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ABDOU FALL 2EME VICE-PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE:« Je ne crois pas aux échappées solitaires »

Le débat sur la succession du chef de l’Etat fait rage au sein de la classe politique en général et plus « férocement » au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) où il semble même se décliner en un processus de « déwadisation » au profit d’une « karimisation » du nom du conseiller spécial et non moins fils du président de la République, Karim Meïssa Wade à qui l’on prête l’intention de briguer les charges de son père. Se prononçant ici sur la question comme sur d’autres qui agitent sa formation et le pays, Abdou Fall député libéral et 2e Vice-président à l’Assemblée nationale, affirme ne croire « aux échappées solitaires », mais milite plutôt pour ce « que les Anglais appellent les « team leaders » (équipes leaders). Face à la crise, Abdou Fall dit qu’il faut se « parler » dans une perspective « d’unité et de vaste rassemblement, dans une démarche de salut national qui nous permet de faire face avec patriotisme et efficacité ». Entretien.


Rédigé par leral.net le Lundi 24 Novembre 2008 à 04:26 | | 1 commentaire(s)|

ABDOU FALL 2EME VICE-PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE:« Je ne crois pas aux échappées solitaires »
La réunion du comité directeur du Pds du jeudi 20 novembre a décidé la création d’un comité chargé de réorganiser le Pds, n’est-ce pas la même mission qui vous avez été confiée, il y a un an ? Est-ce à dire que vous êtes dessaisi de ce dossier ?

Il ne s’agit pas de la même chose. Le Président Wade m’avait demandé à l’époque, de l’assister dans ce qu’on pourrait appeler le projet de refonte du Pds, car il était question de réviser les statuts et de renouveler les structures du parti. Il était aussi question d’envisager de revoir le sigle dans le sens de marquer une plus nette volonté d’ouverture, de rassemblement et de changement. Il s’en est suivi un débat intéressant qui a suscité d’importantes contributions écrites de cadres et de militants du parti. D’aucuns d’ailleurs y voyaient les prémisses d’une « Union pour la Majorité Présidentielle » à la sénégalaise, idée que je partage par ailleurs. Ce projet avait naturellement ses soutiens et ses détracteurs. J’ai aujourd’hui l’impression qu’à l’arrivée, cette option d’aller dans le sens d’une refonte totale est abandonnée au profit d’une démarche de réorganisation classique et de réajustement. J’en prends acte et l’on verra ce que cela va donner. Je reste pour ma part convaincu que le débat reste à venir. Il est devant nous

Ah bon ! De quel débat s’agit-il ?

Le Pds est aujourd’hui confronté aux problèmes qu’ont connus tous les grands partis historiques, partis assis avant tout sur le charisme et le leadership d’un « père fondateur » et dont, en définitive, l’identité se confond avec celle du parti. Les Présidents Senghor et Wade ont été incontestablement les figures politiques contemporaines qui ont dominé l’espace politique de notre pays ; le Président Senghor ayant sur le Président Wade, l’avantage de s’être donné trente ans d’hégémonie au pouvoir, de la victoire du Bloc démocratique socialiste (Bds) en 1951 à son départ en 1980, pour ancrer son parti dans le pays et les institutions, ce qui lui a donné la possibilité que le Parti socialiste (Ps) lui survive au pouvoir, vingt ans après. Il faut rappeler, que c’est dans le cadre d’un régime d’exception, de parti unique de fait de 1963 à 1974, sans opposition légale, sans syndicats libres et sans presse libre, que Senghor a pu réussir un tel projet.

Évoluant dans un environnement politique, économique et social aussi différent et aussi complexe que celui que nous connaissons de nos jours, je pense que le débat sur le devenir du Pds au pouvoir, dépasse le cadre d’un groupe de travail pour appeler une prise en main à un niveau plus élevée.

