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74e session de l’Assemblée générale de l’Onu: Voici le discours du président de la République, Macky Sall


Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Septembre 2019 à 11:29 | | 0 commentaire(s)|

New York, 24 Septembre 2019
Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
Chers collègues,
Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Président,

Je vous adresse mes chaleureuses félicitations pour votre élection, et mes meilleurs vœux de succès dans la conduite des travaux de la 74ème session de l’Assemblée générale.

Je remercie votre prédécesseur pour sa contribution à nos efforts communs et renouvelle mes encouragements à notre Secrétaire Général dans l’exercice de sa mission au service des Etats membres. Cette session de l’Assemblée générale nous invite à dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre le changement climatique et l’inclusion.

Ces défis sont majeurs et d’actualité.

Mais pour des millions de victimes de la guerre et du terrorisme, se pose d’abord la question existentielle de vivre en paix et en sécurité.

Au Sahel, des groupes terroristes continuent de semer la mort au quotidien, de provoquer des réfugiés et personnes déplacées par milliers et de détruire des services sociaux de base.

En tant que contributeur de troupes à la MINUSMA, le Sénégal est solidaire de l’action des pays membres du G5 Sahel et des partenaires de l’Alliance pour le Sahel. Parce que les périls transcendent les frontières, leur prise en charge ne saurait donc être fragmentée.

La paix, la sécurité et la stabilité du Sahel sont parties intégrantes de la paix, de la sécurité et de la stabilité du monde.
Conformément aux conclusions du Sommet extraordinaire de la CEDEAO du 14 septembre sur la lutte contre le terrorisme, le Sénégal reste attaché au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays contre toute velléité séparatiste.

Nous appelons le Conseil de Sécurité à doter la MINUSMA d’un mandat robuste et d’équipements adéquats pour la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Le terrorisme, c’est la négation absolue de l’humanité. Il doit être combattu sous toutes ses formes et manifestations.
C’est pourquoi notre pays s’est joint à l’initiative de la France et de la Nouvelle Zélande en mai dernier à Paris pour l’Appel à l’action de Christchurch pour éradiquer le contenu terroriste et extrémiste en ligne, suite à l’attentat du 15 mars contre la communauté musulmane de Christchurch.

Nous devons fermement rejeter les discours populistes qui manipulent les consciences, nourrissent la haine et, finalement, banalisent le racisme, la xénophobie et l’extrémisme violent.

À l’opposé, une sagesse africaine exalte la coexistence pacifique et le respect de la diversité, par l’effort conciliant qui établit le régime de la cité de la paix, où chaque humain vit en paix avec lui-même et avec son prochain ; car dit cette sagesse, l’arc-en-ciel doit sa beauté aux tons variés de ses couleurs.

Cela veut dire que la paix est aussi diversité ; qu’il ne saurait y avoir de centre civilisationnel supérieur, qui dicterait aux autres la façon d’être et d’agir ; et que toutes les cultures, toutes les civilisations, sont d’égale dignité.
Ainsi, le Sénégal a décidé de réaliser le Mémorial de Gorée, en souvenir de la période sombre de l’esclavage et pour la coexistence pacifique des peuples, dans le respect de leur diversité.

Monsieur le Président, Mesdames Messieurs,
L’état de paix, qui inspire l’idéal des Nations Unies, est assurément plus compatible avec la condition humaine que l’état de guerre.

Mais la paix n’est pas que l’absence de guerre. C’est aussi l’état d’esprit qui apaise et accommode.
Dans cet esprit, le Sénégal appelle ardemment à la réconciliation entre les peuples palestinien et israélien, et à la réalisation du droit du peuple palestinien à un Etat viable, avec Jérusalem Est comme capitale, coexistant pacifiquement avec l’Etat d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.

Le dialogue est l’essence des Nations Unies, notre maison commune. Sur les cendres de la guerre, cette maison a été édifiée pour servir le multilatéralisme propice à la coopération et à la coexistence pacifique entre les peuples.
Face aux menaces globales, face aux enjeux qui dépassent l’Etat-Nation, c’est ici que s’expriment nos préoccupations.
C’est ici que se croisent nos idées et nos propositions pour résoudre nos problèmes communs.

