Leral.net - S'informer en temps réel

A Washington, des habitants lassés par la criminalité que Trump veut combattre

Rédigé par leral.net le Mercredi 13 Août 2025 à 00:24 | | 0 commentaire(s)|

Tony et Mike se tiennent sur le trottoir, à quinze minutes à pied de la Maison Blanche. C'est là, entre des maisons de briques rouges et des immeubles d'une dizaine d'étages, qu'un homme a été tué lundi, le 100e meurtre de l'année à Washington.

 

Les coups de feu ont éclaté quelques heures après l'annonce par Donald Trump d'une reprise en main par l'Etat fédéral de la sécurité de la capitale américaine, qu'il décrit comme "envahie par des gangs violents".

 

"Ca me rend malade", dit Tony mardi matin. "Ce n'est plus sûr, par ici".

 

"On a besoin de changement, on a besoin d'aide", reprend Mike. "Mais pas de celle de Trump, pas des gardes nationaux", en référence aux militaires de réserve mobilisés par le président américain.

 

Au lendemain de sa conférence de presse, les habitants de ce quartier proche du centre-ville décrivent la vente de drogue dans la rue, le comportement erratique des sans-abri -- sans croire qu'une intervention de l'Etat fédéral viendra vraiment sécuriser leur quotidien.

 

A ce croisement de rue, "c'est un marché à ciel ouvert" avec "toutes les drogues que tu veux", raconte Tony, qui a toujours vécu ici et comme les autres personnes interrogées par l'AFP ne souhaite pas donner son nom de famille. Des seringues sont régulièrement retrouvées dans les plates-bandes de l'église au coin de la rue, glisse Anne, qui, sécateur à la main, y enlève les mauvaises herbes.

 

C'est près de là que Tymark Wells, un homme de 33 ans, a été visé par des coups de feu lundi vers 19H00, avant de mourir à l'hôpital, précise un rapport de police qui ne mentionne ni mobile ni suspect.

 

- Meurtres -

 

Washington, "c'est le +wild wild west+, et ça toujours été comme ça," lâche Lauren, 42 ans, qui habite l'immeuble au-dessus. "On n'y fait même plus attention".

 

Donald Trump a décrit lundi "une situation d'anarchie complète et totale". Les élus locaux ne cessent eux de marteler que la criminalité violente à Washington a récemment atteint son niveau le plus bas en plus de 30 ans.

 

En raison de la facilité d'accès aux armes à feu aux Etats-Unis, ce chiffre "peut apparaître différemment en Amérique que dans d'autres parties du monde, mais nous avons fait de grands progrès ici", défend auprès de l'AFP Brianne Nadeau, une élue du conseil municipal de Washington, très majoritairement démocrate.

 

Elle dénonce un "coup de com'" de la part du gouvernement Trump.

 

La ville a atteint un pic du nombre d'homicides en 2023, à 274 sur un an, pour redescendre à 187 en 2024, l'un des taux par habitants les plus élevés du pays.

 

Le sentiment d'insécurité est aussi alimenté par la présence de sans-abri, glisse Ace, une adolescente de 16 ans qui sort son chien. "Mes parents ont une voiture, parfois (les SDF) sont sur la voiture, tu sais pas s'ils vont la forcer et rentrer dedans...", dit-elle.

 

- Mémorial -

 

En attendant la garde nationale, "environ 850 agents" fédéraux ont été déployés dès lundi dans la ville et ont effectué 23 arrestations, a déclaré mardi Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche. "Ce n'est que le début", a-t-elle affirmé.

 

Ces policiers fédéraux vont s'intégrer avec les forces locales. "Vous allez voir davantage d'opérations" de police, a précisé Terry Cole, patron de l'anti-stup américaine (DEA) chargé par Donald Trump de piloter l'intervention fédérale sur la police de Washington.

 

"Ce n'est pas la bonne manière de faire", a répondu la maire démocrate, Muriel Bowser, forcée d'être accommodante par le statut spécial de sa ville, sous contrôle du Congrès. Patrouiller, "ce n'est pas ce que (les agents du FBI) savent faire", dit-elle.

 

"Nous n'avons pas assez de patrouilles de police", dit justement Tom, qui habite à deux pas du lieu des tirs de lundi. En discutant avec l'AFP sur le trottoir, il mentionne un homme qui passe à vélo -- les gens comme lui "ont de la drogue avec eux" -- et fait remarquer les effluves de cannabis.

 

Lui aussi dénonce "l'approche draconienne" de Donald Trump. "Ca va sans doute ne rien changer", dit-il.

 

Sur le trottoir d'en face, un petit mémorial est installé. Un arbre est enveloppé du portrait imprimé d'un jeune homme noir, des fleurs en plastique à son pied. Turell Delonte, 30 ans, a été tué là par la police en 2023, suspecté de trafic de drogue. [AFP]

 



Source : https://www.impact.sn/A-Washington-des-habitants-l...