Après la théorie de la massification de Idrissa Seck en vogue au début de l’alternance ayant entraîné la plus grande transhumance politique jamais observée auparavant dans notre histoire politique, assiste-t-on aujourd’hui dans votre parti au mouvement contraire, notamment avec l’exclusion du même Idrissa Seck et de ses 13 députés, la démission de Macky Sall, la grève de zèle de Aminata Tall, pour ne citer que ceux-là ?

Il est effectivement remarquable, que depuis l’avènement du régime de l’Alternance, aucune des crises politiques majeures que nous avons traversées n’a découlé d’une confrontation avec l’opposition, mais plutôt, de luttes intestines sur fond de querelles de succession. En ce qui me concerne, si je suis en rupture avec les principaux acteurs de ces combats, en l’occurrence Idrissa Seck hier et Macky Sall aujourd’hui, c’est que je ne partage pas la perspective qui est la leur, de mettre en avant ce qu’on pourrait appeler leurs ambitions présidentielles. Je trouve une telle option prématurée, inopportune et inadaptée au contexte historique actuel. Je ne crois pas aux échappées solitaires. Je suis un partisan résolu de ce que les Anglais appellent les « team leaders » (équipes leaders). Ceci est valable pour eux, comme pour tout autre acteur politique nourrissant des ambitions de leadership sur le pays. La priorité à mon avis est à la consolidation des acquis de l’Alternance et à la mise en place d’un dispositif de relève capable de pérenniser le régime politique dont le Président Wade est le précurseur. Ce dernier a réussi, a mon avis, deux grandes missions historiques : Un- le leadership du mouvement ayant conduit à l’alternance politique en 2000, et deux : l’ouverture de perspectives claires d’émancipation et de développement pour notre pays et notre continent ; mais nous semblons peiner, jusque là, à créer les conditions optimales de mise en place d’une l’équipe de relève dans l’unité et la cohésion du fait, de mon point, de vue, de l’empressement dont font montre la plupart de ceux sur qui il a investi sa confiance pour piloter, à ses côtés, le projet de pérennisation de notre régime politique. Et ce débat de fond est incontournable aujourd’hui dans notre parti et au sein de la coalition hégémonique qui gouverne le Sénégal.

Est-ce à dire que vous réfutez l’émergence d’hommes ou de femmes présidentiables ?

Je ne dénie à personne le droit de nourrir des ambitions politiques, mais je n’en pense pas moins qu’aujourd’hui le débat sur les institutions, le type d’institutions à bâtir dans la perspective du Sénégal de demain, prime largement sur le débat autour des hommes. Je suis de ceux qui pensent que le Sénégal est mûr pour un débat sérieux sur le régime institutionnel. D’autre part, le monde d’aujourd’hui est traversé par des mutations et des crises extrêmement profondes au plan économique et sociales, crises qui soulèvent de grands questionnements sur lesquels même les grandes puissances peinent à trouver les réponses appropriées. Dans un tel environnement, la priorité pour des hommes politiques porteurs d’ambitions de leadership sur leur pays devrait plutôt consister à se faire distinguer par une capacité de formulation de réponses à ces grandes questions. En résumé : le débat sur le « que faire ? » prime, pour moi, sur celui du « qui faire ? ». Il n’est pas inutile de rappeler aux jeunes acteurs politiques qui nourrissent des ambitions présidentielles affirmées que la relève du Président Wade n’est pas une mince affaire. Il s’agira d’abord de succéder à Senghor, Diouf et Wade, trois figures emblématiques de notre histoire politique contemporaine. Il convient de noter d’autre part que le mouvement politique qui a porté le Président Wade au pouvoir en l’an 2000 a été le résultat d’un long processus historique engagé dans la période post-indépendance par de grands partis animés par des Leaders de très grande envergure dont les sacrifices sous l’empire du régime d’exception du Président Senghor ont constitué le socle sur lequel s’est appuyé le mouvement SOPI pour amener le candidat WADE à la tête du pays ; et c’est cet important legs historique incarné par des partis tels que le parti africain de l’indépendance (PAI) – avec Mahjmout DIOP, Mbaye NIANG et Seydou CISSOKHO, le Président Mamadou DIA et ses compagnons en 1962, le Parti du rassemblement africain (PRA SENEGAL) – avec Abdoulaye LY, Amadou Moctar MBOW, Assane SECK, le Bloc des masses sénégalaises (BMS), le Front national sénégalais (FNS), et le Rassemblement national démocratique (RND) du Pr. Cheikh Anta DIOP, ce sont ces grandes formations politiques, ces formations-pépinières, qui ont donné naissance à la génération de leaders et d’organisations politiques et démocratiques que le Président Wade a su fédérer avec brio entre 1974 et 2000 pour faire basculer le Sénégal dans le camp du changement. Les hommes et femmes qui pourront valablement et durablement remplacer le Président Wade le jour où il décidera de se retirer de la scène politique seront ceux-là mêmes capables, comme lui, d’avoir une conscience claire de l’enjeu que représente ce legs. C’est pourquoi j’encouragerai plutôt nos nouveaux leaders à moins de prétention, à plus d’humilité et à moins d’empressement. La direction du Sénégal n’est pas une affaire simple.

