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3 ème EDITION DU SYMPOSIUM ECONOMIQUE AFRICAIN : Plutôt des ponts à la place des murs


Rédigé par leral.net le Jeudi 17 Juillet 2025 à 00:00 | | 0 commentaire(s)|

Dans un contexte international plein d’incertitudes, la troisième édition du Symposium économique africain (AES) qui s’est tenue les 14 et 15 juillet 2025 à Rabat (Maroc) sous l’égide du Policy Center For The New South (PCNS), a permis de défricher les opportunités qui s’ouvrent à la région africaine confrontée à ses propres défis. Face à la fragmentation continentale et à l’international, il en ressort la nécessité de travailler à renforcer l’intégration régionale.
3 ème EDITION DU SYMPOSIUM ECONOMIQUE AFRICAIN :  Plutôt des ponts à la place des murs
Avenue Mohammed VI, sur les hauteurs du quartier Hay Riad, l’UM6P (Université Mohamed 6 Polytechnique) Campus Rabat. Le lieu n’est pas choisi au hasard, c’est là que le « Think tank » prend tout son sens, ce lundi 14 juillet 2025, top départ de la 3ème édition du Symposium économique africain (AES) placée sous le thème « Des choix audacieux face aux mutations mondiales ».
 
Dans son discours inaugural, en insistant sur l’importance de replacer les politiques macroéconomiques dans une perspective de transformation structurelle plutôt que dans une gestion de court terme, le Directeur exécutif du Policy Center For The New South (PCNS), Karim El Aynaoui, maître d’œuvre du symposium, a campé le décor à travers trois grands messages qui ont structuré son adresse : l’impératif de lucidité, le courage de la réforme et l’ambition collective africaine. « Notre continent », dit-il, « est confronté à un moment charnière. Les tensions géopolitiques, la transformation technologique et la crise climatique imposent des choix économiques décisifs. »
 
Pour M. El Aynaoui, la diversification des économies africaines et la montée en gamme productive sont des leviers essentiels pour renforcer leur résilience. « L’Afrique », a-t-il renchérit, « doit passer d’une logique de vulnérabilité subie à une stratégie de résilience choisie », dit-il, mettant par ailleurs en garde contre les « réponses de court terme » qui, selon lui, « peuvent miner la crédibilité des institutions monétaires et fiscales ». Le ton est ainsi donné et le premier panel qui a suivi son allocation a justement fait un focus sur les défis macroéconomiques et la problématique de la « résilience des politiques monétaires et budgétaires ».   
 
Sous la modération du Professeur marocain Faiçal Hossaini, les trois panélistes ghanéen, kenyan et Français ont examiné la capacité des pays africains à équilibrer stabilité monétaire, soutenabilité fiscale et soutien à la croissance, dans un contexte de tendances lourdes matérialisées par la fragmentation, l’inflation persistante et la contrainte de la dette.
 
Un dilemme cornélien


La troisième édition du Symposium Économique Africain (AES), qui s’est ouverte le 14 juillet dernier dans la capitale marocaine (Rabat) a placé les politiques monétaires du continent au cœur des débats. À l’heure où l’inflation mondiale persiste et où les économies africaines cherchent à relancer leur croissance, les banques centrales se retrouvent confrontées à des arbitrages inédits entre inflation, dette et croissance fragile. Depuis plusieurs années, l’Afrique subit les affres des deux crises majeures ( pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine) et leurs corollaires de perturbations logistiques et flambée des prix alimentaires. Résultat : les taux d’inflation restent élevés dans de nombreux pays, dépassant parfois 10 % voire 15 %. Pour tenter d’y répondre, les banques centrales ont relevé leurs taux directeurs, rendant plus coûteux l’accès au crédit, tout en alourdissant le service de la dette publique.

« La priorité est de contenir l’inflation, mais cela ne doit pas tuer la reprise », a prévenu le Kenyan Andrew Dabalen, économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale, lors de la deuxième session consacrée aux défis des politiques fiscales. Un équilibre difficile à atteindre, alors que la croissance du PIB reste en dessous des niveaux d’avant-crise dans de nombreux États.
 
Plusieurs experts ont rappelé le dilemme qui se pose : faut-il privilégier la stabilité monétaire, au risque de freiner les investissements, ou soutenir la croissance, au risque d’alimenter l’inflation ? La question traverse presque toutes les économies africaines, qu’il s’agisse de la BCEAO en Afrique de l’Ouest, de la Banque centrale du Nigeria ou de la Banque du Ghana. Selon le ghanéen Emmanuel Owusu-Sekyere, économiste principal à l’Africa Centre for Economic Transformation (ACET), la coordination entre politiques budgétaires et monétaires demeure le maillon faible : « Si nous laissons la politique monétaire porter seule le poids de la relance et de la stabilité, nous courons le risque de l’inefficacité et de la défiance », a-t-il déclaré. Kwame Owino, Directeur général de l’Institute of Economic Affairs, Nairobi) a, lui, insisté sur le fait que la confiance du public est le principal capital des banques centrales et plaidé pour plus de transparence des mécanismes de décision. Pour lui, « La crédibilité ne se décrète pas. Elle se construit par des preuves répétées d’indépendance et de cohérence. » Quant à Ghassane Benmir, Professeur affilié à IE University (France), il est sorti du sentier battu pour mettre le doigt sur la nécessité de ne pas se limiter à la seule cible d’inflation, citant en exemple la tendance de certaines banques centrales à calquer leur doctrine sur celle de pays industrialisés, alors que les contextes structurels africains diffèrent profondément. Nous devons, dit-il, « sortir d’une vision étroite de la stabilité nominale. Sans marchés financiers profonds et sans stratégie de diversification, la politique monétaire reste un outil partiel. »

Il est vrai, la dépendance vis-à-vis des décisions de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne vient compliquer encore les choix. Lorsque la Fed (Banque fédérale européenne) augmente ses taux, les devises africaines se déprécient et les dettes libellées en dollars deviennent plus lourdes à rembourser.
 
Une ZLECAf monétaire ?

Face à ces contraintes, plusieurs pistes ont émergé durant le symposium parmi lesquelles, le renforcement de l’indépendance et de la crédibilité des banques centrales pour contenir les anticipations inflationnistes.

Enfin, la question d’une meilleure coordination régionale a occupé une place importante. Dans le sillage de la ZLECAf (Zone de libre échange ), plusieurs intervenants ont plaidé pour davantage d’intégration monétaire afin de mieux absorber les chocs extérieurs et fluidifier le commerce intra-africain. Une « Zlecaf monétaire », en quelque sorte.

Au-delà du débat technique, le message principal chevillé au thème principal du Symposium, est clair : l’Afrique doit faire des choix audacieux et coordonnés pour éviter le piège d’une croissance faible et d’un endettement insoutenable. Entre rigueur budgétaire, soutien à l’investissement et innovations monétaires, le continent cherche encore la formule qui lui permettra de bâtir une prospérité durable.

A travers des espaces comme le Policy Center For The New South (PCNS) qui a mobilisé plus de 200 participants aux nationalités diverses, cette troisième édition a élargi les bases du parcours du Symposium économique africain (AES), en fixant les enjeux clés et en esquissant des pistes conjoncturelles et structurelles pour renforcer les stratégies économiques en Afrique. Elle a surtout permis de jeter un pavé dans la mare des politiques, en suggérant d’abattre les murs économiques et d’ériger des ponts d’intégration régionale comme réponse à la fragmentation.
Malick NDAW
 
 
 
 




Source : https://www.lejecos.com/3-eme-EDITION-DU-SYMPOSIUM...

La rédaction