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Afrique : Comment en est-on arrivé jusque-là ?

Rédigé par leral.net le Dimanche 19 Octobre 2025 à 15:43 | | 0 commentaire(s)|

Depuis 2020, l'Afrique est le théâtre d'une vague de coups d'État sans précédent. Cette instabilité frappe avant tout l'Afrique de l'Ouest et le centre du continent, bousculant les avancées démocratiques de la dernière décennie et remettant à l'ordre du jour la question de la gouvernance.
Comment en est-on arrivé jusque-là ? Pourquoi ? Tant de questions qui sont sans réponse évidente. Liste des coups d'État depuis 2020
Pays Date du coup d'État Président renversé Dirigeant militaire (...)

- LIBRE PROPOS /

Depuis 2020, l'Afrique est le théâtre d'une vague de coups d'État sans précédent. Cette instabilité frappe avant tout l'Afrique de l'Ouest et le centre du continent, bousculant les avancées démocratiques de la dernière décennie et remettant à l'ordre du jour la question de la gouvernance.

Comment en est-on arrivé jusque-là ? Pourquoi ? Tant de questions qui sont sans réponse évidente.
Liste des coups d'État depuis 2020

Pays Date du coup d'État Président renversé Dirigeant militaire ou transition

Mali 18 août 2020 Ibrahim Boubacar Keïta Assimi Goïta

Mali 24 mai 2021 Bah N'Daw Assimi Goïta

Guinée 5 septembre 2021 Alpha Condé Mamadi Doumbouya

Soudan 25 octobre 2021 Abdalla Hamdok (transition civile) Junte militaire

Tchad 20 avril 2021 Idriss Déby Mahamat Idriss Déby

Burkina Faso 24 janvier 2022 Roch Marc Christian Kaboré Paul-Henri Sandaogo Damiba

Burkina Faso 30 septembre 2022 Paul-Henri Sandaogo Damiba Ibrahim Traoré

Niger 26 juillet 2023 Mohamed Bazoum Abdourahamane Tiani

Gabon 30 août 2023 Ali Bongo Ondimba Brice Clotaire Oligui Nguema

Madagascar 14 octobre 2025 Andry Rajoelina Michel Randrianirina

Après chaque renversement de régime, les nouveaux pouvoirs ont souvent promis des réformes, des transitions inclusives et des élections. Dans la réalité, la reconstruction est lente et fragile :

Mali, Burkina Faso, Niger : mise en place de calendriers de transition, consultation de la société civile, mais orientation sécuritaire prioritaire et élections régulièrement repoussées. Les juins argumentent sur la nécessité de restaurer la sécurité face au djihadisme avant tout retour complet à la démocratie.
Guinée : engagement à réformer la Constitution et organiser un retour rapide à l'ordre constitutionnel ; avancées limitées par des doutes sur la sincérité du processus.
Tchad : forte centralisation du pouvoir après la mort d'Idriss Déby. Dialogue national annoncé mais ouverture du champ politique toujours contestée.
Gabon : ouverture du débat sur la transparence électorale et la lutte contre la corruption, mais la légitimité des nouvelles institutions reste sous surveillance.
Soudan et Madagascar : transitions chaotiques, pressions populaires et internationales pour retrouver une vraie stabilité institutionnelle.

Les progrès notables sont l'inclusion accumulée des acteurs civils dans certains dialogues nationaux, la promesse d'élections pluralistes, et quelques réformes institutionnelles annoncées. Cependant, la réussite de ces reconstructions dépendra de leur mise en œuvre effective et de la confiance qui pourra être rétablie entre États et citoyens.

Cependant, plusieurs facteurs majeurs alimentent cette instabilité politique ou encore sont à l'origine de ces prises de pouvoir par les militaires :

Corruption et dérives autoritaires : dans beaucoup de cas, les militaires justifient leur intervention par le discrédit des régimes, accusés de corruption massive, de manipulations électorales et de maintien au pouvoir par des révisions constitutionnelles contestées.

Défi sécuritaire : la montée du terrorisme et la dégradation de la sécurité dans le Sahel sont mises en avant, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, pour expliquer l'incapacité des civils à protéger les populations.

Faiblesse des institutions et frustrations populaires : le manque de confiance dans les processus politiques, la pauvreté persistante et le chômage alimentent la résignation ou, parfois, l'espoir d'un "changement salvateur" par la force.

La succession de coups d'État depuis 2020 met en lumière les fragilités structurelles de plusieurs pays africains. Si la reconstruction avance par étapes, les transitions restent sous le double signe du doute et de l'espoir.

Construire durablement la stabilité passera par des institutions fortes, la justice sociale, la restauration de la confiance démocratique et une vraie lutte contre l'impunité et la corruption, mais tout ceci aurait pu être évité si les chefs d'Etat auraient accompli leurs devoirs vis-à-vis des populations qui l'ont accordé leur confiance.

Fred KOUMBA



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...