leral.net | S'informer en temps réel

6e Conférence générale des Ambassadeurs et Consuls généraux: L’intégralité du discours du Président Macky Sall

La 6e Conférence générale des Ambassadeurs et Consuls généraux :s’est tenue au CICAD Diamniadio, hier, 3 décembre 2021. Voici l’intégralité du discours duChef de l’Etat, Macky Sall.


Rédigé par leral.net le Samedi 4 Décembre 2021 à 10:16 | | 0 commentaire(s)|

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Madame la Présidente du Haut Conseil des collectivités territoriales, Monsieur le Président du Conseil économique, social et environnemental, Madame le Ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’Extérieur,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les députés, membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les Consuls généraux,
Mesdames, Messieurs,

Six ans après sa dernière édition, je me réjouis de vous retrouver à l’occasion de cette sixième Conférence générale des Ambassadeurs et Consuls généraux du Sénégal.
Depuis notre dernière rencontre, le cours de l’histoire s’estbeaucoup accéléré. Aux mutations géopolitiques et géostratégiques, s’est ajoutée l’aggravation de certains phénomènes, dont la montée des populismes et des extrémismes de tous bords, le terrorisme international, le changement climatique, l’explosion des réseaux sociaux et son corollaire de fake news, et plus récemment la pandémie COVID-19 et ses multiples impacts.

C’est dire que notre réseau diplomatique et consulaire continue de se déployer dans un contexte de renouvellement permanent des enjeux et des défis ; ce qui nécessite souplesse, lecture affinée des évènements, esprit d’anticipation, de diligence et d’adaptation.

Tout cela en gardant à l’esprit les fondamentaux de notre diplomatie : la protection de nos compatriotes vivant à l’étranger, le bon voisinage, l’engagement panafricaniste à l’échelle régionale et continentale, la défense des droits de l’homme, la contribution aux missions de paix en Afrique et dans le monde, la promotion des intérêts économiques et commerciaux de notre pays, l’élargissement du cercle de nos amitiés, sans exclusion ni exclusivité.

Sous le prisme de ces facteursq ui forment l’impératif d’intérêt national, notre diplomatie doit continuer d’agir et d’assumer ses responsabilités africaines et internationales.
C’est le sens de nos mandats à la Présidence en exercice de la CEDAO, au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, au Conseil des droits de l’homme et au Conseil de sécurité des Nations Unies, entre autres.

C’est aussi le sens de notre prochain mandat à la tête de l’Organisation continentale.
Voilà ce que le thème proposé pour cette Conférence, Diplomatie sénégalaise et relance post COVID à la veille de la Présidence 2022 de l’Union africaine voudrait peut-être traduire.
Je comprends volontiers « relance post COVID » comme une suggestion prospective. En effet, si la situation s’est améliorée chez nous, la vague qui sévit actuellement dans plusieurs pays montre quenous sommes toujours exposés au virus, que la pandémie n’est pas encore éteinte, et que nous ne sommes pas encore à l’ère post COVID.

Nous devons cependant rester combatifs et nous préparer à la relance.

C’est pourquoi je n’insisterai pas outre mesure sur notre Plan de Résilience économique et sociale. Vous avez été parmi les acteurs de sa mise en œuvre par les efforts considérables que vous avez déployés dans le cadre de l’appui que nous avons apporté à nos compatriotes de la diaspora pour plus de 11 milliards de FCFA, avec un taux d’exécution de plus de 93%.Je vous en félicite.

C’est là un des indicateurs de la profondeur de la crise : pour la première fois de notre histoire, les transferts de fonds, venant d’habitude de notre diaspora si généreuse, se sont faits dans le sens inverse. C’est à la fois un acte de solidarité et un témoignage de gratitude.
Au-delà des actes de résilience, nous devons transcender l’épreuve et préparer le futur ; car gouverner c’est prévoir et anticiper.

Voilà pourquoi j’avais dit dans mon message à la Nationle 11 mai dernier, à l’occasion de l’allègement de l’état d’urgence, qu’il nous fautapprendre à vivre en présence du virus en adaptant nos comportements individuels et collectifs à l’évolution de la pandémie.

C’est le choix que nous avons fait : celui de la santé et de l’économie ; puisqu’il n’y a pas de santé durable sans l’économie qui la finance, ni d’économie qui prospère sans la bonne santé qui permet le travail.

Le Plan d’Actions Prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A) issu du Conseil présidentiel du 29 septembre dernier s’inscrit dans cette dynamique anticipative.

Le PAP 2A repose sur le constat des vulnérabilités auxquelles nous exposent la survenue d’évènements imprévisibles ; par exemple les risques de pénuries en cas de rupture de fret, ou la rétention de produits par les pays exportateurs pour satisfaire leurs propres besoins.

