Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, en réaction à ces attaques et d’autres provenant le plus souvent de personnes se disant appartenir à la société civile, avait demandé à ses pourfendeurs de prendre leurs responsabilités en descendant sur le terrain politique, au lieu de se cacher derrière la société civile pour l’attaquer. Presque dix ans après, le temps semble avoir donné raison à Me Abdoulaye Wade. Beaucoup de membres se réclamant de la société civile se sont retrouvés au gré des évènements dans l’arène politique, en briguant même le suffrage des Sénégalais. Alors que le rôle de la société civile n’est pas de conquérir le pouvoir. La société civile se définit par opposition à la société politique. Dans la société politique, les relations entre individus sont essentiellement organisées en vue de la conquête, de l'exercice ou de la conservation du pouvoir d'Etat. La société civile se définit comme un ensemble d'organisations apolitiques dont les objectifs visent diversement, à l'amélioration des conditions matérielles et morales, de toute ou d'une partie de la société d'un pays, d'une région ou d'un continent. Il s'agit de toute organisation autonome de l'Etat. Elle joue un rôle important dans le renforcement du processus démocratique. Elle développe un esprit unitaire autour d'objectifs communs partagés par de nombreux syndicats. Ces objectifs sont ceux relatifs aux droits de l'homme, à la liberté de la presse, à la consolidation de la démocratie. Aux Etats-Unis, la société est très dynamique. Elle joue un rôle important dans l’éveil des consciences, dans l’éducation, la sensibilisation des masses et du citoyen. Le 10 septembre, en Floride, quand le pasteur américain Terry Jones avait menacé de brûler un exemplaire du Coran, à la veille de l’anniversaire du 11 Septembre, le Président Barack Obama est intervenu pour l’en dissuader. Le religieux est revenu sur sa décision. Mais un an plus tard, il récidive, en mettant à exécution sa menace. Malgré la levée de boucliers qui s’en est suivie dans le monde arabe et musulman, le Président américain, malheureusement, n’y pouvait rien. Car, contrairement à certains pays européens, aux Etats-Unis, il n’y pas de loi contre les discours à la haine. Même étant le Président des Etats-Unis d’Amérique, il ne pouvait faire adopter de loi contre le discours à la haine. C’est pourquoi aux Usa, c’est à la société civile, dans de pareilles situations, de prendre son bâton de pèlerin pour encourager les échanges entre les religions, entre les différentes races et les différentes cultures pour bannir la haine dans le cœur des hommes. Parce que les sources de la haine sont l’ignorance et la peur. Au Sénégal, des organisations comme «Y en à Marre», la Raddho (la Rencontre africaine des droits de l’Homme), le Forum civil, Amnesty Sénégal, le M23 ne devraient pas se tromper de mission. Ces mouvements citoyens et leurs dirigeants ne doivent pas tomber dans la quête du gain facile, en s’alliant avec le pouvoir pour des intérêts crypto-personnels. Ou prendre des raccourcis l’a fait Abdou Latif Coulibaly, sous le manteau de la société civile (en se réclamant comme une personnalité de la société civile avec, à la clef, une candidature éclair de Benno Alternative 2012), pour se retrouver aujourd’hui dans le saint des saints, comme ministre de la Bonne gouvernance, porte-parole du président du gouvernement et membre de la prairie beige, l’Alliance pour la République, le parti du Président Macky Sall. Par ces agissements et son comportement, Abdou Latif Coulibaly s’est servi de la société civile comme escalier pour enjamber les marches qui mènent au pouvoir. A ce titre, dix ans après avoir traité Wade d’opposant au pouvoir qui a piégé l’alternance, Latif Coulibaly connaît un effet de miroir. Aujourd’hui, on lui retourne sa formule : «Abdou Latif Coulibaly : un journaliste au gouvernement, la société civile piégée.»
HAROUNA FALL
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