Pourtant on assiste à l’émergence de groupes organisés de « pro » Idy, Macky, Fada, Aminata ; et la Génération du concret, pour corser le tout, qui se développe sur les flancs du Pds. Cette situation n’est-elle pas grosse d’une implosion ?

Nous faisons face à deux phénomènes apparemment contradictoires. D’une part, une massification remarquable du parti et d’autre part, une forte tendance à la fragmentation. Je considère qu’un des enjeux majeurs du débat sur la « refonte » du parti est précisément l’occasion qui devait nous être donnée de travailler à mettre en place des mécanismes de gestion appropriés de ces groupes dans une démarche globale d’intégration et d’unification.

Depuis notre accession au pouvoir, on a mis en situation plusieurs acteurs à parcours et à identités très différents. A côté de ceux qu’on pourrait appeler les légitimistes historiques qui ont été des fidèles compagnons des années de braise, on note aujourd’hui l’arrivée massive de cadres issus de partis fusionnistes et de personnalités politiques venues des rangs du parti défait en 2000, parmi lesquelles des hommes et des femmes dépositaires d’un leadership affirmé. A ceux-làà, se sont ajouté ce que j’appelle les « administratifs » qui sont venus à la politique non à partir d’un parcours militant, mais à partir de postures dont ils ont eu à bénéficier au sein de l’appareil d’Etat. C’est cet ensemble constitué de très fortes personnalités qu’il faut intégrer et rassembler au sein d’un dispositif cohérent.

Ce que manifestement, nous peinons encore à réaliser. Il faut signaler par ailleurs, que depuis la réélection du Président Wade en 2007, l’attelage institutionnel semble marqué par un profond déséquilibre entre « administratifs » et politiques, au profit des premiers. Ce qui est source de frustrations qui, non contenues, peuvent être facteurs d’aggravation du malaise dans nos rangs. Ce sont là des questions majeures qui appellent des débats de fond. Dans un tel contexte, laisser s’installer cette logique de fragmentation peut en effet être source de grosses difficultés. Ceci m’inquiète d’autant plus que personne aujourd’hui, en dehors du Président Wade, n’a l’étoffe et le relief suffisants pour contenir et réguler le choc de ces différentes forces sur fond d’ambitions présidentialistes exacerbées.

N’êtes-vous pas en train de décrire le syndrome du parti socialiste d’avant alternance ?

