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Paulette Diémé: "Je ne suis pas une fille facile"

Rédigé par leral.net le Lundi 13 Avril 2015 à 10:04 | | 0 commentaire(s)|

C’est en toute simplicité qu’on la retrouve chez elle, habillée en body noir assorti d’une leggings de la même couleur, Paulette Diémé, très gentille en apparence mais très ferme de caractère, nous accueille. Cette voix féminine de la musique «Cabo» au Sénégal ne sait pas que chanter. Elle prend soin de sa petite famille tout en gardant un œil sur sa passion qu’est la chanson. Bien à l’aise dans ses propos, elle affirme qu’elle ne fait pas de la musique pour gagner de l’argent et que ceux qui croient qu’elle est une fille facile se détrompent !


Paulette Diémé: "Je ne suis pas une fille facile"
Vous venez de sortir un nouvel album intitulé « Nha luz ». Pourquoi ce titre ?
Déjà je rends grâce à Dieu car sans Lui, rien ne serait acquis. Surtout, j’ai une pensée pour Edouard Adama Ndiaye (le défunt Dj Edouard) qui nous a vraiment aidés dans la conception de l’album. Mais Dieu en a décidé autrement au moment de la mise en circulation. Heureusement, on a pu terminer la confection de «Nha luz » qui signifie la lumière avec mon staff et le label Big Vibes. L’album est sorti ce 2 avril et il compte 16 titres. Dieu m’a montré que la musique est ma lumière. J’ai tout abandonné pour la musique et j’ai su que ma voie était dans ce sens. Cette même musique m’a aidé à être beaucoup plus courageuse. En effet, j’ai eu à surmonter beaucoup de choses comme tout être humain, grâce au chant.

Vous dites que vous avez eu à surmonter certaines épreuves. Lesquelles ?

Quand je dis beaucoup de choses, je parle des aléas de la vie. Par rapport au travail, à la vie familiale. C‘est-à-dire la foi que Dieu nous fait voir à travers ces épreuves, juste pour voir jusqu’où, on croit en Lui. Et c’est à travers cette foi que j’ai vu cette lumière et j’ai pris force et confiance en moi.

Quelle est la nature de ces difficultés ?

La grande difficulté que tout artiste rencontre, c’est bien évidement le problème de la promotion ou de la communication. Par exemple, quand on amène ton album dans un organe de presse, il faut donner de l’argent. Or, à l’étranger, ce sont eux qui te payent.

Vous avez eu à vivre cette expérience ?

Je ne citerai pas de nom parce que personnellement, j’ai un staff et c’est à ce staff de donner l’argent. Je ne connais pas le montant que l’on donne. Souvent, ce que l’on te dit : c’est que le gardien ne l’a pas remis au concerné ou qu’ils n’ont pas reçu l’album. Autant de choses qui peuvent décourager l’artiste.

Quels sont les thèmes développés dans les différents titres de l’album ?

L’opus parle de la vie en général, de l’amour, de l’homme père ou mari, des mamans, de la jalousie et du manque de confiance. Cette confiance est relative aux disputes entre la femme et son mari ou avec son copain. Souvent, on n’a pas confiance et on se pose des tas de questions sur la personne qui occupe notre cœur. On a toujours envie de savoir tout sur lui, ses amis, ses sorties, son travail, etc. Et nos conjoints n’aiment pas ce genre de questionnement. J’ai aussi chanté cet homme que les femmes veulent. Qu’il soit beau ou vilain, l’essentiel est qu’il nous convienne et qu’on l’accepte tel qu’il est. J’ai aussi rendu un hommage à ma mère pour la remercier de tout ce qu’elle a fait pour moi. Entre autres thèmes….

Est-ce que Paulette travaille toujours avec Philippe Monteiro ?

Heuh… Non ! Ça fait longtemps que je ne suis plus dans son studio. Mais parfois, on est ensemble lors des tournées. Il m’appelle pour qu’on fasse des scènes ensemble. On est toujours en contact.

Le Cabo que vous faites est une musique qui met du temps pour s’imposer au Sénégal, pourquoi ce choix ?

Je ne dirais pas qu’elle ne s’impose pas. Elle est déjà connue. Il y a juste un problème de communication et de promotion. Alors, je pense que c’est à nous, animateurs et artistes, de booster cette musique. Aujourd’hui, on entre dans une boîte, le Cabo fait partie des musiques les plus écoutées, comme celles du Nigeria, et le Mbalakh.

En parlant de Mbalakh, vous l’avez déjà essayé, mais ça n’a pas marché. Pourquoi ?

