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Sexualité, boulot, loisirs...Vous mentez... et Google le sait

Sexualité, boulot, loisirs... On passe notre temps à enjoliver la réalité sur les réseaux sociaux. Le chercheur Seth Stephens-Davidowitz s’est immergé dans le moteur de recherche de Google. Et a tiré un livre de ces petits arrangements avec la vérité.


Rédigé par leral.net le Mardi 31 Octobre 2017 à 14:38 | | 0 commentaire(s)|

«Sur les réseaux sociaux, chacun est heureux en ménage, en vacances dans les Caraïbes et lit la presse quotidienne. Dans le monde réel, beaucoup sont en colère, en train de faire la queue au supermarché, un œil sur un tabloïd et ignorant l’appel d’un conjoint avec qui ils n’ont pas couché depuis des années», affirme Seth Stephens-Davidowitz.

On se doutait de cette dichotomie entre mythe personnel et réalité, mais ce data analyst a passé quatre ans immergé dans les recherches Google de ses contemporains, pour en mesurer l’ampleur. Et publier ses conclusions, fin juin, aux Etats-Unis, dans un ouvrage intitulé Everybody lies, big data, new data, and what the internet can tell us about who we really are (Tout le monde ment, big data, nouvelles données, et ce qu’Internet peut nous apprendre sur ce que nous sommes vraiment).

Obsédé par le sexe

Selon lui, inutile de se fier aux sondages, les gens mentent éhontément, là aussi, même sous couvert d’anonymat. Seules les recherches Google effectuées en toute discrétion constituent un «sérum de vérité pour tout savoir sur la psyché humaine». Seth Stephens-Davidowitz voulait nommer son livre Quelle est la taille de mon pénis?, l’une des requêtes les plus populaires et qui l’étonne encore: «Que les hommes fassent appel à Google plutôt qu’à un mètre pour obtenir une réponse à cette question, représente la quintessence de notre ère numérique.»

L’éditeur a refusé la proposition, mais la sexualité occupe une large place dans son ouvrage puisque, bien sûr, «tout le monde est obsédé par le sexe, et ceux qui disent le contraire, mentent…»

Le diplômé en économie d’Harvard, a notamment confronté les recherches avec l’occurrence «gay» dans les Etats américains homophobes, tels que le Mississippi, à celle d’Etats plus tolérants comme New York. Conclusion: elles sont équivalentes partout, avoisinant les 5%. Sauf que dans le Mississippi, personne n’ose faire son coming out dans les sondages. Dans les Etats rétrogrades aussi, «les femmes sont huit fois plus susceptibles de demander à Google si leur mari est gay que s’il est alcoolique ou déprimé».

Après avoir macéré si longtemps dans le marigot numérique, le chercheur est arrivé à la conclusion que «si les habitudes pornographiques des gens étaient révélées d’un coup, ce serait une bonne chose. La situation serait embarrassante trente secondes, et puis on surmonterait la gêne et on deviendrait tous enfin plus ouverts sur la sexualité ». 

L’un de ses chocs reste néanmoins la découverte de ce qui suivait la phrase: «Je veux coucher avec…». Lui pensait tomber sur «mon patron», «la femme de mon meilleur ami», «mon thérapeute». Il a découvert une majorité de «mon fils», «ma sœur», «mon cousin» «mon père»… Comme dans le film Délivrance.