La chance que nous avons d’échapper à ce syndrome, c’est précisément ce leadership fort du Président Wade sur ce parti dont il est le fondateur et le leader incontesté ; ce qui n’était pas le cas de Diouf qui avait hérité d’un parti dont il n’était pas le leader historique et qui a eu, tout le long des vingt années qu’il l’a dirigé, à souffrir d’un déficit de légitimité qui fondait la contestation des dirigeants de sa génération qui se prévalaient d’une légitimité politique antérieure à la sienne au sein du Ps , en l’occurrence Moustapha Niasse et Djibo Kâ, pour ne citer que ceux-là. C’est pourquoi, je souhaite ardemment que le président Wade prenne en main, personnellement, le projet de refondation du Pds pour l’asseoir sur des bases nouvelles autour d’une équipe représentative de l’ensemble des fortes sensibilités constitutives de son parti massifié en vue d’un rétablissement des équilibres entre ces différentes forces. Tout autre perspective me semblerait, dans les circonstances actuelles, pleine d’incertitudes.

Après l’éviction de Idrissa Seck et de Macky, et en définitive, la suppression du poste de numéro deux, après le remplacement de Aliou Sow par Keita réputé pro Karim, votre mouvement des femmes vient d’être traversé par une crise similaire : remplacer Awa Diop et Aminata Tall par d’autres femmes, se réclamant de la Génération du Concret. N’est-on pas en train d’assister à un processus de « déwadisation » au profit d’une « karimisation » qui ne dit pas son nom.

Les problèmes ne peuvent pas être posés en ces termes. L’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl) et le mouvement des femmes constituent des leviers stratégiques qui ont été des fers de lance du parti. Ils n’ont pas, non plus, échappé à la massification qu’a connue le Pds dans son ensemble et ils ont enregistré l’arrivée en scène d’un leadership de type nouveau qu’il faut intégrer et gérer de façon inclusive. L’erreur à ne pas commettre cependant est de brûler les étapes dans la distribution des rôles et des responsabilités. Un leadership politique fort se construit dans la durée. Ensuite un parti c’est aussi des figures et des symboles et enfin, comme disent les wolofs, « politik dou ascenseur, escalier la ». En l’état actuel des choses, un mouvement des femmes du Pds sans Aminata Tall et Awa Diop, c’est un peu pour moi un Pds sans Abdoulaye Wade. Et ma conviction est que c’est autour de ce leadership fort que doit se construire le nouveau mouvement des femmes, mais dans une démarche novatrice qui adopterait et intègrerait les leaderships émergents constitués d’une nouvelle garde qui s’ affirme de plus en plus sur le terrain.

Actualité oblige. Le mandat du Président de l’Assemblée nationale a été réduit à un an. Macky Sall est parti. Les lois « Sada Ndiaye » n’ont-elles pas ouvert l’ère de la précarité de la fonction de Président de l’Assemblée nationale ?

Permettez-moi d’abord de féliciter le Président nouvellement élu de l’Assemblée Nationale. Je pense que le choix du parti porté sur la personne de notre frère Mamadou Seck a enregistré un accueil particulièrement favorable et à l’Assemblée, et dans l’opinion. L’ampleur du vote qui l’a élu (130 députés sur 133 votants) et les commentaires favorables de l’opinion attestent que le parti a fait un choix judicieux. Nous lui souhaitons très sincèrement réussite et succès. Il s’agit maintenant de se rassembler et de se mettre au travail.

Pour répondre à votre question, je dois vous dire que j’assume totalement l’ensemble des actes posés à l’Assemblée depuis l’éclatement de cette crise. Je reste convaincu que notre frère Macky Sall n’aurait pas dû s’engager dans cette épreuve de force. Je regrette qu’il n’ait pas suivi les conseils fraternels que je lui avais prodigués à l’époque, car s’il nous avait accordé une écoute, il nous aurait évité une crise et aurait sauvé ses relations avec le parti. Je reste convaincu que personne, dans notre camp, ne peut réussir demain une carrière présidentielle sans le soutien d’un Pds uni. Je respecte cependant ses choix du moment en espérant qu’il n’est jamais trop tard pour un homme politique avisé de revenir sur des positions erronées.

