1913 : Quand des missionnaires chrétiens rencontrèrent Cheikh Ahmadou Bamba à Diourbel

Le 1er août 1913, dans la ville encore modeste de Diourbel, au Sénégal, se tint une rencontre exceptionnelle. Trois missionnaires évangéliques, guidés par la foi et la curiosité spirituelle, furent reçus par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, maître soufi déjà vénéré comme un saint, en résidence surveillée à Keur Goumack.

Dans un pays à majorité musulmane, encore sous tutelle coloniale, cette visite fut plus qu’un simple passage : elle fut un moment de respect, de prière silencieuse, et d’un dialogue rare entre deux spiritualités.

Cheikh Bamba, accroupi sur une peau de mouton, le Coran d’un côté, ses écrits mystiques de l’autre, accueillit les envoyés chrétiens avec dignité, discrétion et une bienveillance palpable. Il ne parlait pas le français, mais son regard, son hospitalité, son humilité parlaient pour lui.

« Il priait toute la nuit. Il nous servit le café. Il nous bénit par sa simple main. »

Dans une atmosphère lourde de chaleur mais légère de grâce, les missionnaires découvrirent un homme entièrement consacré à Dieu, entouré de disciples — les Mourides —, prêts à tout lui donner pour leur salut. La doctrine interrogea, parfois déconcerta, mais jamais ne fut jugée.

Et dans ce monde de foi, même les plus fanatiques — les Maures — oublièrent leur haine habituelle du “toubab”, pour venir toucher la main sanctifiée par celle du marabout. Preuve, peut-être, que la sainteté transcende les dogmes.ocumentaire.

Par Frère J.-B. Drancourt – Mission Évangélique, Sénégal