put venir dormir chez elle. Le tout est bercé de chansons et d'extraits de représentations live du King. Le réalisateur parvient également à tracer en parallèle la culture rasta qui ne fait aujourd'hui plus qu'un avec l'image que l'on se fait de Bob Marley.
Derrière le nuage de fumée qui entoure la personnalité du chanteur, Kevin McDonald réussit à souffler une vérité sur la star. On y découvre un homme en perpétuelle remise en question, jamais intégré au star system mais bien conscient que sa voix pouvait, à elle seule, soulever et réconcilier les peuples.
Marley de Kévin McDonald, 2h24, Wild side films / Le pacte