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À Gaza, des cours de musique comme «une bouffée d’air frais au milieu de la guerre»

Rédigé par leral.net le Samedi 2 Août 2025 à 11:18 | | 0 commentaire(s)|

Continuer à jouer de la musique, pour conjurer la guerre : dans les tentes des déplacés à Gaza-ville, des musiciens donnent des cours plusieurs fois par semaine à des enfants et de jeunes adultes. Une manière d’apaiser les traumatismes psychologiques après 21 mois de bombardements et d’intervention militaire israélienne.


À Gaza, des cours de musique comme «une bouffée d’air frais au milieu de la guerre»
Impossible d’échapper au bruit des drones israéliens : dans cette tente de déplacés au cœur de Gaza-ville, le son de la guitare, de l’oud ou de la flute, ne parviennent pas tout à fait à couvrir ce bourdonnement incessant.

Alors Ismaïl, l’un des deux professeurs, a décidé de s’en accommoder : « On se sert du son du drone comme d’une tonalité sur laquelle on s’appuie. Certains ici voient ce bruit comme une torture, mais on a décidé de prendre le contrepied. Et à travers la musique, on veut envoyer un message de paix. »

Les cours ont commencé il y a environ un an dans le camp d’al-Mawasi, dans le sud, puis les professeurs ont été déplacés à nouveau après la fin du dernier cessez-le-feu en mars. Youssef, 16 ans, apprend à jouer de l’oud, un instrument à cordes proche du luth : « J’ai été obligé d’arrêter de jouer, car nous avons été déplacés. Mais, comme vous voyez, j’ai pu reprendre. Je viens deux fois par semaine. […] C’est une bouffée d’air frais au milieu de la guerre. »

« La musique [...] nous soulage »

Yara, elle aussi, joue du violon. la jeune de 16 ans a le même sentiment : « Nous aimons la vie. Alors même si des gens sont tués dans des bombardements, la musique est comme une parenthèse, cela nous soulage. Puis quand le cours se termine, on retourne à la réalité de la vie en temps de guerre. »

Pourtant, l’idée de donner des cours de musique dans le camp de déplacés n’a pas tout de suite été bien accueillie. C’est ce qu’explique Ahmad Abu Amsha, l’initiateur du projet. Il travaillait pour l’école de musique Edward Said de Gaza-ville avant la guerre : « Quand j’ai proposé cette activité à ceux qui gèrent le camp, ils ont répondu que ça ne marcherait pas, que les gens avaient avant tout besoin de manger. Mais au bout de quelques cours, des enfants qui étaient traumatisés ont commencé à aller mieux. Et leurs familles nous ont remercié, en pleurs. […] Il faut soutenir ce projet musical. »

Bien sûr, la musique n’efface pas la faim. Mais un autre élève, qui s’appelle Youssef lui aussi, et qui apprend les percussions, n’arrêterait les cours pour rien au monde : « Même quand j’ai faim, je joue, et j’oublie le manque de nourriture ou le manque d’eau. Cela me soulage vraiment. »

RFI