Ce Mbalakh, c’était juste pour s’amuser à voir si je pouvais le faire avec Guillaume Belle. J’avais juste posé ma voix. Ce n’est pas que je ne veux pas faire du Mbalakh. C’est juste que je ne peux pas le faire. Il faudra que je m’attèle à l’apprendre en le chantant pour pouvoir servir du vrai Mbalakh.

Donc, on peut s’attendre à ce que Paulette verse dans le Mbalakh ?

Peut être bien… Je suis sénégalaise et ce n’est pas impossible.

Comment vivez-vous cette nouvelle vie de mariée, après votre divorce ?

Oui ! Je suis devenue Mme Sow et je vis ma vie très bien. Mon mari, c’est lui mon producteur. Il est mon guitariste et il a fait tous mes sons. Alors on vit la musique en famille et il y a même les enfants qui commencent à chanter. Moi, j’adore les enfants et j’adore être entouré. Je n’ai pas de problèmes avec mes enfants et je ne souhaite pas en avoir.

Le milieu de la musique est souvent mystique et on a senti votre absence pendant un bon moment sur la scène musical. Aviez-vous été victime d’un maraboutage ?

Je dirais non, parce que ma foi m’a appris à transcender tout ça et à ne pas croire en ces choses-là. Mais, on est en Afrique et tout est possible. L’essentiel est d’avoir avec nous la prière de nos parents, surtout de notre mari et avoir la foi en Dieu. Si tel est le cas, on ne va jamais penser à ces trucs de maraboutages. Du moment où on sait que Dieu existe, on peut toujours s’en sortir. La longue attente est due au fait que je veuille bien faire. Il me fallait un produit, mais meilleur que « Mas Ki Mal » qui m’a boosté aujourd’hui dans la musique cabo. C’était un trophée. Donc, je ne pouvais pas me lancer comme ça. J’avais besoin de temps pour mettre un produit de grande qualité sur la scène musicale. Car on a décidé de faire des shows en live et non du playback. Il a fallu vaincre ma timidité, faire ressortir une autre Paulette plus vivante pour attirer le public.

Financièrement, la musique vous satisfait-elle ?

Sincèrement, je ne fais pas de la musique pour gagner de l’argent. Je peux dire que je vis de la musique, car j’ai la chance de faire des rencontres, de connaître de nouvelles personnes qui m’aiment et de savoir que des étrangers m’apprécient à travers cette musique. Je le fais par amour et non pour avoir de l’argent, j’ai tout laissé pour la musique.

Vous êtes souvent victime de rumeurs sur vos relations avec Philippe Monteiro, Carlou D ? Qu’en est-il réellement ?

Moi je me dis que les journaux veulent vendre avec ces rumeurs. Je n’ai rien à me reprocher et eux non plus. J’ai été récemment au spectacle de Carlou D au Grand Théâtre et je fais des scènes avec Philippe Monteiro. Les personnes qui me connaissent bien savent que je ne suis pas une fille facile et je ne me laisse pas faire. On me taxe souvent de « beuri histoire », parce que je suis trop sévère.

Étiez-vous mariée à Dj Edouardo ?

(Éclats de rire) Non, pas du tout. Je ne le connais même pas. Je ne l’ai vu qu’une fois et c’était vers 2005-2006.

Quel regard portez-vous sur la musique sénégalaise ?

Un très beau regard. C’est une musique consommable, appréciable, car on voit de plus en plus les touristes qui montrent un intérêt par rapport à notre musique, que ce soit le traditionnel, le mbalakh, le cabo. Notre musique englobe toutes les couleurs et c’est vraiment magnifique. La musique m’a permis de vivre une autre vie, de changer ma vie positivement. Elle adoucit les mœurs et calme les chagrins. Elle peut même des fois aider les médecins en prenant la forme de thérapie.

Quelles relations entretenez-vous avec les autres artistes ?

Je suis très timide et souvent ce sont eux qui viennent toujours vers moi et me taquinent comme Viviane, Titi, Yoro et même Oumou Sow. Parce que je suis toujours dans mon coin, car ne sachant pas comment les aborder, surtout que ce sont de grands artistes. J’entretiens de bonnes relations avec les femmes comme avec les hommes. Ce sont mes aînés et j’essaye d’apprendre sur eux, au plan artistique, vocal ou même technique.

Que faites vous dans la vie, à part la musique ?

Pour le moment, je me consacre à ma carrière musicale, à ma famille et mes enfants. Je ne fais rien d’autre.

Aviez-vous des projets dans le social ?

Bah… oui, d’ailleurs j’avais déjà commencé. Mais notre partenaire nous a lâché. C’est un projet, je prévois de faire une tournée pour aider les pouponnières, que ce soit celle de la Médina ou de Mbour.

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