Si, comme moi, vous avez déjà vécu dans un autre pays, vous savez bien de quoi je parle : ce genre d’expérience est absolument inoubliable, et cela vous enseigne infiniment plus de choses sur la vie, sur l’amour et sur la peur que n’importe quel livre, école ou formation professionnelle.
Certains vous diront — avec raison — que le fait de voyager a élargi leurs horizons d’une manière considérable, les a rendus plus ouverts d’esprit et plus libres et leur a montré ce qui importe le plus dans la vie.
Mais ce qu’ils ne vous diront pas, en revanche, c’est que c’est aussi la chose la plus aliénante, la plus emplie de solitude et de culpabilité qu’ils n’aient jamais faite.
Voici 5 choses qui arriveront probablement lorsque vous décidez de laisser votre maison derrière vous :
Peu importe à quel point vous essayez d’adoucir cette pensée, c’est comme ça : partir, c’est avant tout un choix égoïste.
C’est génial, parce que vous vivez votre rêve et que vous choisissez la vie que vous voulez (ou que vous pensez vouloir)… Mais en vérité, vous ne rendez personne d’autre que vous heureux.
Si vous avez la chance d’avoir des amis géniaux et une famille merveilleuse, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour vous cacher leurs véritables sentiments, afin de ne pas vous faire de la peine. Ils ne voudront pas vous miner avec leurs doutes, leurs peurs, et leurs « qu’est-ce que tu vas foutre là-bas ? ». Ils vous diront à la place : « Si ça te rend heureux, alors vas-y, ça nous rendra heureux nous aussi ! »
Souvent, ils sont très bons et arrivent à vous convaincre que votre départ vers l’aventure est aussi excitant pour eux qu’il l’est pour vous. Pourtant, à l’aéroport, vous verrez une tristesse dans les yeux de vos parents, que vous n’avez jamais vue auparavant. Lorsque vous vous retournerez après avoir passé le portail de sécurité, derrière leurs sourires, vous apercevrez tout de même leur douleur. Ils auront l’air d’avoir pris d’un coup 10 années de plus.
Cela est d’autant plus vrai si l’un de vos proches vit quelque chose de particulièrement difficile — ça a été mon cas. Vous n’êtes pas là pour soutenir cette personne que vous aimez et qui aurait pourtant besoin de vous. Quoi que vous en disiez, même si vous essayez d’être présent par la pensée, par téléphone et par email, vous ne serez pas là pour offrir le réconfort de vos bras et pour sécher ses larmes.
Vous n’êtes pas là pour partager leur peine et leur tristesse, vous n’êtes pas là pour partager les instants de bonheur non plus. Vous raterez des anniversaires, des enterrements de vie de garçon et de jeune fille, des remises de diplômes, des mariages.
Bien souvent, vous direz que vous êtes désolé et que vous ne pourrez pas venir. Surtout si vous partez loin. Les contraintes de temps et d’argent vous obligeront à faire des choix douloureux. Si vous décidez de revenir pour le mariage de votre ami d’enfance, vous ne pourrez peut-être pas être présent pour les 60 ans de votre père. Comment choisir ? Comment justifier vos choix ensuite ?
Même si vous savez que c’est votre vie et qu’il revient avant tout à vous de décider comment vous souhaitez la vivre, bien des fois, cela vous fera vous sentir coupable. Vous aurez l’impression d’être le pire des amis ou le plus indigne des enfants.
Personnellement, j’ai toujours eu la chance d’être entouré de gens absolument merveilleux. En bougeant d’endroit en endroit, je n’ai jamais eu trop de mal à rencontrer de nouvelles personnes pour sortir, me balader et me lier d’amitié.
Mais même si je n’ai jamais été vraiment seul, j’ai ressenti un profond sentiment de solitude, que je n’avais jamais connu auparavant.
Cela prend du temps pour construire une relation profonde avec quelqu’un. Alors, quand vous partez à l’étranger, vous passerez inévitablement beaucoup de temps avec des personnes qui seront géniales, drôles et pleines de vie, mais avec qui vous ne partagerez pas (encore) beaucoup de souvenirs.
Ce sentiment d’être avec quelqu’un que vous connaissez vraiment en profondeur et qui vous connaît tout autant pourra venir à vous manquer, parfois. C’est comme vivre votre première journée au collège une nouvelle fois… sauf que cette fois, vous êtes seul dans un autre pays, bien loin de votre famille et de tous ceux qui vous aiment.
Partir à l’étranger m’a transformé, de plein de façons différentes, et beaucoup plus profondément que ce que je n’aurai jamais imaginé. J’ai découvert des amours, des passions et des peurs que je n’aurais jamais cru avoir, et j’ai abandonné certaines vieilles convictions et modes de pensée parce qu’ils ne me semblaient tout d’un coup plus valables.
C’est un bon changement, que j’accepte pleinement et que je ne regretterai pour rien au monde… Mais cela m’a aussi — très lentement et de façon subtile — écarté des personnes et des lieux qui constituaient mon chez-moi.
En partant, c’est une portion énorme du déroulé de votre propre vie et de votre développement personnel que vous vivrez ailleurs. Du même coup, vous ne pourrez plus vous identifier complètement aux autres et à ce qu’ils ont vécu de leur côté.
Au lieu de cela, vous découvrirez une nouvelle maison dans un autre pays, qui comblera partiellement ce vide. Mais comme vous manquez de racines et d’histoire dans ce nouvel endroit, vous ne parviendrez jamais, en dépit de tous vos efforts, à vous y intégrer à 100%.
Vous vous retrouverez à vivre comme un étranger perpétuel, à la fois dans votre terre natale et dans votre terre d’adoption. La plupart des globetrotters que j’ai rencontrés sont aux prises avec cette question existentielle : à quoi est-ce que j’appartiens ? Où est vraiment ma maison ? Où est-ce que je veux vieillir ?
Dans l’incapacité de répondre à ces questions, on peut se retrouver à bouger encore — et encore, et encore. C’est comme si on cherchait à retrouver ce sentiment d’être chez soi, ce sentiment qu’on avait pourtant si hâte de laisser derrière soi…
Des amis que vous n’auriez jamais pensé perdre, parce que vous avez grandi ensemble à la maternelle, parce que vous vous êtes liés d’amitié à la fac, parce que vous avez voyagé à travers l’Europe ensemble… Et pourtant, vous poursuivrez votre vie, chacun de son côté.
Inévitablement, vous allez transformer et/ou sacrifier des amitiés qui vous sont pourtant chères. Certaines perdureront bien sûr (heureusement), mais ce ne sera pas le cas pour bon nombre d’entre elles.
Ce n’est pas votre faute, ce n’est pas leur faute. Ce n’est la faute de personne, et en même temps c’est la faute de tout le monde. Quand on choisit différentes routes, cela peut briser la plupart des relations, et on n’y peut rien. C’est inévitable, c’est la vie, mais ce n’est pas facile pour autant. En perdant des amis, vous perdrez une partie de vous-même et de votre propre histoire.
Alors, est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire le grand saut ? Oui, bien sûr, et sans aucun doute !De grands bonheurs viennent parfois au prix de lourds sacrifices. Quand on veut adopter ce genre de mode de vie, on devra peut-être dire adieu à certaines choses, mais croyez-moi, le jeu en vaut vraiment la chandelle.
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