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400 VILLAS DE LA SN-HLM : Un programme réservé à des millionnaires...pas au Goorgoorlu

Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Août 2025 à 15:19 | | 0 commentaire(s)|

400 VILLAS DE LA SN-HLM : Un programme réservé à des millionnaires...pas au Goorgoorlu

 
Présenté comme une avancée pour le logement social, le nouveau programme de 400 villas de la Sn-Hlm affiche des prix qui dépassent largement la portée du Sénégalais moyen. Dans un pays où le Smig tourne autour de 64.000 F Cfa par mois et où même les salariés gagnant 150.000 à 250.000 F Cfa peinent à boucler leurs fins de mois, ces tarifs posent question : à qui s’adresse vraiment ce programme ?
 
 
Des villas au prix de rêve… mais pour qui ?
 
Les cinq modèles de villas proposés oscillent entre 22 millions F Cfa pour la plus petite, la Villa Moda (150 m² de parcelle, 63 m² bâtis), et 65 millions  F Cfa pour la plus chère, la Villa Rose (200 m² de parcelle, 183 m² bâtis). Entre ces deux extrêmes, on retrouve la Villa Mariama (32,5 millions F Cfa), la Villa Diaréto (37 millions F Cfa) et la Villa Khadija (42 millions F Cfa). Autant dire que même pour la villa “entrée de gamme”, un salarié moyen aurait besoin de plus de 9 ans de remboursement à raison de 200.000 F Cfa par mois, et cela sans compter les intérêts bancaires.
 
 
Le calcul qui refroidit
 
Un internaute militant de Pastef résume la situation : «tu rembourses 200 000/mois, il te faut 110 mois (9 ans) pour un logement à 22 millions F Cfa. Sans compter les intérêts. Et pour emprunter ça, il te faut au moins 600.000 F Cfa de salaire (33% max d’endettement). Bonne chance à tous. Désolé de ne pas être la cible.»
 
 
Des Hlm qui oublient leur vocation sociale
 
Historiquement, la Sn-Hlm a pour mission d’offrir des logements abordables aux ménages modestes et à revenus moyens. Or, ce programme semble taillé pour les cadres supérieurs, les entrepreneurs et la diaspora. Comme le souligne un autre internaute : «63 m² en surface bâtie, c’est l’équivalent d’un T3, et surtout à ce prix… Il faudrait miser sur des immeubles de 4-5 étages avec plusieurs appartements.»
 
 
 
Le fantôme des 100.000 logements de Macky Sall
 
Ce programme des 400 villas remet aussi sur la table une vieille promesse : celle des 100.000 logements lancée sous Macky Sall. Des habitations avaient déjà été construites dans ce cadre… mais restent inoccupées. En toile de fond, l’incarcération de Khadim Ba, patron de Locafrique et actionnaire majeur du projet, aurait mis un coup d’arrêt à l’initiative. Résultat : des maisons vides, des familles en attente et un État qui semble avoir tourné la page sans explication.
 
 
Une politique du logement en panne
 
Entre villas de luxe labellisées Hlm et projets sociaux abandonnés, la politique du logement se heurte à une réalité : le béton sort de terre pour une élite restreinte. Pendant ce temps, la majorité des Sénégalais continue de louer, souvent dans des conditions précaires, faute d’alternative accessible.
 
 
 
Accès à la propriété : un défi majeur pour les ménages sénégalais
 
L’achat d’une villa au Sénégal reste un défi financier important pour la majorité des ménages, tant en raison des prix élevés que des niveaux de revenus moyens.
Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) au Sénégal est d’environ 64.000 F Cfa par mois. À ce rythme, il faudrait près de 28 ans d’économies, sans aucune dépense, pour pouvoir acquérir la villa la moins chère sur le marché. Cette situation illustre clairement la distance entre les prix immobiliers et les revenus des travailleurs les plus modestes.
Quant au salaire moyen estimé dans le pays, qui tourne autour de 200.000 F Cfa par mois, il faudrait près de 9 ans de remboursement intégral, sans intérêts, pour s’offrir une villa coûtant environ 22 millions de F Cfa.  Ce délai, bien que plus court, reste conséquent et peu accessible pour beaucoup, surtout lorsque l’on considère les autres charges quotidiennes.
Par ailleurs, pour obtenir un crédit immobilier de 22 millions F Cfa avec un taux d’endettement maximal conseillé de 33%, il faudrait disposer d’un revenu mensuel d’au moins 600.000 F Cfa. Or, ce niveau de salaire demeure réservé à une minorité de la population, limitant ainsi considérablement l’accès à l’emprunt bancaire.
Enfin, le prix de la villa la plus chère, estimé à 65 millions F Cfa, représente plus de 84 années de Smig cumulé. Cette disproportion flagrante montre à quel point le marché immobilier haut de gamme est déconnecté des réalités salariales nationales.
En somme, ces chiffres témoignent d’un écart important entre les capacités financières des ménages sénégalais et les prix pratiqués sur le marché immobilier, soulignant la nécessité de politiques publiques adaptées pour faciliter l’accès au logement.
 
Samba THIAM
 



Source : https://www.jotaay.net/400-VILLAS-DE-LA-SN-HLM-Un-...