Nous devons nous donner les moyens d’être à l’abri de ces aléas, surtout lorsqu’il s’agit de denrées de première nécessité et de produits pharmaceutiques.

C’est ce que vise le PAP2A endonnant une sur-priorité à la souveraineté alimentaire (agriculture, élevage et pêche), pharmaceutique et sanitaire.

Je rappelle que le PAP 2A n’est pas un substitut du PSE, mais son accélérateur dans les secteurs cibles. En même temps, nous poursuivons nos efforts de transformation structurelle de l’économie nationale, d’équité territoriale et d’inclusion sociale : en somme, le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.

En prenant comme référence la séquence quinquennale 2019-2023, le besoin de financement du PAP 2A s’élève à22,4 milliards d’euros, dont le tiers est attendu du secteur privé, national et étranger.

Voilà nos paramètres actuels en termes de promotion de la coopération, des partenariats et de l’investissement pour la relance post COVID. Dans votre rôle de promotion, l’APIX doit rester votre partenaire privilégié pour vous accompagner dans l’information, l’instruction et le suivi des dossiers.

J’engage, en même temps, les Départements ministériels à répondre avec diligence et clarté aux sollicitations de nos Missions diplomatiques et consulaires. C’est une instruction permanente.

Trop souvent et à juste titre, nos Missions se plaignent du manque de réactivité des Ministères. Or, répondre à nos Missions, et à temps, est un impératif de courtoisie administrative et une exigence de bonne gouvernance.

S’y ajoute que les Ambassadeurs sont des Plénipotentiaires du Chef de l’Etat, dépositaires de sa confiance et des pouvoirs qu’il leur délègue, au même titre que les membres du gouvernement qu’ils représentent à l’étranger.

Madame le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
A partir de février 2022, notre pays aura l’honneur de présider pour un an aux destinées de l’Union africaine, 30 ans après notre dernier mandat, du temps de l’OUA.

Dans l’exercice de cette mission, certaines urgences vont s’imposer à notre agenda ; notamment les questions sécuritaires, la gestion et le règlement pacifique des différends et les situations nées de la recrudescence des coups d’Etat sur le continent.

Mais cela ne devrait pas inhiber nos efforts d’initiatives pour défendre les intérêts de notre continent.
Je pense, entre autres, à la juste rémunération de ses ressources, minières en particulier, à la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale, à la production de vaccins anti COVID et autres pathologies, à la réallocation partielle de DTS de pays développés sous forme de prêts en soutien aux efforts de résilience et de relance post COVID des économies africaines, et à une transition énergétique juste et équitable dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

En même temps, nous devrons porter le plaidoyer pour que l’évaluation du risque d’investissement en Afrique reflète le risque réel et non sa perception, souvent exagérée par les agences de notation ; ce qui renchérit les primes d’assurance et le coût de l’investissement dans nos pays.

Je vous fais entièrement confiance, Madame le Ministre, ainsi qu’à vos équipes, pour défendre avec sagacité ces thématiques majeures de notre mandat, en gardant à l’esprit ce qui forme l’ADN de notre diplomatie ; à savoir l’ouverture au dialogue, la modération, la force des idées et le respect mutuel. C’est la bonne lecture de ces marqueurs de notre diplomatie qui a toujours fondé le succès de notre politique étrangère.

Je n’oublie pas évidemment, la question essentielle des conditions d’existence et de travail de notre personnel diplomatique et consulaire.
Depuis notre dernière Conférence, des efforts appréciables ont été faits dans le sens de l’amélioration de ces conditions, avec la construction de complexes diplomatiques, l’acquisition de véhicules, l’assurance-maladie et la revalorisation du traitement du personnel.

D’autres efforts sont en cours, y compris dans le cadre du Plan stratégique du Département. Nous y reviendrons au cours du dialogue interactif.
En attendant, je voudrais vous dire ma satisfaction pour votre dévouement sans faille au service de l’Etat et de la Nation, suivant en cela les traces de vos anciens.

Je vous félicite toutes et tous, en commençant par vous, Madame le Ministre. En vous nommant à ce poste, une première dans l’histoire de notre pays, j’ai fait le pari que vous porterez, avec force et conviction, la tradition d’excellence qui constitue la trame de notre diplomatie et du rayonnement international de notre pays.

Avec les hommes et femmes qui vous accompagnent dans cette tâche difficile mais exaltante, vous pouvez compter sur mon soutien constant, afin que les performances de notre diplomatie restent dignes de son héritage, et à la hauteur de ses ambitions pour notre pays.

Je vous remercie.