C’est ici que convergent nos espoirs de compromis pour parvenir à nos fins communes, comme le veut la Charte de l’Organisation.
La foi dans le multilatéralisme ne prospère que dans le respect des règles et des engagements convenus. Lorsque ces règles et ces engagements sont remis en cause, cette foi s’en trouve ébranlée et l’idéal des Nations Unies affaiblie.
En conséquence, le Sénégal renouvelle son attachement au multilatéralisme et à une gouvernance mondiale réformée et inclusive, par une représentation plus équitable de l’Afrique au Conseil de Sécurité.

En ma qualité de Président en exercice du Comité d’Orientation du NEPAD, je salue la dynamique des partenariats, anciens et nouveaux, avec l’Afrique.

Nous sommes pour une autre vision du paradigme relationnel avec le continent, débarrassée de préjugés et fondée sur des partenariats rénovés et mutuellement bénéfiques. L’Afrique n’a pas besoin de tutelle. L’Afrique a besoin de partenariat.
Nous voulons des échanges plus équitables, qui n’exagèrent pas la perception du risque de l’investissement en Afrique ; qui rémunèrent à leurs justes prix les matières premières ; qui protègent les droits du pays d’accueil comme les intérêts de l’investisseur, et qui favorisent la création de chaînes de valeurs locales.

Nous demandons la réforme du système fiscal international, pour que l’impôt soit acquitté là où l’activité crée de la richesse et du profit, et qu’une action plus ferme soit menée contre la fraude et l’évasion fiscales, et contre le blanchiment d’argent et autres flux financiers illicites qui font perdre à l’Afrique plus de 100 milliards de dollars par an.
Nous invitons à la mise œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat, y compris l’objectif de 100 milliards de dollars par an, en soutien à la transition énergétique et à l’adaptation au changement climatique.

Nous appelons au respect des engagements convenus à la 3ème Conférence de reconstitution du Fonds du Partenariat mondial pour l’Education de février 2018 à Dakar, pour mobiliser 3,1 milliards de dollars sur trois ans, en faveur de l’éducation et de la formation.

Une gouvernance mondiale plus inclusive, des échanges plus équilibrés, une fiscalité internationale réformée et l’exécution des engagements agréés : voilà, pour l’Afrique, les véritables enjeux du multilatéralisme aujourd’hui.
Voilà, pour l’Afrique, les véritables défis que nous devons relever ensemble, si nous voulons dynamiser les efforts multilatéraux pour éradiquer la pauvreté, promouvoir l’éducation de qualité, agir contre le changement climatique et favoriser l’inclusion.

Ce faisant, il reste que le destin des peuples repose d’abord entre leurs mains.
C’est pourquoi le Sénégal poursuit résolument sa voie vers l’objectif d’émergence à l’horizon 2035, avec le Plan Sénégal Emergent.

Sur la première phase du PSE, 2014-2018, nous avons réalisé plusieurs projets d’infrastructures de développement par l’investissement public.
En décembre 2018, nous avons lancé la phase II du PSE sur la séquence 2019-2023, avec un Plan d’Actions Prioritaires mieux orienté vers l’investissement privé dans des secteurs stratégiques comme :
l’agriculture, l’élevage et la pêche ;
les infrastructures et services de transport ;
l’énergie ;
l’éducation, la formation et l’économie numérique;
la santé ;
les infrastructures hôtelières et touristiques ;
enfin l’habitat, dont un programme quinquennal de 100 000 logements.
Ces efforts s’accompagnent de la rationalisation de l’administration et des dépenses publiques et d’une meilleure mobilisation des ressources internes.
En même temps, nous traduisons la vision d’un Sénégal pour tous par des politiques publiques d’inclusion sociale et d’équité territoriale dont :
le Programme d’Urgence de Développement Communautaire avec ses composantes eau, électricité, pistes de désenclavement et équipements pour les femmes rurales ;
la Couverture Sanitaire Universelle ;
des Bourses de Sécurité Familiales pour les couches les plus vulnérables ;
et la Délégation à l’Entreprenariat rapide des femmes et des jeunes.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Fidèle à l’idéal de paix et de fraternité humaine qui nous réunit ici, le Sénégal se réjouit d’accueillir le 9e Forum mondial de l’eau en 2021, et les 4e Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2022 ; une première en Afrique, dans l’histoire de l’olympisme.
Nous souhaitons que ces deux rendez-vous contribuent à raffermir la paix et la fraternité entre les peuples et à bâtir un monde meilleur, un monde plus accueillant pour tous.
Nous y convions toute la famille des Nations Unies.

Je souhaite plein succès aux travaux de la session et vous remercie de votre aimable attention.