Pour répondre de façon plus précise à votre question, je dirai que nous étions placés dans une situation telle que ce que vous appelez les « lois Sada Ndiaye » constituaient le seul recours pour restaurer la sécurité et la crédibilité de notre parti. Un député est un ambassadeur du parti à l’Assemblée. Il est investi par le parti pour se mettre au service de la politique du parti en direction du pays. Un Président de l’Assemblée nationale est installé à travers une procédure politique de désignation par le parti, choix validé par vote des députés à l’Assemblée. Tout cela pour dire qu’en la matière, le parti et son chef sont les maîtres du jeu. A partir de là, lorsque le dépositaire de cette confiance du parti décide, une fois installé, de se réfugier derrière des arguments de légalité constitutionnelle pour opposer un refus d’obtempérer devant une décision de révocation, on fausse totalement les règles du jeu, ce qui est de nature à dérégler l’ensemble du système. On ne peut pas dire que les règles sont bonnes tant qu’elles nous servent et qu’elles deviennent mauvaises dès lors qu’elles cessent de servir nos intérêts. Il ne peut être question pour nous de subir passivement les conséquences d’une telle attitude. C’est le lieu de rappeler ici, qu’en la matière, des pays dont la culture démocratique est incontestable vont plus loin que nous dans l’encadrement, par le parti, du comportement des députés.

Par contre, en ce qui concerne ce que vous appelez la précarisation de la fonction de Président de l’Assemblée, je suis de ceux qui pensent que dès lors qu’on a introduit une disposition légale qui permet, à partir d’une pétition signée par 38 députés, de demander à l’Assemblée de démettre le Président ou un membre élu du Bureau, rien ne s’oppose à ce qu’on puisse, dans le cadre de la révision du règlement intérieur, envisager de revenir sur l’annualisation du mandat du Président de l’Assemblée Nationale, ce qui valable d’ailleurs pour le Président du Sénat.

Le pays est traversé par des crises diverses et multiformes au plan politique, économique et social. Pendant ce temps, les acteurs politiques se regardent en chien de faïence et se livrent une guerre sans merci qui les éloigne des préoccupations réelles des Sénégalais. Partagez-vous ce sentiment ? Pourquoi ne se parle-t-on pas ? Pourquoi le dialogue politique est-il bloqué ? Que faire pour le renouer ?

Ma position fondamentale est que face à ce qu’on pourrait appeler la première grande crise de la mondialisation qui s’est manifestée à travers la crise pétrolière, la crise alimentaire et la crise financière, un pays comme le Sénégal qui est placé depuis 2000 dans l’optique d’une politique volontariste de développement se retrouve dans une situation où tous les efforts entrepris pas l’Etat et tous les sacrifices consentis par le peuple risquent d’être anéantis à partir de facteurs exogènes qui sont, pour l’essentiel, le fait de spéculateurs tel que c‘est la cas avec la crise pétrolière et la crise financière. Le Président Wade a eu le mérite, qu’on le veuille ou non, d’avoir anticipé ces crises et d’avoir formulé des propositions de réponses avant qu’elles n’éclatent. Le Nepad, les Etats-Unis d’Afrique, la proposition de création de l’association des pays non producteurs de pétrole, les Apd comme alternative aux Ape, constituent autant de tentatives de réponses avant-gardistes et anticipatrices aux problèmes qui se posent aujourd’hui au monde et à nos pays. C’est pourquoi, je suis de ceux qui pensent que ces crises exogènes dont nous venons de faire état, sont assimilables à des agressions extérieures et doivent appeler des réactions d’unité et de vaste rassemblement, dans une démarche de salut national qui nous permet de faire face avec patriotisme et efficacité.

C’est pourquoi, personne ne pourra me placer dans une perspective autre qu’une perspective de dialogue et de rassemblement ; d’autant que, pour faire face à la crise, Démocrates et Républicains ont accepté de se mettre autour d’une table aux Etats-Unis. Une démarche similaire a été également empruntée en France et en Europe. C’est peut-être le moment, pour nous, de remettre au goût du jour le débat sur la majorité d’idées lancée à l’époque par le Président Wade.

