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Vatileaks: trois proches du Pape auditionnés

Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Juillet 2012 à 12:10 | | 0 commentaire(s)|

L'ex-gouvernante, l'ancien secrétaire personnel de Benoît XVI et un cardinal ont été entendus par la commission des cardinaux chargés d'enquêter sur les fuites de documents confidentiels.


Vatileaks: trois proches du Pape auditionnés
Un nouveau rebondissement dans l'affaire Vatileaks, née de la fuite de documents confidentiels appartenant à Benoît XVI, agite le Saint-Siège et la pieuse Italie. Trois proches du Pape ont été auditionnées avec 28 autres témoins dans l'enquête en cours. Ils concentreraient les suspicions des enquêteurs dans la responsabilité des fuites, jusque-là prêtées au majordome Paolo Gabriele, seul à être poursuivi à ce jour.

Il s'agit de l'ex-gouvernante du Saint-Père, Ingrid Stampa, de Mgr Josef Clemens, son ancien secrétaire personnel, et du cardinal Paolo Sardi, autrefois auteur de ses discours. C'est le quotidien La Repubblica qui a révélé lundi ces trois noms. «Il y aura des surprises», avait prophétisé, il y a quelques semaines, le cardinal Julian Herranz Casado, chef de la commission des cardinaux. Cette dernière a été nommée par Benoît XVI pour découvrir les tenants et les aboutissants de l'affaire.

Si les regards sont concentrés sur ces trois personnes, c'est aussi parce qu'elles étaient des intimes du majordome. Ingrid Stampa était même sa voisine de palier. Les suspicions se portent tout particulièrement sur l'ex-gouvernante car elle est la seule à pouvoir déchiffrer l'écriture de Benoît XVI.

«La jalousie cléricale»
Selon la presse italienne, «la jalousie cléricale» aurait été la motivation de ces fuites. L'ancienne garde rapprochée du Pape aurait voulu déstabiliser la nouvelle équipe à qui elle reproche de concentrer trop de pouvoir. La critique vise plus notamment le secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, et l'actuel secrétaire du Pape, le père Georg. «Pas de révolution de palais. Pas de Dan Brown. Tout est beaucoup plus réaliste et plus humain: le cœur palpitant, plein de ressentiment et d'envie», analyse un expert allemand des questions vaticanes.

La publication de ces trois noms dans les médias italiens a suscité les foudres du Vatican. «Le fait d'avoir été entendu par une commission au cours de l'enquête ne signifie aucunement être considéré comme suspect», a réagi le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. À ses yeux, il est «très grave» de jeter «de tels soupçons sur des personnes dignes de respect, qui ont effectué avec dévotion de nombreuses années de service» auprès du Pape.

Le porte-parole dément également le fait que ces personnes aient été «éloignées de leurs charges». D'aucuns avancent la mise à l'écart d'Ingrid Stampa, de Mgr Josef Clemens et du cardinal Paolo Sardi qui, de réunions en rendez-vous annulés, n'auraient plus de contact direct avec le Saint-Père.

Le prochain temps fort du dossier est la publication, à la fin du mois, du rapport de la commission de cardinaux qui aurait déjà été remis au Pape. Quant au majordome, il vient d'être libéré après deux mois de détention. Il est désormais assigné à résidence en attendant de savoir s'il sera jugé.

L'éminence laïque du Souverain Pontife
La popessa, la «papesse», le surnom d'Ingrid Stampa suffit à dire son influence et sa proximité avec le Saint-Père. À ses côtés depuis vingt et un ans, cette laïque originaire d'Allemagne du Nord, est connue pour son grand attachement au Pape, et même sa possessivité. «Elle est jalouse de quiconque approche Benoit XVI, estimant sa relation avec lui comme un cadeau précieux», raconte un spécialiste italien. «Elle a sa confiance, dit un autre, elle est capable d'atteindre l'oreille et le cœur tendre du Saint-Père.»

Femme instruite, membre du mouvement spirituel de Schoenstatt, traductrice des livres de Jean Paul II en allemand, Ingrid Stampa est aussi une musicienne de talent, diplômée à 18 ans du conservatoire de musique de Bâle, en Suisse, en viole de gambe. Une qualité à laquelle le Pape a été sensible, étant pianiste à ses heures et féru de Mozart. Plus qu'une gouvernante, elle est une interlocutrice appréciée du Souverain Pontife. Elle l'accompagne d'ailleurs dans son voyage à Cologne, pour un pèlerinage commun dans leur pays d'origine. Habituée à retranscrire son écriture fine et ses notes en allemand, elle ne le suit pas, lors de son élection, dans sa nouvelle demeure. Elle est plus utile à la secrétairerie d'État, dans l'autre aile.

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Par Delphine de Mallevoüe