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Affaire Omar Lamine Badji, Marché nébuleux, corruption, le Général Fall et son réseaux : Les terribles révélations du Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw

Affaire Omar Lamine Badji, marché nébuleux, corruption, montages, manipulation de la plus haute autorité de l’Etat, détournement et même banditisme, le Colonel Abdoulaye Ndaw, ancien commandant en second de la Gendarmerie nationale, fait de graves révélations sur la manière dont ce fleuron de la Sécurité fonctionne. L’essentiel des accusations est contenu dans le Tome 2 "la mise à mort d’un officier" de l’ouvrage "Pour l’honneur de la Gendarmerie Sénégalaise". Sur 251 pages, Abdoulaye Aziz Ndaw instruit le procès de la haute hiérarchie des hommes en bleu.


Rédigé par leral.net le Lundi 14 Juillet 2014 à 11:12 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Omar Lamine Badji, Marché nébuleux, corruption, le Général Fall et son réseaux : Les terribles révélations du Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw
Le 30 décembre 2006, l’ancien Président du Conseil régional de Dakar, Omar Lamine Badji, est assassiné à son domicile, à Sindia, son village natal, Abdoulaye Aziz Ndaw est à l’époque numéro deux de la Gendarmerie. Il explique comment le Colonel Meïssa Niang, à l’époque Commandant de la Légion Su, a été dessaisi de l’enquête, pour des raisons obscures, au profit de la Section de recherches de la Gendarmerie. "Le lendemain, je reçus un coup de fil très matinal du commandant de Légion Meïssa Niang. Il me rendait compte que le nommé Abba Diédhiou, principal suspect dans l’assassinat du Président du conseil régional de Ziguinchor, contre qui, la veille, ses agents avaient réuni des éléments graves et concordants de complicité de meurtre, était décédé dans les locaux de la Brigade ». Pour le Colonel Ndaw, "le Général mit tout son poids dans la balance et cette affaire était classée sans suite, et avec la thèse de l’accident", lit-on à la page 102 de l’ouvrage.

Tentative de corruption

C’est dans le chapitre 9 intitulé "Le carburant de la gendarmerie" que le Colonel Ndaw décortique ce qu’il assimile à un réseau organisé dans un mécanisme de fonctionnement, avec un ensemble d’acteurs liés par les intérêts communs. "Un jour, je fus convoqué dans le bureau du Général pour me faire présenter un Libanais du nom de Youssef Saleh, avec qui je devais travailler avec le Colonel Tine pour réaliser les véhicules prévus dans le plan d’équipement". A l’époque, le Colonel, qui assurait le commandement en second de la gendarmerie alors qu’on était en février 2005, révèle qu’il était question d’acquérir plus de 350 véhicules de tout gabarit ( Berlines, 4x4, camionnettes, motos et camions, sans oublier les engins spéciaux). Saleh, qui devait exécuter le marché à hauteur de 6 milliards, "voulut alors user des méthodes de persuasion en cours en proposant, aussi bien à moi qu’à Tine (Ndlr, Colonel) des moyens considérables. Il me proposa un appartement en plein centre de Dakar qu’il estima en valeur à deux cent cinquante millions de francs Cfa, dans un immeuble qu’il était en train de construire". Plus loin, le Colonel ajoute que l’homme d’affaires Saleh lui fit comprendre que "sa sœur (…) réglerait avec le Général, les modalités de sa participation". Ndaw écrit avoir repoussé toutes les propositions qui lui avaient été faites à l’époque et "Saleh fut éberlué" par cette posture.

L’homme d’affaires "proposa au Colonel Tine d’emblée une trentaine de millions de francs Cfa pour revoir certaines exigences du cahier ce charge. Le Colonel Tine refusa et m’en rendit compte", lit-on dans l’ouvrage. La suite, c’est qu’après cela, "Saleh promit de respecter à la lettre le cahier de charge…".

Frontex, carburant et corruption

D’autre scandales sont évoqués comme relatés au chapitre 10 intitulé Fontex où le Colonel Ndaw écrit : "Le Fontex a généré des millions, voire des milliards et je pense pas que le personnel, sous quelque forme que ce soit en ait profité comme il se devait". Et droit au but, dès la page 123 du Tome 1, il écrit : "Comme d’autres fonds des élections, ils ont été détournés de leur objectifs et de leur but par un Général véreux, corrompu, avec la complicité de son Cabinet et certains Officiers placés à des postes clefs pour assurer une prédation continue et sans faille, de toutes les ressources de la Gendarmerie". Comme un fil d’Ariane, la corruption, le détournement de fonds et d’objectif traversent le livre de bout en bout. "Le commandant Manga, révolté et gérant le carburant Frontex, détourna deux chèques d’une valeur de 7 millions de francs (…) pour régler des problèmes personnels (…) Son geste me dégoûta au plus haut point pour deux raisons dont la premier était la récidive : il avait détourné de l’argent en sa qualité de chef service Auto, en 2000. Je l’ai puni sans état d’âme (…). Il fut ainsi radié de la Gendarmerie pour faute grave… ", confesse l’officier gendarme.

Une affaire qui n’est que broutille par rapport au scandale décrit au chapitre 14 intitulés "Chantage". L’ex adjoint du Général Abdoulaye Fall évoque un marché de 1,7 milliard pour la dotation de véhicules qui, en toute bonne foi", selon l’auteur de "Pour l’honneur de la Gendarmerie Sénégalaise", peut s’estimer "entre trois et quatre cent millions de francs". Et le Général Fall d’écrire : "Le Trésor public venait de perdre, par cette opération, un milliard trois cent millions que les protagonistes de ce marché allaient se partager. Une affaire qui va par la suite mener très loin puisque les noms des Président Wade et Sall vont être cités…
A suivre...

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