Dans ce cas, pourquoi avez-vous rejeté l’invitation à participer aux Assises nationales ?

D’abord parce que ce qui est pompeusement appelé Assises nationales ne sont rien d’autre que les Assises d’une opposition défaite qui, au lieu d’avoir le courage de s’auto évaluer, a préféré prendre le parti de la facilité de la surenchère.

Mais les Assises ne regroupent pas que les partis d’opposition !

Je suis d’accord. Mais ceux qui y sont ne sont investis d’aucune légitimité pour parler au nom de la Nation. Ils ne peuvent parler qu’en leur nom propre ou au nom de leur organisation. La légitimité politique, on la tire du suffrage universel et c’est le Président Wade et sa coalition qui en sont dépositaires. Pour revenir à ce que je disais, le suffrage universel a tranché le débat aux élections présidentielles de 2007. Il est important de revenir sur les enseignements de cette élection, caractérisée par l’hégémonie du bloc libéral (Wade et Idrissa Seck rassemblent 73% des suffrages), la confirmation du rejet par le peuple de l’Ups/Ps dont les 3 candidats qui en sont issus, Tanor Dieng, Moustapha Niasse et Robert Sagna, rassemblent autour de 20% des voix, l’effondrement des partis marxistes traditionnels qui, tous réunis , Abdoulaye Bathily et Landing Savané font à peine 5% et enfin la quasi inexistence des candidats dits de la Société civile qui rassemblent 1% des suffrages.

Au regard d’une telle configuration politique, ceux qui se réclament d’une opposition significative ne disposent aujourd’hui d’aucune légitimité qui les autorise à parler au nom de la Nation. Je pense cependant qu’ils n’en sont pas moins des acteurs importants de la vie politique et sociale qui méritent d’être écoutés et consultés. De la même manière, je pense que nos sociétés fragilisées par la crise doivent évoluer vers la constitution de larges consensus, consensus négociés entre décideurs et acteurs politiques d’une part, avec les acteurs économiques et sociaux, et la société civile d’autre part. A titre indicatif, des consensus majeurs sur l’unité nationale, sur les institutions de la République, sur un pacte de paix sociale négociée peuvent constituer des pistes d’initiatives à explorer. Une bonne majorité d’idées autour de ces thèmes et sur d’autres peut constituer la base d’une pacification du champ politique et social au bénéfice du Sénégal. Pourquoi n’aurions-nous pas l’ambition de bâtir, tous ensemble, un modèle démocratique adapté à notre contexte, à nos ambitions pour notre pays et à notre génie propre ? Pourquoi les logiques de confrontation devraient-elles systématiquement prévaloir, entre nous, dans notre camp comme dans nos rapports avec l’opposition, sur les logiques de partenariat et de consensus ?

Je pense que ceux qui incitent à aller dans des directions autres que celles-ci n’ont aucune conscience claire du rôle et de la responsabilité du Président Wade dans les circonstances actuelles de notre pays et de notre continent ; car s’il est courant de distinguer les Présidents-Leader des Présidents-Arbitre, il s’impose à lui aujourd’hui d’être tout autant un Président-Leader qu’un Président-Arbitre. Qu’il me soit permis de nourrir le rêve de rassembler autour du Président WADE tous les Leaders de la Coalition alternance 2000 (CA 2000) et du Front pour l’alternance (FAL) de l’époque, en plus de nos alliés d’aujourd’hui pour, ensemble, remettre le métier à l’ouvrage au service exclusif du Sénégal et de l’Afrique.

Le président de la République a signé le décret d’un découpage administratif de la commune de Thiès en communes d’arrondissement. N’est-ce pas là une manière de vous faire la courte échelle pour vous faciliter la conquête de Thiès où vous peinez à vous faire une place ?

