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ANICET EKANE, UNE VIE CONTRE LA PEUR

Rédigé par leral.net le Mardi 2 Décembre 2025 à 00:19 | | 0 commentaire(s)|

Militant clandestin, fondateur de parti, candidat à la présidentielle puis allié des opposants de nouvelle génération, il aura traversé un demi-siècle de vie politique avant de mourir en prison ce 1er décembre, privé de son matériel médical vital

(SenePlus) - C’est au Secrétariat d’État à la Défense (SED) de Yaoundé, lieu redouté du pouvoir, que s’est éteinte ce lundi 1er décembre 2025 l’une des voix les plus constantes de l’opposition camerounaise. Comme le rapporte Jeune Afrique dans un portrait publié ce jour même, Anicet Ekane, figure historique de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et fondateur du Manidem, est mort en détention, emportant avec lui une part de la mémoire des luttes démocratiques du pays.​

Selon les informations recueillies par Yves Plumey Bobo, l'opposant n'a pas survécu à ses conditions de détention après son arrestation le 24 octobre dernier. Souffrant d’une insuffisance respiratoire sévère, il aurait été privé de son matériel médical vital, notamment d’un extracteur d’oxygène, dès son arrivée dans les geôles du régime. Jeune Afrique précise que malgré les alertes répétées de ses avocats et un communiqué du Manidem le 21 novembre dénonçant le refus des autorités de restituer ses appareils, l'irréparable s'est produit.​

Cette fin tragique résonne avec les propos prophétiques rapportés par le magazine panafricain, qu'Anicet Ekane tenait pour défier la peur : « Nous sommes des cadavres : si vous me mettez dans un cercueil, ce n’est qu’une formalité. Ma sœur leur a même dit de prévoir quelques places à la morgue ». Pour ses proches, cités par l'hebdomadaire, sa mort n'est pas un accident mais l'aboutissement d'un « cynisme d’État ».​

Le destin politique d'Anicet Ekane s'est scellé très tôt. Comme le rappelle l'article de JA, c'est en assistant adolescent à l'exécution publique d'Ernest Ouandié le 15 janvier 1971 à Bafoussam que sa vocation est née. De ses études à Lille à son retour au Cameroun, il embrasse la clandestinité, subissant la prison dès 1990.​

Infatigable militant, il a traversé toutes les époques : de la création du Manidem à ses candidatures présidentielles, jusqu'à ce dernier engagement aux côtés d'Issa Tchiroma Bakary pour la présidentielle de 2025. Lors d'une rencontre avec Yves Plumey Bobo en juin dernier, il avait confié son objectif ultime : « Il faut tourner définitivement la page Biya », ajoutant : « Je veux juste que le Cameroun arrête de sombrer ».​

Aux yeux de Yaoundé, Anicet Ekane restait une menace. Jeune Afrique analyse son arrestation pour « activités subversives » comme une « neutralisation préventive » visant à empêcher la structuration d'une contestation radicale. Les autorités redoutaient sa capacité de mobilisation, le voyant comme un « catalyseur de rupture ».​

Dans les colonnes du média, l'avocat Akere Muna lui rend hommage : « Anicet Ekane a vu la terre promise d’un Cameroun libre [...]. Il n’a pas pu y entrer avec nous ». Alors que le gouvernement affirme qu'il a été pris en charge « de manière appropriée », cette disparition laisse l'opposition orpheline d'un pilier historique.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/international/anicet-ekan...