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Abdallah Dramé : Une vie brisée par la négligence médicale au Sénégal

Le 7 juin 2025, jour de la Tabaski, un jeune homme du nom d’Abdallah Dramé a été victime d’un terrible accident de la circulation. Ce jour-là, alors qu’il circulait à moto, il a été percuté par une voiture qui a pris la fuite. Allongé au sol, grièvement blessé, une seconde voiture l’a traîné sur plusieurs mètres, aggravant ses blessures.


Rédigé par leral.net le Lundi 16 Juin 2025 à 17:37 | | 0 commentaire(s)|

Abdallah Dramé : Une vie brisée par la négligence médicale au Sénégal
Il souffrait de multiples fractures : clavicule, hanche, cheville… mais c’est surtout le goudron brûlant qui a ravagé sa peau sur une grande partie du corps. Conscient de son état, Abdallah a lui-même demandé à être transporté à l’hôpital Principal de Dakar, croyant y recevoir des soins de qualité. Mais c’est là que son cauchemar a réellement commencé.

Quatre jours de supplice

Durant quatre jours, Abdallah est resté allongé, sans prise en charge chirurgicale. Aucun médecin pour le traiter : tous étaient en congé pour la Tabaski et la Pentecôte. Aucune rotation, aucun plan d’urgence. Le personnel infirmier, dépassé ou indifférent, s’est contenté de lui administrer des antidouleurs, sans oxygène, sans intervention.

Sa sœur, alertée par téléphone, a dû supplier pour qu’on lui vienne en aide. La réponse glaçante du personnel a été : “Yenagui niouy beug sonal ak Abdallah Dramé, barina caprices ( Ndlr: Vous commencez à nous fatiguer avec Abdallah Dramé, il est trop capricieux”).

Une agonie ignorée

Malgré ses cris de douleur, ses appels à l’aide répétés, les jours ont passé. Les infirmières ont commencé à l’ignorer, allant jusqu’à dire : “Iow dangua commencer bari diambat torop (Ndlr : Tu es trop agité, on ne peut pas te satisfaire)".

Le 14 juin, sa respiration devient difficile. Il manque d’oxygène, la douleur devient insupportable. Encore une fois, personne ne répond à ses appels. Sa mère arrive à temps pour constater son thorax gonflé. Au lieu d’une réponse médicale, elle se voit rétorquer froidement : “Sa visite diekhna, 3 min nga amone droit (Ndlr: Votre visite est terminée, vous n’aviez droit qu'à 3 minutes)".

Quelques instants plus tard, poussée par son instinct, elle retourne voir son fils et ne le retrouve plus dans son lit. On lui annonce alors qu’il a fait un arrêt cardiaque :“Togual nga dale, Yallah defna li gueun si mom (“Assieds-toi, ressaisis-toi, Dieu a fait ce qu’il y avait de mieux pour lui).

Une mort évitable

Abdallah est mort en demandant de l’aide, en suppliant d’être soigné dans un hôpital censé sauver des vies. Sa mort n’est ni une erreur ni un oubli : c’est de la négligence grave, inhumaine et inacceptable.

Justice réclamée

La famille de la victime demande justice, pas vengeance. Elle appelle à une mobilisation nationale et internationale, pour que plus jamais une telle tragédie ne se reproduise.

Ousseynou Wade