Pas du tout ! Sur Thiès, je suis parfaitement à l’aise. Il faut faire l’effort de se placer dans le contexte de l’époque où j’acceptais de m’y rendre pour en saisir les enjeux réels. J’ai accepté de m’y rendre en 2004, après le limogeage de Idrissa Seck. Celui-ci était le numéro 2 du régime, un maire, assis sur un budget de près de deux milliards et qui avait sous sa coupe l’écrasante majorité des élus locaux et l’ensemble des députés et conseillers de la République à l’exception des frères Abdoulaye Dramé et Talla Seck et qui enfin, s’était appuyé sur sa posture de Premier ministre pour revendiquer la paternité des investissements réalisés dans la commune à hauteur de 50 milliards.

C’est dans un tel contexte d’une ville verrouillée et « minée » que j’ai accepté volontairement de me rendre à Thiès pour porter haut, avec les quelques rares fidèles du parti en place, le drapeau du Pds. A cette époque, tous mes amis et parents s’interrogeaient sur les raisons de mon engagement considéré comme suicidaire. J’ai, malgré tout, assumé toutes mes responsabilités, y compris dans les risques que j’ai fait encourir à ma famille pour avoir essuyé à deux reprises des tentatives d’actes criminels, en mon domicile. Les auteurs ont été identifiés, arrêtés et condamnés à des peines fermes de prison.

C’est pour dire que sur cette question, je suis à l’aise politiquement et moralement. L’objectif que je poursuivais dans un tel environnement n’était pas de gagner, c’était impossible ; il était plutôt question de remettre le parti debout et d’y imposer un nouveau leadership qui met un terme à l’hégémonie de Idrissa Seck sur Thiès. Cet objectif, tous les Sénégalais de bonne foi, attestent que je l’ai largement atteint. Et c‘est au moment où il fallait consolider notre leadership pour envisager une politique rigoureuse de reconquête, qu’on a noté l’émergence d’acteurs de toutes sortes, se réclamant du parti pour revendiquer les premiers rôles.

Depuis lors, nous sommes dans cette situation de statu quo. Je suis, en tout cas, fier de tout ce qu’on a pu réaliser en compagnie des frères que j’ai trouvé sur place. Pour ce qui est de l’avenir, c’est le moment pour moi de préciser que tous ceux qui m’attendent sur le terrain des querelles de clochers risquent d’être particulièrement déçus car je n’ai aujourd’hui aucune prétention personnelle à quelque posture que ce soit.

Pour ce qui est du découpage, je considère qu’une grande ville comme Thiès avec une population de plus de 300.000 habitants, mérite, pour une plus grande efficacité dans sa gouvernance locale, une gestion de proximité telle que cela a été fait à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque.

EXERGUES

1/ D’aucuns d’ailleurs y voyaient les prémisses d’une « Union pour la Majorité Présidentielle » à la sénégalaise, idée que je partage par ailleurs

2/ la relève du Président Wade n’est pas une mince affaire. Il s’agira d’abord de succéder à Senghor, Diouf et Wade, trois figures emblématiques de notre histoire politique contemporaine

3/ Depuis l’avènement du régime de l’Alternance, aucune des crises politiques majeures que nous avons traversées n’ont découlé d’une confrontation avec l’opposition, mais plutôt, de luttes intestines sur fond de querelles de succession

4/ Ceux qui se réclament d’une opposition significative ne disposent aujourd’hui d’aucune légitimité qui les autorise à parler au nom de la Nation.

source sud quotidien

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1.Posté par salif fall le 24/11/2008 13:14 | Alerter
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Merci Abdou Fall d'avoir clairement dit la conception dont le Pds et se ténors ont, aujourd'hui, du député: " un député est un ambassadeur du parti à l'assemblée. Il est investi par le parti pour mettre au service politique du parti en direction du pays..." Bien, mais cette définition a été toujours combattu par votre leader Me Abdoulaye Wade lorsqu'il fut député en 1978-1983.
Bon, mais puisque vous êtes omnibulés par les délices du " Ngour" ou pouvoir, le peuple est devenu le cade de vos soucis. Alors, qui vivra, verra.

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